Un nouveau cluster a vu le jour ce mardi 18 avril et porte sur l'économie circulaire. C'est un tout nouvel outil qui se met en place à Mayotte, le cluster est censé permettre à des entreprises officiant dans des domaines d'activité complémentaires de réfléchir à développer leurs activités pour créer de la valeur. Un sujet de notre partenaire France-Mayotte Matin.
L’idée est bonne, la mise en place des clusters se multiplient sur notre île, reste à savoir maintenant, en leur laissant bien évidemment le temps, ce que ces nouvelles entités seront capables de produire. Hier c'est celle dédiée à l'économie circulaire qui a vu le jour et qui est désormais présidée par Sébastien Suchy, le directeur de Star Mayotte. En effet si l'économie circulaire est un sujet particulièrement important pour permettre la valorisation et le recyclage des déchets que nous produisons il reste bien difficile à imaginer comment ces activités pourraient se mettre en place sur notre département alors même que les filières de production de déchets souffrent d'un manque de tonnage à collecter permettant une rentabilité financière, en effet nous ne sommes qu'une île de 374 km²… Par ailleurs, l'Hexagone va de renoncement en compromis sur ces dossiers qui patinent, comment imaginer qu’à nous tout seul nous aurions les clés… Le nouveau cluster en fera peut-être la démonstration.
En matière d'économie circulaire et plus largement en matière de gestion des déchets, de nombreuses avancées pourraient être concrétisées, elles apporteraient des résultats tangibles. En tout premier lieu, des moyens crédibles devraient être consacrés à la sensibilisation et l'information de la population, pourquoi doit-on trier nos déchets ? Et comment le faire ? Il n’y a pas d'économie circulaire crédible sur le dé- partement tant que tous les déchets ne convergent pas vers les filières, voilà bien la première priorité s'agissant de la gestion des déchets à Mayotte.
Ensuite il conviendrait que le ministère de la transition écologique, après l'avoir promis à plusieurs reprises, tape une bonne fois pour toute sur la table et impose aux éco-organismes de consacrer les moyens dont Mayotte a besoin pour bénéficier vraiment de ces filières. Prenons un seul exemple: il semble difficile de continuer à accepter que nos D3E continuent d'être exportés vers le site de la Réunion pour valorisation alors même que ce site est saturé par les déchets réunionnais conduisant à des stocks invraisemblables sur notre département. Le gouvernement pourrait aussi réfléchir à des modifications ou des assouplissements de la convention de Bâle pour que les déchets mahorais et réunionnais dits dangereux puissent trouver un exutoire dans la zone notamment en Afrique du Sud qui dispose d'infrastructures totalement opérationnelles et aux normes, mais qui ne sont pas en Union européenne donc inaccessibles pour nos déchets.Enfin, les autorités locales pourraient faciliter le travail sur le département de celles et ceux qui s'engagent dans la valorisation des déchets et pour le moment c'est loin d'être le cas, la régle- mentation agit plus comme un repoussoir que comme une garantie de non pollution.
Bref avant d'inventer des solutions d'économie circulaire qui n'agiront que sur une part négligeable du volume de déchets global, il faudrait balayer devant sa porte et déjà rendre opérationnel ce qui existe et à date c'est vraiment loin d'être le cas.
Par Anne-Constance Onghéna pour France-Mayotte Matin