Énergies : À Mayotte, Albioma va inaugurer une installation de stockage d’électricité, permettant de réduire les émissions de CO2

Frédéric Moyne, PDG d'Albioma, sera présent à l'inauguration de cette installation de stockage d'électricité à Longoni ©Albioma

Énergies : À Mayotte, Albioma va inaugurer une installation de stockage d’électricité, permettant de réduire les émissions de CO2

Le producteur français d’énergies renouvelables Albioma va inaugurer le 17 novembre une installation de stockage d’électricité permettant, entre autres, de contribuer à une baisse des émissions de CO2 du parc thermique de 6 100 tonnes par an sur l’archipel. Un grand pas en avant pour cette région extrêmement dépendante des énergies fossiles selon le PDG d’Albioma Frédéric Moyne, qui sera à Mayotte pour cette inauguration. 

Tout commence en 2019, quand la Commission de régulation de l’énergie (CRE) lance un appel d’offres à l’échelle des Outre-mer pour la réalisation de dispositifs de stockage d’énergie. Pour Mayotte, c’est donc le producteur d’énergies renouvelables Albioma qui a été choisi pour répondre aux besoins du gestionnaire Énergie de Mayotte (EDM), grâce à cette installation de stockage d’électricité qui sera inaugurée la semaine prochaine. 

Située à Longoni, cette installation de stockage va plus précisément offrir au gestionnaire « un service d’arbitrage ». Dans le champ lexical de la production électrique, il s’agit d’emmagasiner l’énergie générée lors des pics de production, essentiellement solaire, et dont le réseau n’en a pas besoin dans l’immédiat, pour l’utiliser plus tard. Le stockage par arbitrage permet donc d’apporter une flexibilité supplémentaire au système électrique et de réduire les coûts de démarrage des outils thermiques. « Ce sont des batteries qui vont stocker l’énergie au moment où on en a le moins besoin, notamment pendant les périodes de fort ensoleillement, et pour la réinjecter plus tard lors des pics de consommation », nous a expliqué Frédéric Moyne, PDG d’Albioma. 

Pour le dirigeant, l’installation de stockage répond à « un vrai besoin » et surtout, à un enjeu majeur pour l’île : « répondre à une demande croissante et participer à la décarbonation de la production de l’archipel », extrêmement dépendant du fossile. En effet, le stockage va permettre de contribuer à une réduction des émissions de CO2 de 6 100 tonnes par an, selon les estimations du producteur. « Ce qui est une véritable contribution à la décarbonation du mix mahorais et une meilleure utilisation des moyens qui sont mis à disposition, et c’est aussi permettre une meilleure pénétration des énergies intermittentes, dont photovoltaïques », assure Frédéric Moyne. En d’autres termes, ce service d’arbitrage va permettre au gestionnaire « d’améliorer sa capacité à accueillir plus d’énergies renouvelables ». 

Très présent en Outre-mer, et à Mayotte depuis 2007, Albioma a bien l’intention de continuer à répondre au double enjeu de l’archipel, entre la demande croissante et la nécessité de décarboner la production. Albioma a par ailleurs déjà plusieurs réalisations à son actif, comme l’emblématique parc photovoltaïque du marché de Mamoudzou. Albioma a aussi réalisé « la plus puissante installation en toiture de l’île, à la fois des panneaux solaires et du stockage, « Pool Kaweni » », d’une puissance de 1,5 Mégawatt.  

Ici, « le principe est un peu différent », détaille Frédéric Moyne, « c’est une centrale dont les batteries permettent de garantir la puissance au gestionnaire du réseau, et de lisser la production. Ce n’est pas de l’arbitrage, c’est du lissage : on utilise les batteries pour lisser la production et donc s’affranchir du caractère intermittent de la production solaire et déplacer une partie de cette production à la période de pointe pour restituer l’énergie entre 19h et 21h ».

Le potentiel de la géothermie 

Et le dirigeant d’Albioma semble convaincu des potentiels de l’île, qui, rappelle-t-il, présente des enjeux importants en termes d’énergies : répondre à la demande et améliorer le mix énergétique. « Nous nous inscrivons dans cette trajectoire, avec des projets photovoltaïques sur l’île, et avec une équipe de près de 20 personnes basée sur place, qui travaille sur cette problématique de développement du photovoltaïque ». Albioma pourrait aussi investir sur la biomasse, que le producteur connaît bien -avec des installations situées à La Réunion, Martinique et Guadeloupe-, et la géothermie, où le Groupe possède deux centrales en Turquie depuis 2021. Début 2022, il a par ailleurs obtenu un Permis exclusif de recherche (PER) « qui va nous permettre de commencer les premières démarches en vue de développer potentiellement un projet de géothermie à Mayotte ». 

« Mayotte est un territoire important, sur lequel nous travaillons depuis déjà plusieurs années. On le connaît très bien» poursuit le Président d’Albioma, « précurseur sur les énergies renouvelables » sur l’île. « Nous souhaitons capitaliser sur cette présence pour continuer à développer cette « franchise mahoraise » avec des moyens renouvelables qui répondent à cette double contrainte » : demande en croissance et dépendance à l’énergie fossile.