TRIBUNE. La CPME Réunion mobilisée pour une année 2023 qui s’annonce difficile

TRIBUNE. La CPME Réunion mobilisée pour une année 2023 qui s’annonce difficile

Dans une tribune adressée à la rédaction d’Outremers360, la CPME Réunion et son président Gérard Lebon se disent mobilisés pour une année 2023 qui s’annonce difficile. Dressant un bilan « contrasté mais positif » de 2022, Gérard Lebon appelle notamment à la « mise en place d’un Fonds de consolidation régional (la Région avec la BPI) pouvant permettre de répondre aux besoins de financement de nos entreprises ».

Un chef d’entreprise se caractérise notamment par son optimisme et sa détermination. Deux vertus qu’il devra mobiliser en 2023 tant la situation économique et sociale semble incertaine. En effet, après une crise sanitaire aux effets persistants malgré la politique du « quoi qu’il en coûte » déployée par le Gouvernement, la guerre en Ukraine et l’inflation résultante avec notamment une flambée des coûts énergétiques, ont continué à ralentir la reprise économique.

Un bilan 2022 contrasté mais positif

Premier syndicat national interprofessionnel en nombre d’entreprises, la CPME Réunion représente près d’un millier d’entreprises directement ou par les syndicats de filières membres. Cette force nous permet d’être aux avant-postes pour accompagner, défendre et représenter les entreprises du territoire.

En 2022, les entreprises réunionnaises ont su une fois encore faire preuve de résilience et le bilan tant en termes de création d’emplois que de valeur ajoutée, reste positif. Au sortir de la crise sanitaire, elles ont su mobiliser des contrats courts dans une conjoncture économique incertaine, et ont ainsi généré une forte croissance de l’emploi : les embauches en missions d’intérim ou en CDD ont fortement augmenté.

Sous l’impulsion du Plan de relance et du Plan PETREL, les contrats d’apprentissage ont aussi permis de soutenir la dynamique de l’emploi, avec des recrutements plutôt cohérents avec les besoins en main-d’œuvre à venir dans chaque secteur. Ce dynamisme de l’emploi montre l’engagement de nos entrepreneurs pour une inclusion toujours plus grande des réunionnais.

Dans le cadre d’un dialogue social constructif, la CPME a animé avec les partenaires syndicaux des discussions pour une réforme des textes encadrant l’ouverture des commerces le dimanche. Nous sommes certains d’arriver à un texte consensuel en 2023.

Nous avons également participé à diverses réunions de travail avec les collectivités locales et l’État pour l’élaboration de projets de développement territoriaux comme par exemple, la SRDEII, stratégie « Nouvelle Économie » de la Région Réunion. Nous défendons une stratégie de développement durable à même de répondre aux besoins et potentialités de notre île. Grâce à la Stratégie du Bon Achat (SBA), les collectivités locales doivent rester des moteurs de croissance pour nos entreprises et le territoire.

Sans vouloir être exhaustif, notons enfin, les actions que nous avons menées avec l’ensemble des CPME de la France océanique (nos collègues des outre-mer) pour défendre tant à Paris qu’à Bruxelles, une vision de développement des outremers.

2023 s’annonce difficile mais la confiance perdure

Si nos entreprises ont été protégées du choc énergétique grâce à un tarif réglementé, elles souffrent de difficultés d’approvisionnement avec leurs fournisseurs. Les annonces d'arrêt de production en France et en Europe augurent une année 2023 particulièrement difficile pour nos petites entreprises. Notre mobilisation pour un meilleur ancrage territorial et une réindustrialisation de l’économie réunionnaise, restent plus que jamais d’actualité.

Loin d’être un repli sur soi, l’ancrage territorial d’une l’entreprise augmente son efficacité sur des marchés souvent plus larges ainsi que son engagement sociétal. L’entreprise ancrée localement s’inscrit dans des échanges de proximité qui lui ouvrent des opportunités pour innover, faire connaître et enrichir ses savoir-faire, nourrir de nouvelles alliances, valoriser ses collaborateurs. Et c’est souvent une étape vers une plus grande internationalisation pour certaines. 

Autre sujet de préoccupation en 2023 : la facturation électronique. Si les entreprises recourant à la commande publique y sont habituées, elle deviendra obligatoire pour les grandes entreprises en 2024. Nous allons nous mobiliser pour que nos TPE continuent à se faire payer sans contraintes trop grandes car le risque est que les grands groupes les obligent à passer plus vite que prévu à la facturation électronique. Nous serons vigilants.

Des entreprises en difficulté mais optimistes

Si le tsunami de défaillance d’entreprises n’a pas eu lieu, le nombre d’entreprises en difficulté ne cesse de croître. On observe un ralentissement du nombre de création d’entreprises, des fermetures volontaires sans passage par une procédure collective et un report des investissements. Pourtant, les besoins de financement sont plus importants alors que les résultats se dégradent et que les banques sont frileuses à accompagner nos entreprises.

Autre inquiétude : la CGSS et les Caisses de retraite qui n'assignaient plus depuis le Covid, ont repris leurs relances pour le paiement des dettes sociales.

Face à cette situation, nous renouvelons nos demandes à la mise en place d’un Fonds de consolidation régional (la Région avec la BPI) pouvant permettre de répondre aux besoins de financement de nos entreprises. Il faut consolider nos fonds propres, permettre des investissements de relance, accorder des avances sur subventions et garantir l’endettement de nos entreprises.

Pour conclure, nous souhaitons rappeler que pour la CPME, quel que soit l'engagement sociétal d’un chef d’entreprise, il ne peut recruter, augmenter ses salariés, les former que s’il a de l'activité. Nos chefs d'entreprise ne sont pas des chasseurs de primes qui recrutent pour toucher des subventions mais des créateurs de richesses et de valeur ajouté qui recrutent des collaborateurs pour faire grandir leur entreprise, leur territoire. A nos yeux, il importe de continuer à soutenir l’activité et d’améliorer l’employabilité des personnes, le Savoir-être et la formation tout au long de la vie. Car le meilleur moyen de générer du pouvoir d’achat aux Réunionnais est de leur proposer de bonnes conditions de travail avec un salaire décent. Notamment pour les seniors dont la situation se révèle de plus en plus difficile avec les réformes de la retraite et de l’assurance chômage.

Dans l’année qui vient, la CPME restera plus que jamais aux côtés des chefs d’entreprise, pour leur apporter une écoute et un accompagnement efficace.

Gérard Lebon, Président de la CPME Réunion