INTERVIEW. Cyclone Chido : « Sur le soutien aux collectivités, nous attendons des réponses claires », dit le président du Département de Mayotte, Ben Issa Ousséni

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INTERVIEW. Cyclone Chido : « Sur le soutien aux collectivités, nous attendons des réponses claires », dit le président du Département de Mayotte, Ben Issa Ousséni

Plus de deux semaines après le passage du cyclone Chido, François Bayrou a effectué une visite à Mayotte en compagnie, notamment, du ministre des Outre-mer Manuel Valls et de la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne. Ce lundi 30 décembre, le Premier ministre a longuement échangé avec les élus du Département. Après des discussions qui se sont poursuivies jusqu’en fin de journée, Ben Issa Ousséni, président du Conseil départemental, revient sur ces échanges pour Outremers360.

Outremers360 : Après ces deux heures de réunion avec la délégation ministérielle, quel bilan tirez-vous de ces échanges ?

Ben Issa Ousséni : Je ne peux pas dire que je suis totalement satisfait, mais nous avons eu des échanges constructifs, une bonne séquence de travail. Les élus ont remonté l’ensemble des revendications du territoire, et le ministre a répondu. Nous avons entendu ses propositions, mais ce que je retiens avant tout, c’est qu’il a déclaré que ces propositions étaient perfectibles.

En tant qu’élus, nous allons nous attacher à améliorer ces propositions, car certaines de nos revendications n’ont pas encore trouvé de réponses concrètes. Le ministre des Outre-mer restera sur le territoire jusqu’à mercredi, ce qui nous permettra d’identifier les points d’oubli et de les compléter. L’objectif est que le Premier ministre puisse repartir avec un texte répondant mieux aux attentes de Mayotte.

Quels sont, selon vous, les points principaux qui ont été oubliés dans ces propositions ?

L’immigration est un point clé. Le ministre a affirmé qu’il travaillerait sur ce sujet, mais nous savons également que les Mahorais ne veulent plus de bidonvilles. Nous allons donc définir précisément nos attentes sur ce point.Il y a aussi des interrogations concernant la rentrée scolaire. Pour ceux qui passent des examens, il a été évoqué qu’ils pourraient partir par des vols spécifiques. Pour les autres, la rentrée scolaire, initialement prévue le 13, a été reportée au 20. Cependant, les conditions restent floues. À ce jour, aucune réponse concrète n’a été apportée.Cela dit, il y a eu des avancées positives, notamment l’annonce d’une loi-programme que nous demandons depuis longtemps. Celle-ci devrait être finalisée dans trois mois, un délai que je trouve raisonnable.

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Quels autres sujets ont été abordés, notamment sur le plan économique ?

Nous avons obtenu une zone franche d’activité générale, une demande clé pour relancer l’économie. Par ailleurs, un nouveau recensement de la population a été acté. Cela fait plusieurs années que nous affirmons que nous sommes plus nombreux que les chiffres officiels l’indiquent. Ce nouveau recensement est donc une avancée importante. En revanche, sur le soutien aux collectivités, nous n’avons pas encore obtenu de réponse claire. Nous demandons que les collectivités soient accompagnées pour reconstruire leurs infrastructures et assurer leurs missions de service public dans les meilleurs délais.

Comment avez-vous abordé la question des bidonvilles avec le ministre ?

Le ministre a précisé qu’il ne voulait pas inclure ce sujet dans une loi d’urgence. Cependant, il semble avoir légèrement changé de position. Nous espérons voir des dispositions spécifiques sur ce sujet dans cette loi, car c’est impératif.

Et qu’en est-il des questions environnementales, notamment la déforestation qui affecte fortement Mayotte ?

Nous avons évoqué la déforestation et la perte massive de végétation. Nous avons formulé une demande pour une campagne de reboisement général. Cela avait été fait après le passage du cyclone Kamisy, mais il faut aujourd’hui agir de manière plus ambitieuse. Une forte campagne de reboisement est nécessaire, et nous espérons que ce sujet sera pris en compte.

Une cellule a été mise en place pour évaluer les dégâts liés aux crises récentes. Où en est l’action ?
Nous avons une équipe d’ingénieurs dédiée qui travaille sur l’évaluation des dégâts subis. Quelques chiffres ont été communiqués ici et là, mais ils doivent encore être confirmés. Nous devons approfondir les études et réaliser des comparaisons pour obtenir une évaluation globale et précise.

Propos recueillis par Abby Said Adinani