Le « soutien » à venir annoncé par le gouvernement français à sa base navale de Mayotte, archipel français de l'océan Indien, « n'est pas la réponse appropriée » et « risque d'exacerber les tensions déjà élevées », ont réagi vendredi les Comores voisines.
[Cet article a été mis à jour le 15 mars à 19h30]
« A mon sens, décider de militariser à outrance Mayotte n'est pas la réponse appropriée », a déclaré vendredi le ministre comorien de l'Intérieur Fakridine Mahamoud. « C'est une réponse qui va à contre-sens de l'histoire de notre continent, l'Afrique, et qui risque d'exacerber les tensions déjà élevées dans l'île », a-t-il ajouté.
Mayotte est un département français dont la souveraineté est toujours revendiquée par les Comores. Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a évoqué un « soutien à l'idée d'une base navale militaire » de Dzaoudzi ainsi qu'un « soutien des bâtiments de la Marine nationale » mercredi à l'Assemblée nationale à Paris dans le cadre de la prochaine loi de programmation pour la refondation de Mayotte.
Alors qu'il était interrogé par la Commission de la Défense, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa lui a demandé s'il serait prévu dans cette loi la « construction d'une base militaire navale dans le nord de Mayotte pour protéger (la) frontière » ainsi que la « construction du commandement de gendarmerie en Grande-Terre ».
« Que ce soit sur l'idée de soutien de la base navale afin de garantir la surveillance permanente de l'approche du territoire et assurer le soutien des bâtiments de la Marine nationale, comme sur le commandement de la gendarmerie, oui ces éléments seront dans la loi », a répondu Manuel Valls. « Le ministre n'a pas évoqué la création d'une nouvelle base navale à Mayotte », a précisé son entourage à l'AFP.
Le détachement de Légion étrangère de Mayotte (DLEM) compte environ 300 hommes, selon des chiffres publiés sur le site de la préfecture de Mayotte. Tandis que la Marine nationale y disposait avant le passage en décembre du cyclone Chido de deux vedettes, un intercepteur et deux navires logistiques attachés à la base navale de Dzaoudzi, d'après le ministère de la Défense.
Mayotte a été dévastée par le passage le 14 décembre du cyclone Chido, qui a provoqué la mort d'au moins 40 personnes dans l'archipel. Le bras de mer séparant les Comores de Mayotte, devenu un département français en 2011, est une route migratoire aussi empruntée que meurtrière. Le régime de Moroni est accusé de maintenir une pression migratoire sur Mayotte. Un rapport sénatorial estimait que de 1995 à 2012, entre 7 000 et 12 000 personnes étaient mortes ou disparues dans une tentative de traversée.
En 1974, lors du référendum d’indépendance, Mayotte, française deux générations avant Grande Comores, Mohéli et Anjouan pour se protéger des conflits entre ces quatre îles, avait choisi de rester au sein de la République française. Un choix confirmé par un second référendum en 1974, mais contesté par les Comores.
Avec AFP