Le changement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre de l'humanité a rendu plus puissants les vents du cyclone Chido qui a ravagé Mayotte, estime une étude préliminaire britannique publiée mardi.
Selon l'Imperial College de Londres, « le changement climatique a relevé l'intensité d'un cyclone tropical comme Chido de la catégorie 3 à la catégorie 4 », quand les vents dépassent 209 km/h dans l'échelle de Saffir-Simpson, utilisée pour les ouragans dans l'Atlantique et une partie du Pacifique mais citée ici par équivalence.
Selon Météo-France, l'île a subi des « rafales généralisées » atteignant « plus de 200 km/h pendant 45 min » et « des rafales approchant 250 km/h ont pu être atteintes » par endroit. Les autorités redoutent « plusieurs centaines » de morts, peut-être même « quelques milliers » dans le département, où environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire, totalement détruit.
« Nous estimons que la survenue d'un tel évènement », c'est-à-dire une tempête de catégorie 4 au moment de toucher terre, « a été rendu 40% plus probable qu'à l'époque pré-industrielle », avant l'effet des gaz à effet de serre, écrivent les auteurs de l'Institut Grantham de l'Imperial College, référence mondiale dans l'évaluation de l'influence du changement climatique sur les phénomènes météorologiques extrêmes. En d’autres termes, la récurrence d'un tel cyclone est passée d'une fois tous les 14 ans à une fois tous les 10 ans et « la vitesse des vents a augmenté de 3 mètres par seconde ou 5% ».
Cette tempête est néanmoins la pire connue par Mayotte depuis 90 ans car, rappelle Météo-France, « les impacts de Chido sont avant tout la conséquence de sa trajectoire et de son passage sur l’île », très rarement sur la route de ces cyclones communs dans la région, grâce à la barrière naturelle de Madagascar. « On observe en moyenne trois phénomènes par an d'intensité équivalente à celle de Chido sur ce bassin » océanique (sur océan Indien, ndlr), selon l'agence météorologique française.
L'Institut Grantham base ces conclusions préliminaires sur un modèle informatique lancé en 2024, qui a simulé des millions de tempêtes tropicales pour pallier le manque de données réelles.De son côté, en l'absence d'études consolidées, Météo-France ne s'est pas encore avancé à mesurer l'impact du réchauffement climatique dans la survenue d'un tel évènement. Tout en rappelant que les températures actuelles très chaudes de l'océan Indien, renforcées par le changement climatique, ont dopé Chido.
Selon le Giec, groupe d'experts climatiques de l'ONU, l'augmentation de l'intensité moyenne des cyclones et de la proportion de cyclones violents (catégorie 4 et 5) est un effet attendu du réchauffement climatique.
Avec AFP