L'école, un lieu de bien-être pour les jeunes enfants de 10-12 ans selon une étude de l'ARS Mayotte

© Académie de Mayotte

L'école, un lieu de bien-être pour les jeunes enfants de 10-12 ans selon une étude de l'ARS Mayotte

Neuf enfants de 10-12 ans scolarisés en classe de 6ème à Mayotte sur dix s'estiment en bonne santé. C’est en tout cas ce qu’il ressort de l’étude que vient de conduire et publier l’ARS sur la santé des jeunes à Mayotte… Un sujet de notre partenaire France-Mayotte Matin.
 

7 % des enfants déclarent se sentir mal chez eux : 9 % chez les filles et 6 % chez les garçons. Cependant, parmi ces enfants, 77 % se sentent bien à l'école tandis que les enfants se sentant bien à la maison sont 98 % à se sentir bien dans leur milieu scolaire. En fonction de la précarité, les situations varient fortement à nouveau. Ainsi, les enfants n'ayant pas accès à l'eau et l'électricité sont deux fois plus nombreux à se sentir mal chez eux que ceux ayant accès aux deux (13 % contre 7 %). 

Selon l’étude de l’ARS, l'école est ainsi vue comme un lieu de bien-être avec la quasi-totalité déclarant s'y sentir bien. Un enfant sur deux a alors déjà un projet d'avenir. Cependant, les problèmes de concentration interpellent : la moitié est concernée. Un sur dix se sent mal chez lui ou à l'école, renforcé par un dialogue pas forcément systématique entre l'enfant et ses parents. La mauvaise qualité du sommeil a encore un fort retentissement sur l'état de santé estimé de l'enfant. “On observe quatre fois plus de 10-12 ans s'estimant en mauvaise santé. Ces problèmes de sommeil peuvent s'expliquer par l'absence du repas du soir, les jeunes ne man- geant pas à ce moment de la journée étant trois fois plus concernés par ce problème, et par une literie précaire, un jeune sur dix dormant sur un matelas posé sur le sol ou directement sur le sol. Un quart des enfants met en moyenne 40 minutes à deux heures pour aller de leur domicile à l'école, écourtant fortement la durée de leur nuitée” détaille l’ARS. Ainsi, environ un enfant sur deux (55 %) déclare avoir du mal à se concentrer, sans distinction entre garçon et fille. 

Parmi les facteurs influant la concentration des enfants, on retrouve alors la précarité où les situations varient fortement. 50 % chez les enfants ayant l'eau et électricité sont concernés par les problèmes de concentration contre 72 % chez ceux n'ayant ni l'un ni l'autre (+22 points). Le nombre de repas consommés régulièrement par jour joue aussi pour beaucoup. Les enfants déclarant prendre trois repas par jour régulièrement sont 46 % à signaler des difficultés de concentration, 53 % pour ceux prenant deux repas par jour, 69 % pour un seul repas (+23 points). Il y a encore les problèmes bucco-dentaires : 61 % chez ceux ayant au moins une anomalie bucco-dentaire sont concernés par les problèmes de concentration contre 51 % (+10 points) chez ceux n'ayant aucune anomalie buccodentaire.

 Par ailleurs, la perception de l'état de santé influe sur leur concentration : les enfants s'estimant en mauvaise santé sont 71 % à avoir du mal à se concentrer contre 52 % chez ceux en bonne santé. L’étude est donc un parfait reflet de la société mahoraise en 2023, avec 77% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté et des enfants qui en pâtissent lourdement. 

 Des parents qui ne sont pas systématiquement les premiers confidents de leurs enfants

Les problèmes de parentalité sont immenses à Mayotte avec une jeunesse souvent livrée à elle-même sombrant parfois dans la délinquance ou les problèmes. Or, selon l’étude de l’ARS, 19 % des enfants de 10-12 ans ne parlent pas de leurs problèmes à leurs parents, et ce sont principalement les filles qui sont les plus concernées : 24 % contre 15 % chez les garçons. Chez les enfants qui se sentent mal à la maison, un sur deux ne parle pas de ses problèmes personnels, soit trois fois plus que ceux qui s'y sentent bien (16 %), ce qui est considérable. En fonction du ou des tuteurs déclarés, ce constat diminue : 86 % lorsque l'enfant déclare la présence des deux parents dans son foyer, 81 % lorsqu'il n'y a que la mère, 76 % pour le père seulement et 61 % pour d'autres tuteurs. Lorsque l’on mesure le nombre de foyers monoparentaux, la précarité qui frappe le territoire, il est alors permis de déduire que nombreux sont les enfants à ressentir le mal-être dans leur vie…

Par Samuel Boscher pour France-Mayotte Matin