Dans une région particulièrement exposée aux épidémies, l'Agence française de développement (AFD) s’engage aux côtés des acteurs de la santé de la zone océan Indien à travers des projets collaboratifs et innovants. Elle aide, par exemple, au financement de réseaux de surveillance pour atténuer les crises sanitaires. En effet, depuis les épidémies de chikungunya et de Covid-19, les îles de l’océan Indien font face à des défis sanitaires croissants. Depuis 2009, la Commission de l’océan Indien (COI), soutenue par l’AFD, a mis en place Sega-One Health, un réseau intégré de surveillance épidémiologique pour coordonner les efforts régionaux en santé humaine et animale. En 2024, le réseau Sega-One Health élargit ses horizons vers l’Indopacifique avec un nouveau financement de l’AFD.
Les épidémies, qu'elles soient humaines ou animales, représentent une menace récurrente pour les îles de l’océan Indien. Le chikungunya, le choléra et plus récemment la peste pulmonaire témoignent de la vulnérabilité de la région. C’est ainsi que depuis 2009, l’AFD s’engage aux côtés de la Commission de l’océan Indien (COI) dans la mise en place de Sega-One Health, un réseau de surveillance épidémiologique, afin de prévenir et limiter la propagation de ces maladies.
Le réseau Sega-One Health est né pour pallier le manque de coordination entre les pays de la région face aux épidémies, notamment après la crise du chikungunya qui a mis en lumière les défis d’un partage insuffisant des informations sanitaires. Initialement focalisé sur les épidémies humaines, le réseau s’est élargi en 2013 pour inclure les maladies animales, adoptant le modèle "One Health", qui intègre la santé humaine, animale et environnementale. Cette approche s'est imposée comme un outil de prévention face aux zoonoses, qui représentent 75 % des maladies émergentes. Depuis 2009, plus de 30 millions d’euros ont été mobilisés par l’AFD, souvent en partenariat avec l’Union européenne, pour renforcer Sega - One Health.
Des résultats concrets sur le terrain
À Maurice, par exemple, une épidémie de fièvre aphteuse a été contenue grâce à l’intervention rapide du réseau, qui a permis de déployer des ressources essentielles comme 20 000 doses de vaccins. La COI estime que l’action de Sega-One Health a évité des pertes économiques potentielles de 27 millions d’euros, tandis que le coût d’intervention a été limité à 2,5 millions d’euros. À Madagascar, ce sont 89 professionnels de santé qui ont été certifiés dans le cadre du programme de formation FETP-Frontline en épidémiologie de terrain, grâce au soutien financier de l’AFD. Ces experts jouent un rôle fondamental dans le contrôle des épidémies, comme la peste pulmonaire, en menant des actions de dépistage, de vaccination et de prévention, souvent en collaboration avec des équipes internationales. Ces résultats soulignent l’importance d’une approche intégrée et proactive. Les pays membres du réseau bénéficient non seulement d’un accès rapide à des ressources, mais aussi d’un renforcement de leurs capacités locales, essentiel pour gérer les futures épidémies.
Pour un renforcement de la sécurité sanitaire dans l’Indopacifique
Ce dispositif a récemment pris de l'ampleur en élargissant ses collaborations avec le Pacifique et à l’Asie du Sud-Est, grâce à une nouvelle convention de financement de 6,5 millions d’euros.
Ce nouveau financement vise à connecter le réseau SEGA-One Health à deux autres réseaux régionaux de surveillance épidémiologique : le Réseau océanien de surveillance de la santé publique (ROSSP) et le programme ECOMORE, dirigé par l’Institut Pasteur en Asie du Sud-Est. L’objectif est de favoriser les échanges d’expertise et de partager des outils innovants, comme les systèmes de prédiction basés sur des données climatiques. Selon Claire Giron, responsable de l’équipe projets à la direction régionale océan Indien de l'AFD, "cette collaboration interrégionale s’inscrit dans les leçons tirées de la pandémie de Covid-19. Elle répond à l’impératif de collaboration entre les Etats et les régions les plus exposés aux menaces sanitaires". Ce projet marque ainsi une étape majeure dans le renforcement des capacités de réponse sanitaire et la mutualisation des ressources pour les pays de cette vaste région.
Sega-One Health : un modèle global pour demain
Aujourd’hui, le réseau SEGA-One Health est reconnu comme un bien commun régional, essentiel pour renforcer la sécurité sanitaire. Avec l’élargissement à l’Indopacifique, ce modèle vise à créer une réponse collective aux menaces sanitaires. Mais pour que cette coopération soit pérenne, il faudra œuvrer sans relâche au décloisonnement des disciplines (santé humaine, animale et environnementale) et surtout garantir des financements stables et pérennes pour le réseau SEGA-One Health.