Alors que les deux compagnies, touchées par la crise sanitaire, ont repris du service depuis plusieurs mois, l'évocation d'une possible fusion des deux entités a suscité de nombreuses réactions. À La Réunion, une intersyndicale à vue le jour, présente en manifestation devant la préfecture dimanche 14 novembre, avec pour objectif de défendre les acquis de la compagnie réunionnaise Air Austral.
La crainte que la future gestion d'Air Austral ne mette en péril les emplois locaux est concrète. Différents acteurs et syndicats se sont réunis sur le territoire de La Réunion, afin de protéger la compagnie locale. S'ils craignent les conséquences d'un “mariage forcé”, ce sont surtout les emplois locaux et l'identité de la compagnie locale qui suscite la crainte des employés du groupe.
Précisions des manifestants grâce à Frédéric Bénard, délégué syndical CFDT et salarié au sein de l'exploitation de l'aéroport Roland-Garros, au micro de nos partenaires de RTL Réunion lors de la manifestation : “Nous avons mis en place une intersyndicale dont l'objet était de nous faire d'entendre dans les tractations qui sont actuellement en cours, dans le partenariat qui se met en place entre Corsair et Air Austral. Aujourd'hui, la plupart des syndicats qui seront présents souhaitent que nos craintes soient entendues par le représentant légal de l'Etat, c'est-à-dire le préfet, mais également les plus grandes autorités de l'Etat, parce que ce sont des tractations qui se font à un sommet qui est au-delà de La Réunion”.
Se faire entendre dans les négociations donc, mais aussi et surtout défendre l'emploi local et ses “900 salariés, 3000 de manière indirecte, tout ça fait qu'on a aujourd'hui des questions, des inquiétudes sur lesquelles on souhaite alerter l'opinion publique, les réunionnais, parce que c'est une compagnie réunionnaise, sur laquelle on souhaite sensibiliser la population”.
Des emplois locaux, mais aussi et surtout une identité locale, que les syndicats refusent de voir diluée dans une fusion des deux compagnies :“Si demain, Air Austral disparaît et perd son ADN, c'est ce qui va nous gêner, parce que nous sommes réunionnais, avec une culture, avec une histoire, avec un savoir-faire qui est propre à nous, ce n'est pas pour s'apparenter à une compagnie comme Corsair ou autre (…) On a notre vision, notre ADN, on veut garder cet ADN, les emplois, le périmètre de l'activité régionale, comme au niveau de la métropole”.
Hier matin, les délégués syndicaux ont fait circuler une pétition. Un document qu'ils comptent bien transmettre au préfet. Les salariés espèrent pouvoir échanger avec le représentant de l'Etat dans les prochains jours. Mais il est clair, selon Frédéric Bénard, que le mouvement de grogne des salariés d'Air Austral ne fait que commencer.
Damien Chaillot
