Emmanuel Séraphin, Président du Territoire de l'Ouest-Ile de La Réunion : «La culture est un vecteur économique, d'insertion sociale, mais aussi de coopération et d'ouverture à travers le monde»

Emmanuel Séraphin, Président du Territoire de l'Ouest-Ile de La Réunion : «La culture est un vecteur économique, d'insertion sociale, mais aussi de coopération et d'ouverture à travers le monde»

Du 11 au 13 octobre s'est tenue la 33ème convention des Intercommunalités de France dans la ville d'Orléans. Plusieurs intercommunalités d'Outre-mer ont participé à ce congrès dont le Territoire de l'Ouest représenté par son président Emmanuel Séraphin. Le président de l'intercommunalité est intervenu sur une table-ronde « les festivals : outil culturel au service du développement économique ». Lors de ce congrès, Emmanuel Séraphin a confié à Outremers 360 le projet du territoire en matière de politique culturelle et  économique. Il évoque également la nouvelle identité de l'intercommunalité.

 

Outremers 360 :  Le Territoire de l’Ouest a participé à la 33ème convention des intercommunalités à Orléans. En quoi cette présence à ce Congrès est importante pour l’Intercommunalité?

Emmanuel Séraphin, Président du Territoire de l’Ouest : Il est important pour partager déjà notre expérience de territoire, mais aussi d'engranger aussi ce que font les autres territoires au niveau national. J’étais invité à intervenir sur une table ronde sur l'économie et la culture, de montrer ce que l'on fait sur un territoire insulaire, de connaître les modalités de mise en œuvre de cette politique culturelle et quelles sont les retombées économiques sur le territoire. Il s’agit d'apprendre aussi des grands festivals. Ce matin, on a évoqué le Hellfest avec 280 000 entrées payantes sur trois jours. C'est une autre dimension, mais en même temps, on a toujours beaucoup de choses à apprendre et d'échanger avec les présidents d'intercommunalités au niveau national, de participer aux ateliers.

C'est toujours enrichissant pour nous, petite île de l'océan indien qui dispose aussi d’une politique culturelle solide. En effet, le Territoire de l'Ouest accueillent plus d’une trentaine de festivals, mais à différentes échelles. Cela nous permet de savoir comment aussi intégrer la transition écologique dans le cadre de nos activités. Cela est important, puisque les intercommunalités ont une compétence un peu large. Dans le cadre de nos compétences, il est nécessaire de savoir comment intégrer ces compétences dans tous les domaines, au niveau économique, mais aussi au niveau culturel.

Outremers 360 : Au niveau de votre intercommunalité, comment les festivals permettent de valoriser le développement du territoire?

Emmanuel Séraphin : Sur un territoire de 214 000 habitants, nous organisons un festival comme les Francofolies de La Rochelle, qui a une renommée internationale. Aujourd'hui, ce sont sept territoires dans le monde qui peuvent afficher ce label. Travailler avec les organisateurs permet de donner une renommée internationale à l'île de La Réunion et d’attirer au niveau national des touristes venant voir des têtes d'affiche mais aussi pour les Réunionnais, de pouvoir bénéficier des artistes comme cette année, c'était Big Flo et Oli, Zaho de Sagazan, Pierre de Maere, Pomme, Selah Sue. C'est aussi une ouverture au monde qui est essentielle là- dessus. Un festival est aussi une coopération. Nous avons par exemple un festival qui s'appelle 7 Soleils, 7 lunes, (Sete Soìs, Sete Luas) qui est un festival lusophone qui rayonne au travers de 33 villes dans le monde, 12 pays différents. Quand on est le deuxième territoire français à entrer dans ce festival, cela nous offre des opportunités extraordinaires. La culture est un vecteur économique, d'insertion sociale, mais aussi de coopération et d'ouverture à travers le monde.

