Geoffroy Roux de Bézieux est actuellement en visite à La Réunion. L'occasion de faire le point sur l'économie locale, l'innovation et les plans d'aide aux entreprises touchées par la crise sanitaire. Le président du Medef est revenu sur ces sujets au micro de nos partenaires de RTL Réunion.
 

Sur le sol réunionnais pour la première fois, Geoffroy Roux de Bézieux s'est dit impressionné “par le dynamisme des entrepreneurs”, évoquant notamment le secteur de l'innovation, avec des “jeunes entrepreneurs innovants dans l'incubateur du village by CA des projets de très grande qualité, vraiment très innovant. Ce qui m'a beaucoup frappé, c'est que toutes les innovations venaient des contraintes et des caractéristiques de l'île, c'est-à-dire faire de l'insularité un avantage”.

La Réunion a des opportunités de développement, mais son insularité paraît compliquer la donne. Mais rien d'insurmontable selon le président du Medef : «Il y a des besoins objectifs, qui sont, la chaîne de financement, qui n'est pas totalement au point dans l'île alors qu'il y a énormément d'argent pour les projets innovants dans le monde et en métropole en particulier. Je pense qu'elles ont besoin aussi d'un cercle de confiance. Souvent, quand on démarre une entreprise, il y a une forme de timidité, de manque de confiance, et il faut y croire».

Une confiance qui pourrait être freinée par certaines lacunes en termes de main d'œuvre et d'administration, mais cette problématique «n'est pas spécifique à La Réunion. Le problème de recrutement, on l'a tous de manière absolument massive dans tous les secteurs, et le problème d'ingénierie administrative, il est peut-être plus exacerbé à La Réunion, car il y a une part de subvention plus forte (…) mais ce ne sont pas les subventions qui manquent, ce n'est pas les guichets qui manquent, c'est la complexité qu'il faudrait arriver à rendre lisible, notamment les Fonds européens FEDER».

Quoiqu'il en soit, l'apparente complexité de l'entreprenariat et la peur de l'échec ne doivent pas freiner les Réunionnais selon Geoffroy Roux de Bézieux :« Je conseille aux jeunes que ça intéresse de tenter l'expérience, car même si à la fin on range le projet, pour un recruteur, avoir tenté l'expérience, c'est un plus, donc ce n'est jamais un échec (…) C'est extrêmement formateur. Et souvent les entrepreneurs qui réussissent, ce sont des gens qui ont tenté plusieurs fois».

Des projets qui pourraient s'inscrire dans la feuille de route du Medef local, “Vive La Réunion”, qui veut soutenir le développement de l'île à l'horizon 2028. Pour le président du Medef, “c'est important que le monde économique se projette (…) Cette idée de feuille de route me paraît pertinente. “Vive la Réunion” c'est le verre à moitié plein, c'est cette idée que l'insularité crée des problèmes évidemment, mais qu'il faut aussi en tirer des avantages”.

Un projet qui tient compte de l'Économie Bleue, devenue axe de développement économique majeur pour les territoires ultramarins. Une véritable opportunité selon le président du Medef. « L'Économie Bleue fait partie des atouts de La Réunion et de la France en général grâce aux départements d'Outre-mer, mais il faut avoir des projets structurants (…) Globalement, l'Outre-mer qui est mal connue en France, c'est une richesse pour la métropole. À cause de cette Économie Bleue, le monde du 20e siècle est un monde maritime. On le voit bien en ce moment, en négatif avec les tensions en mer de Chine et en positif quand on voit bien qu'on dépend aussi des routes maritimes pour s'approvisionner».

Cependant, la lourde administration française peut être vue comme un frein, notamment en raison de réglementations qui ne sont pas toujours adaptées à des territoires situés à des milliers de kilomètres de l'Hexagone, confrontés à des problématiques géographique, démographiques, ou politiques parfois bien différentes. Dans ce contexte, l'adaptation de certaines réglementations est une piste viable selon Geoffroy Roux de Bézieux, même s'il reconnaît que cette idée ne semble pas entendue par l'exécutif.
«Si on pouvait simplifier la réglementation française je peux vous assurer que les entrepreneurs français et les citoyens français seraient contents. On sait que c'est très difficile. En revanche ce qu'on pourrait ouvrir, et beaucoup de région le demandent, pas seulement Outre-mer, c'est une forme d'expérimentation locale, le droit à la différenciation, et évidemment en Outre-mer. (…) Il y a des solutions locales qui peuvent être trouvées. Il faut garder un cadre national, mais il faut être capable d'expérimenter (…) laisser une place à l'expérimentation locale me parait la bonne piste»

Damien CHAILLOT