La Réunion : Le développement économique et social marque encore le pas, selon l’Insee

Vue du sud de La Réunion ©IRT

La Réunion : Le développement économique et social marque encore le pas, selon l’Insee

Dans une note conjoncturelle intitulée « Les défis économiques, sociaux et environnementaux du XXIe siècle à La Réunion », l’Insee constate que malgré son dynamisme au cours des dernières décennies, le développement économique et social de l’île se situe encore loin derrière celui de la France hexagonale. La richesse créée par habitant y est encore très inférieure, et la pauvreté y touche trois fois plus de personnes.

 

Sous les images de carte postale, la pauvreté pour beaucoup. Certes, « depuis la départementalisation de 1946, La Réunion comble progressivement son retard par rapport à la France métropolitaine en matière de développement économique et social », estime l’Insee. Toutefois, les revenus y sont encore inférieurs à la moyenne nationale et inégalement répartis. À La Réunion, le produit intérieur brut (PIB) par habitant s’élevait à 22.360 euros en 2018, soit 37% de moins que dans l’Hexagone. Le taux de pauvreté monétaire, quant à lui, atteignait 39% la même année contre 15% en France hexagonale.

En outre, « les inégalités de revenus sont particulièrement fortes. Ainsi, en 2018, les revenus perçus par les 2% des ménages les plus aisés sont 5,4 fois plus élevés que ceux des 20% les plus modestes. En métropole, ce rapport est plus réduit (4%) », souligne Sébastien Seguin, l’auteur de l’étude, qui précise également que les inégalités de revenus sont plus fortes encore dans les autres départements et régions d’Outre-mer. Avant de noter que « l’accroissement des inégalités peut en effet avoir un impact négatif sur le développement économique de tous, au-delà du sentiment d’injustice qu’il peut générer dans la population ». On en voit par exemple les conséquences sociales aujourd’hui aux Antilles… 

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L’Insee explique les inégalités de revenus plus par des inégalités d’accès à l’emploi que par des inégalités d’accès à l’éducation, à la formation, à la santé ou au logement. Ainsi, à La Réunion, « la part de personnes en âge de travailler qui disposent d’un emploi y est ainsi nettement inférieure à la moyenne nationale : en 2019, le taux d’emploi des 15-64 ans s’élève à 46%, soit 20 points de moins que dans l’Hexagone ». Ce taux est particulièrement faible pour les femmes et les jeunes, qui demeurent « très exposés au risque de pauvreté lorsqu’ils ne vivent pas au sein d’un ménage comprenant d’autres personnes percevant des revenus d’activité ». Et de fait, la part de Réunionnais en situation de privation matérielle et sociale (comme ne pas avoir les moyens de se constituer une épargne, de s’acheter des vêtements neufs ou d’avoir une activité de loisir régulière) est semblable au taux de pauvreté monétaire : soit quatre personnes sur dix en 2018. 

Paradoxalement, l’étude de l’Insee relève que La Réunion est moins éloignée du niveau national en termes de satisfaction dans la vie exprimée par ses habitants, ou d’espérance de vie sans incapacité. Plus exactement, cet indicateur « se situe à mi-chemin entre l’Hexagone et les Antilles. Davantage de personnes que dans les autres Drom sont en effet très satisfaites de leur vie (note d’au moins 8 sur 10) : 42%, contre 51% en métropole et 33% en Martinique ».

Parmi ses préconisations, l’Insee insiste sur le fait que l’innovation et la formation sont les clés du développement sur le long terme, ce qui permettrait notamment d’accélérer la convergence des Outre-mer avec l’Hexagone, comme stipulé dans la loi sur l’égalité réelle Outre-mer de 2017, et d’atteindre les cibles de la stratégie « Trajectoire Outre-mer 5.0 » définie par le ministère des Outre-mer. Mais l’échec scolaire reste élevé à La Réunion : 25% des jeunes de 20 à 24 ans sont sortis du système scolaire sans diplôme qualifiant en 2018, c’est-à-dire sans disposer a minima d’un CAP ou d’un BEP. C’est 8 points de plus que dans l’Hexagone et qu’aux Antilles, déplore l’étude.

 

PM