« Plus de sécurité et d'autorité», l'appel des maires mahorais à Paris face à l'insécurité sur l'île

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« Plus de sécurité et d'autorité», l'appel des maires mahorais à Paris face à l'insécurité sur l'île

Une délégation de 11 maires de Mayotte est actuellement à Paris pour faire entendre leur voix contre la montée de l'insécurité dans le territoire. Emmenés par le président de l'Association des Maires de Mayotte Madi Madi Souf, les édiles de l'île appellent l'Etat à « assurer sa mission régalienne » à Mayotte lors d'une conférence de presse dans les locaux de l'AMF, en présence du président de l'AMF, David Lisnard.

 

« Nous sommes venus sur place pour faire entendre ce message très fort. Nous sommes ici pour dénoncer la violence et l'insécurité hors normes que nous vivons au quotidien. Mayotte est un département français mais il est devenu un territoire de peur, de traumatisme, et de deuil» a souligné Madi Madi Souf, président de l'Association des Maires de Mayotte lors d'une conférence de presse à l'Association des maires de France. « Des réponses existent mais pour les mettre en place, il faut une volonté politique. C'est cette volonté que nous sommes venus chercher ici à Paris», poursuit Madi Madi Souf.

En présence des députés Mansour Kamardine et Estelle Youssouffa, les élus mahorais ont dénoncé un climat de peur, d'inquiétude constant. « L'insécurité est telle que chaque jour nous avons peur pour nos enfants. Nous avons peur pour les enseignants, nous avons peur pour les conducteurs de bus scolaires, nous avons peur des caillassages de véhicules à la nuit tombée et des incendies criminels» témoigne le président de l'association des maires de Mayotte.

Pour Mohamed Bacar, maire de Tsingoni a dénoncé de son côté le manque de moyens sur les plans judiciaire et policier. « Toutes les mesures déployées par l'Etat n'ont pas porté leurs fruits. L'absence de moyens au niveau de la justice est criante. Mayotte doit disposer de moyens judiciaires à la hauteur des interpellations, augmenter les comparutions immédiates. Les Mahorais nous attendent avec des réponses fermes sur l'insécurité».

Soumaila Ambdilwahédou, Maire de Mamoudzou indique que « nous ne voulons pas qu'à Mayotte, la violence devienne la norme. Nous voulons que la mission régalienne de l'Etat soit pleinement assumée». « A situation inédite, mesure inédite ! Nous souhaitons que les bandes organisées soient mises hors d'état de nuire. Il appartient à l'Etat, garant de la sécurité, de prendre toutes les mesures en leur possession. La population de Mayotte nous a demandé de venir ici pour réclamer que la sécurité de Mayotte soit garantie matin, midi et soir», a-t-il ajouté.

La délégation de maires de Mayotte attend des réponses fortes et concrètes. « La justice doit être aussi des moyens lui permettant d'affirmer son autorité et de faire cesser l'impunité qui règne aujourd'hui. Il faut concrétiser l'annonce faite par le Garde des Sceaux de créer un 2ème centre pénitentiaire. Il faut aussi concrétiser les annonces d'un centre éducatif fermé et d'une cité judiciaire. Il faut aussi que Mayotte ait sa propre Cour d'appel pour concevoir et mettre en oeuvre une politique pénale capable de réprimer avec sévérité les délinquants et restaurer l'autorité judiciaire».

En visite en août, le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin avait promis des renforts de gendarmerie, qui devraient être disponibles l'été prochain, et évoqué des propositions à venir pour ouvrir «des lieux de rééducation et de redressement » pour les mineurs délinquants, encadrés par des militaires.

 « L'Association des maires de France a fait du combat des élus de Mayotte, son combat. Quand vous entendez que 52% de la population est étrangère, quand vous entendez que les parents qui envoient leurs enfants à l'école s'inquiètent, c'est une situation de paroxysme d'extreme violence, c'est une tendance que l'on retrouve dans toutes les zones rurales de France. Face à cela, nous sommes attachés à l'autorité de l'Etat. Nous sommes dans une époque où il n'y a jamais eu autant de dépenses publiques, et pourtant la justice et le régalien sont défaillants . Ce n'est pas seulement une question de moyens mais d'organisations, de refonte du droit, de volonté».

« Sécurité, autorité, solidarité, voilà l'appel républicain que nous lançons» a conclu Madi Madi Souf. La délégation des maires de Mayotte seront reçus par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale. Ils  s'entretiendront aussi avec les ministres de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin, le ministre délégué aux outre-mer Jean-François Carenco.