Ouf ! L’hexagone a échappé pour le moment à un confinement redouté.
En Outre-mer, des mesures drastiques ont été mises en place pour tenter d’éviter toute propagation des variants du Covid.
Du coup, les territoires des Outre-mer se retrouvent dans une situation compliquée voire dramatique : au moment où une reprise de l’activité touristique commençait à s’amorcer, la mise en place de « septaine » ajoutée à une obligation de déplacement aux « motifs impérieux » a provoqué une avalanche d’annulations. Même la Polynésie qui faisait exception avec le tourisme dans les motifs impérieux, doit désormais faire face à cette règle.
La situation la plus angoissante est Mayotte où sur le plan sanitaire les flux sont tendus. La crise sanitaire touche toute la région. Aussi, malgré la suspension des vols internationaux et le renforcement du contrôle des frontières par la préfecture de Mayotte, rien ne semble arrêter les candidats à l’immigration irrégulière, qui sont toujours plus nombreux et qui veulent gagner Mayotte, par tous les moyens.
À la crise s’ajoute une autre crise : un climat de violence de plus en plus meurtrier, qui semble échapper à tout contrôle.
Depuis plus d’une semaine, des jeunes créent la panique sur un territoire qui semble déserté par les forces de l’ordre.
La semaine dernière, stupéfaction, effarement, effroi général : 3 morts en 3 jours en Petite Terre …un territoire de 11 km2 !!! Surtout quand on connaît le nombre de fonctionnaires de police et de militaires se trouvant sur le territoire en question (Centre d’écoute militaire des Badamiers, composante du réseau Frenchelon, détachement de la Légion étrangère, Gendarmie, Gendarmerie maritime, PAF, base navale) !
L’adoption du statut de départementalisation dont on devrait fêter les 10 ans cette année et l’arrivée d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République avaient suscité quelques espoirs. Espoirs fondés sur le côté transgressif d’un jeune Président qui semble vouloir affirmer la totalité de l’Histoire de France. Une Histoire qu’il semble vouloir écrire avec tous ceux qui l’ont construite.
Il avait affirmé cette logique lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie, en traçant et surlignant l’axe Indo-Pacifique.
Lire aussi : Mayotte : Entre crise sanitaire et insécurité, Sébastien Lecornu souhaite « régler les problèmes structurels »
À Mayotte, la classe politique trépigne : les appels au secours répétés et angoissés des élus mahorais illustrent cruellement ce sentiment de détresse. Attention également à ne pas frustrer ces jeunes qui, au cours des dernières années, sont partis faire des études dans l’Hexagone, mais aussi dans les Pays anglo-saxons où ils se sont familiarisés avec l’économie. Ces jeunes sont revenus à Mayotte avec l’espoir et surtout la volonté de casser les vieux codes : « l’économie aux Mzungus (blancs, ndlr), la politique aux Mahorais ».
Toute cette jeunesse veut, exige d’occuper la totalité de l’espace politique, mais également économique sans chasse réservée. Toute cette génération, il faut y faire attention ! Elle a faim et a soif de participer à toute la vie de l’ensemble de leur territoire.
Problème sanitaire aigu et problème sécuritaire extrême qui masquent en réalité une vraie guerre souterraine de territoires. La République doit y mettre le holà !
Comme il l’a fait pour la Nouvelle-Calédonie en allant discuter avec les acteurs du Territoire, comme il l’a fait à la Martinique notamment dans le Nord Caraïbe, le Ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu sera attentif à l’opportunité qui sera offerte cette semaine avec la réunion bipartite Comores-France entre le ministre Jean-Yves Le Drian et son homologue.
Dans cet esprit, il a prévu d’associer les élus mahorais en amont de cette réunion pour tenir compte de leur proposition et pour porter leurs revendications dans ce dossier.
Lire aussi : Mayotte : Deux pelotons de gendarmes mobiles et 10 enquêteurs envoyés en renfort
Cette réunion dite, Conférence de Haut Niveau se tiendra le 8 février entre le Ministre des Affaires Étrangères Jean Yves Le Drian et son homologue comorien. Espérons que les sujets régaliens ne seront pas esquivés et que le Ministère des Affaires Étrangères aura à cœur de défendre vraiment la souveraineté de la France à Mayotte, tous les droits de Mayotte, autrement dit la souveraineté française.
D’autant que l’on assiste maintenant à une véritable unanimité des responsables politiques sur le fait qu’il faille assumer le statut de Mayotte française dans la région. Une évolution d’autant plus remarquée qu’il y a quelques années certains fonctionnaires caressaient l’idée d’un projet d’une communauté d’archipels qui visaient à réintroduire Mayotte au sein des Comores.
C’est pourquoi le 8 février les choses doivent être dites et que, de part et d’autre du côté comorien comme du côté français, on accepte enfin une vraie coopération bilatérale dans ce « package », l’acceptation sincère d’une coopération à la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte.
Luc Laventure