Face à la surpopulation carcérale à Mayotte, des détenus envoyés à La Réunion et dans l’Hexagone

Face à la surpopulation carcérale à Mayotte, des détenus envoyés à La Réunion et dans l’Hexagone

Afin de désengorger le centre pénitentiaire de Majicavo, la justice procède à des transferts de détenus. Le mois prochain, des prisonniers seront encore envoyés à Marseille et à La Réunion. Si ces transferts sont devenus indispensables, ils divisent en interne. Explications de notre partenaire France Mayotte Matin.  

Entre 160 et 180%. C’est le taux d’occupation actuel au centre pénitentiaire de Majicavo. Un chiffre qui n’est pas sans conséquences sur les conditions de vie au sein de la prison et les troubles que cela peut générer. La politique du procureur de multiplier les comparutions immédiates a l’avantage de ne plus perdre les prévenus et de pouvoir les condamner vite lorsqu’ils méritent de l’être. Sans frein à cela, les 238 places à Majicavo ne suffisent plus à accueillir tout le monde. La justice procède donc à des transferts de détenus, vers La Réunion ou l’Hexagone. 

Une bonne décision à première vue mais qui lorsque l’on creuse, ne plaît pas à tout le monde. C’est le cas du syndicat CGT qui s’insurge contre la multiplication de ces transferts. Ibrahim Saindou, représentant syndical CGT au sein du centre pénitentiaire de Majicavo, explique : « Nous, en tant que surveillants, on se bat pour l’agrandissement de la prison. On nous dit qu’il n’y a pas d’argent. Vous savez combien coûtent ces transferts ? Pour transférer un seul détenu par avion, il faut entre 2 et trois surveillants qui accompagnent. On peut transférer jusqu’à 4 détenus toutes les deux semaines. Faites le calcul juste en billets d’avion ». Pour le syndicaliste cet argent pourrait servir à agrandir la prison ou à en créer une seconde sans plus attendre.

Un avis que partage Said Abdallah, représentant syndical CFDT, même s’il se veut plus partagé. « C’est vrai qu’on a besoin de l’agrandissement du centre pénitentiaire. Après on sait que ça ne se fait pas en un claquement de doigts. On nous parle de cela depuis des années et il n’y a pas d’évolution. Une fois qu’on a dit ça, les transferts sont indispensables car ils permettent de désengorger le centre pénitentiaire. Nous avons des détenus compliqués ». 

Les détenus doivent accepter le transfert

Les transferts dépendent d’une décision du chef d’établissement mais aussi de la volonté du détenu. Une seule exception : les cas disciplinaires qui doivent se plier à la décision. À noter que ce ne sont pas forcément des très longues peines qui sont transférées. Par ailleurs, certains détenus sont volontaires car cela peut leur ouvrir des perspectives d’avenir, les prisons hexagonales offrant davantage de formations aux prisonniers.

Pierre Bellusci pour France Mayotte Matin