La Réunion : Restaurer la biodiversité endémique, les solutions du Cirad et ses partenaires

Fanjan des Hauts ©Michel Sicre / PNR

La Réunion : Restaurer la biodiversité endémique, les solutions du Cirad et ses partenaires

Restaurer plus de 4 000 hectares de végétation, tout en surveillant 16 000 hectares supplémentaires, c’est la solution proposée par le Cirad et les acteurs locaux, afin de lutter contre les 129 espèces exotiques envahissantes qui menacent la biodiversité de La Réunion. Ces résultats ont été publiés dans la revue Biological Invasion ce mardi, a indiqué le Cirad sur son site.

Un tiers de l’île de La Réunion est recouvert de zones naturelles préservées de toute activité humaine. Une chance pour une grande diversité de plantes endémiques, qui représentent 28 % des espèces. Or, cette biodiversité est menacée par l’invasion de plantes exotiques, au nombre de 129 sur le territoire, qui prolifèrent rapidement au détriment des espèces endémiques.

Pour rappel, selon la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), les plantes exotiques sont le 5e facteur d’accélération de la perte de biodiversité dans le monde. Afin de trouver des pistes de luttes locales, une équipe pilotée par des chercheurs du Cirad mène depuis 2018 un projet de recherche-action. 

En mobilisant l’ensemble des données disponibles, ils ont montré que 60.303 ha, soit près de la moitié des territoires végétalisés de l’île, présentent des enjeux de conservation élevés. Pour Mathieu Rouget, écologue au Cirad : « Ces territoires, très largement situés à l’intérieur des terres, abritent en effet une biodiversité riche et/ou une meilleure qualité d’habitat, ce qui en font des zones très importantes à préserver ».

Dans un second temps, l’équipe a identifié des zones prioritaires d’intervention parmi ces 60 303 ha, sur des critères opérationnels tels que la stratégie d’intervention optimisée ciblant en priorité les fronts d’invasion, l’accessibilité des territoires, ou encore les chantiers existants. Au bilan de l’étude, celle-ci préconise de restaurer en priorité 4 392 ha de territoire envahis par les plantes exotiques, et de surveiller 16 019 ha de zones non envahies.

La cartographie ainsi dressée permet de définir ou de confirmer les objectifs opérationnels sur le terrain, mais l’investissement doit y être beaucoup plus conséquent, comparativement à ce qui est fait actuellement. En 2020, le Département et l’ONF sont intervenus sur 612 ha de territoire à travers 136 chantiers.

Cependant, il faut changer d’échelle, selon Mathieu Rouget : « Plus de 93 % des chantiers menés en 2020 étaient situés dans des zones d’intervention prioritaires, commente Mathieu Rouget. Mais notre travail démontre que des investissements plus conséquents sont nécessaires pour protéger efficacement la biodiversité de l’île ». 

L’étude s’inscrit dans un accord-cadre entre le Cirad et le Parc National de La Réunion, qui pilotent un groupe de travail réunissant l’Université de La Réunion, la Direction de l’environnement de l’aménagement et du logement, la SPL-EDDEN, l’Office national des forêts, le Conservatoire botanique national de Mascarin, la Région et le Département de la Réunion. 

Le groupe de travail s’attache désormais à améliorer les cartes d’intervention pour optimiser le travail de terrain : cartographie plus fine de la végétation, ou encore prise en compte de la dynamique d’invasion enrichiront les prochaines préconisations.

Damien Chaillot