REPORTAGE. « Zerbaz Lontan » : Un pan de la culture réunionnaise

REPORTAGE. « Zerbaz Lontan » : Un pan de la culture réunionnaise

La Vagabonde des îles Auriana Annonay nous emmène à la rencontre de Franswa Tibère, un tisaneur de La Réunion et fin connaisseur des plantes médicinales de l’île. « Il s’agit de notre tradition, notre histoire, notre mémoire, les « zerbaz » font partie intégrante de notre culture », confie-t-il. 

Si le métier de tisaneur semble connu et reconnu de la population réunionnaise, pour autant, il ne l’est pas des pouvoirs publics et de l’administration. Autrefois, guérir par les plantes était assimilé à des sciences occultes par certains, alors pour Franswa Tibère, il est important « de penser aux ancêtres qui ont subi les incompréhensions des autres peuples, et qui ont continué à apprendre et à transmettre. Leur mémoire doit être honorée car sans eux, on ne serait pas là pour connaître tout ça et continuer ce travail. Il s’agit de notre tradition, notre histoire, notre mémoire, les « zerbaz » font partie intégrante de notre culture ».

Franswa a grandi dans les hauts de Saint-Paul dans les années 60, entouré de plantes, et plus particulièrement de Géranium. Du battant des lames au sommet des montagnes, il en maîtrise chaque herbe médicinale, où qu’elle se cache, tant dans les ravines que dans les sentiers. Le Guillaume, Petite France, Bellemène, Bois-Rouge, des quartiers qui n’ont aucun secret pour lui, et puis avec les tisanes, c’est toute La Réunion qu’il a sillonnée, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud.

S’il a commencé à s’intéresser aux  » Zerbaz », c’est parce que lui-même était malade et avait des difficultés à se débarrasser de ses maux grâce à la médecine classique : des allergies persistantes qu’aucun médicament ne parvenait à traiter. Le soulagement est intervenu quand il a commencé à se soigner par un mélange de plantes, et c‘est toujours le cas aujourd’hui.

C’est aussi une rencontre qui a tout changé, un 2 novembre dans un cimetière du Guillaume, le futur tisaneur a fait la connaissance de celui qui est devenu son mentor et père spirituel. Après avoir échangé quelques mots avec le « gramoune », Monsieur Mara, lui a donné rendez-vous chez lui à Bellemène pour traiter ses soucis de santé. C’est ce monsieur qui lui a tout appris des tisanes pendant 15 à 20 ans, et qui lui a donné envie de mener une existence plus proche de la nature, il lui a également transmis le goût de planter et reboiser sa terre. Un compagnon de vie avec lequel il a eu l’occasion de soigner des milliers de personnes avec les plantes pendant l’épidémie de Chikungunya.

Selon François, être tisaneur ne se limite pas à administrer des plantes à une personne souffrante, il faut avant tout comprendre ce qui a créé les conditions de la maladie, l’histoire du patient. Parfois de simples mots suffisent à débloquer une situation. Il faut connaître les plantes certes, mais il y aurait une part de connexion mystique derrière ce don accordé à un moment clé de la vie.

Pour ceux qui sont dans cette démarche de bien-être à travers la nature et ce qu’elle nous offre, pas besoin de beaucoup d’espace pour s’aménager une petite pépinière : Jacquier, Bois de fer, Bois de pêche marron, Ambaville, Fleur jaune, Café marron, Anis, Bois de rongue, Marjolaine, Artemisia Vulgaris, herbe à bouc, Citronnelle, Verveine, plants de menthe, Geranium, Mûrier, Bibassier, Plantain etc…, sur un petit carré d’1 mètre, on peut facilement retrouver 20 à 30 variétés de plantes, c’est le cas dans sa Tizanerie du Guillaume.

Le Saint-Paulois a suffisamment planté pour être autonome en ce qui concerne la production de tisanes, et n’a que rarement besoin de partir à la recherche des ingrédients nécessaires à ses préparations.

Franswa accueille sur rdv au Guillaume, dans l’enceinte de sa tisanerie, ou librement le samedi matin sur le marché de Saint-Pierre et le dimanche matin sur le marché du théâtre à Saint-Gilles, il se fera un plaisir de vous recevoir.

Auriana Annonay, Vagabonde des îles.

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