Mayotte-Port de Longoni  : Les barrages menacent l’approvisionnement avant le Ramadan, aggravant les tensions sociales

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Mayotte-Port de Longoni : Les barrages menacent l’approvisionnement avant le Ramadan, aggravant les tensions sociales

À l'approche du Ramadan, les barrages persistants à Mayotte entravent l'approvisionnement des supermarchés. Le port de Longoni déborde de conteneurs, mais leur récupération est bloquée par les barrages. Cette situation compromet l'approvisionnement pendant le mois sacré et impacte le pouvoir d'achat des Mahorais. Précisions avec notre partenaire France Mayotte Matin.

 

Si la situation ne s'améliore pas sur le front des barrages et de la gouvernance du mouvement social, il est une réalité que nul ne peut nier : le Ramadan commence dans quelques jours et les rayons des supermarchés sont aujourd'hui vides. Pour autant, les navires continuent d'arriver au port de Longoni, qui est prêt à exploser faute de place. Selon Bourahima Ali Ousseni, président de la CPME, ce ne sont pas loin de 2000 conteneurs qui sont entreposés au port de Longoni, dans l'attente de pouvoir être récupérés par leurs propriétaires. Le seul problème, c'est que pour pouvoir les récupérer, il faut que les barrages soient levés, pour que les camions puissent circuler et que les salariés puissent conduire les camions jusqu'aux entreprises. Sauf que la réalité est plus compliquée que cela. La semaine dernière, à l'annonce de la levée des barrages vendredi par le collectif les forces vives de Mayotte, les dirigeants de MCG avaient décidé d'ouvrir le port samedi et dimanche pour permettre justement aux entreprises de venir récupérer leurs conteneurs. La déception a été de taille, puisque les barrages n'ont finalement pas été levés. La direction de MCG, par la voix de sa présidente, annonce que pas loin de 2 000 conteneurs doivent arriver à Mayotte dans les prochaines semaines et qu'il est impératif de pouvoir vider le port pour pouvoir stocker ces nouveaux entrants. 

Le Ramadan doit commencer dans quelques jours, et il est évident que l'ensemble de ces conteneurs stockés au port ne pourront pas sortir en une journée, quand bien même tous les propriétaires se présenteraient à la porte, car il faut un petit peu de temps pour pouvoir les manipuler, les facturer et les charger. Ainsi, il faut se rendre à l'évidence : les rayons ne seront probablement achalandés que très partiellement pour le début du Ramadan, dans l'hypothèse où les barrages sont levés. Par ailleurs, le mouvement social dure maintenant depuis 30 jours : un conteneur réfrigéré au port est facturé 200€ par jour. Si les commerçants ont intégré dans leurs coûts cette charge, ils ne l'ont sûrement pas intégrée pour 30 jours, donc forcément les frais supplémentaires seront refacturés à un moment ou à un autre, au moins partiellement, au client, si tant est que le commerçant soit en capacité de les absorber en partie. 

C'est donc une autre réalité du mouvement social qu'il faut bien avoir en tête : les barrages vont perturber considérablement le mois sacré de Ramadan des Mahorais et auront un impact réel sur le pouvoir d'achat, étant entendu que la vague d'inflation liée à la guerre en Ukraine n'est pas encore derrière nous. 
 

Par Anne-Constance Onghéna pour France- Mayotte Matin