Globalement, sur l'économie de notre territoire, nous sommes le territoire où il y a 42% des zones d'activités économiques. C'est lié bien sûr à la présence du Grand Port maritime de La Réunion, quatrième port de commerce au niveau national. Mais l'économie, c’est aussi le tourisme où nous avons la moitié des ports de plaisance du territoire (Port de la Pointe des Galets, Port de Saint-Gilles-Les-Bains, Port de Saint-Leu). On peut développer, animer ce tourisme au travers des différents festivals. Avoir cette renommée avec les Francofolies est une carte importante. Très peu de territoires au niveau national peuvent se prévaloir en termes de renommée de festival. Nous en avons une quinzaine au niveau du territoire de la commune de Saint-Paul, une trentaine au niveau du territoire. Cette économie liée à la culture est vraiment importante, puisqu'il y a des intermittents du spectacle qui en vivent, il y a des artistes aussi qu'on essaye de promouvoir et qui rentrent après dans des réseaux internationaux. C’est quelque chose qui nous tient à cœur pour que notre culture puisse rayonner au niveau local, mais aussi au niveau international.

Intervention d’Emmanuel Séraphin lors de l’atelier « Les festivals  : outil culturel au service du développement économique »© DR

Outremers 360 : Dans le cadre de votre projet de Territoire, l'économie est un axe fort de votre politique, pourquoi ?

Emmanuel Séraphin : L’Ouest est le poumon économique de La Réunion. On a 42% des zones d'activités qui représentent à peu près 300 000 hectares. Dans nos documents d'urbanisme, nous avons plus de 300 hectares de zones d'activités économiques qui sont non aménagées. Notre défi est vraiment d'aménager ces surfaces pour créer de l'emploi, mais aussi à l'intérieur de notre écosystème, de créer le logement, de créer les mobilités autour de l'emploi, autour de ces logements et de ces mobilités pour avoir moins de déplacements. Il s’agit de créer cette ville du «quart d'heure» qui est essentielle pour une mobilité plus douce, des logements adaptés à notre environnement et de faire de cette ville du vivre-ensemble, du bien-vivre, soit une réalité sur notre territoire.

Outremers 360 : Cette nouvelle rentrée 2023, le territoire de l'Ouest affiche une nouvelle identité. Pouvez- vous nous parler d'abord de ce nouveau logo que vous avez mis en place ?

Emmanuel Séraphin : Cette nouvelle identité est liée à notre projet de territoire, «Ouest 2040» pour lequel nous avons consulté toute la population sur le littoral, à mi-hauteur, même au cœur de Mafate, sur la vision du territoire en 2040. Il s’agit de s’interroger sur l'ensemble des compétences que nous avons au niveau du territoire, comment on pouvait en faire une politique globale. Ce qui est ressorti, c'est qu'il faut prendre en compte l'ensemble des habitants du territoire. C'est ainsi que le territoire de la côte Ouest est devenu le territoire de l'Ouest, parce qu'on n'est pas tous sur la côte. Au contraire, il y a beaucoup plus d'habitants sur l'ensemble du territoire que sur la côte. Et puis, nous avons changé le logo pour montrer aussi qu'il y avait un élément qui manquait. Il y avait bien sûr la mer, on est au milieu de l'océan, il y avait la nature avec le verre, mais il manquait la proximité, il manquait l'humain, il manquait la terre. Et cet élément apparaît aujourd'hui dans notre visuel, dans notre logo. La dimension humaine devait être davantage prise en considération d’autant que l'intercommunalité s'occupe de plus en plus du quotidien, entre le transport urbain et scolaire, la gestion des déchets, la gestion de l'eau et l'assainissement, et de la culture.

Découvrez l’univers de la marque territoriale Territoire de l’Ouest-Ile de La Réunion

Outremers 360 : Dans cette nouvelle communication, nouvelle identité, nouveau nom, le territoire de l'Est affirme avec sa marque territoriale le territoire de l'Est, île de la Réunion. Pouvez- vous nous expliquer cette position?

Emmanuel Séraphin : À La Réunion, personne ne fait référence à Île de la Réunion. Nous avons décidé de le notifier parce que dans nos actions de coopération, et même au niveau national, quand vous dites Territoire de l'Ouest, cela peut être la Bretagne. La mention Territoire de l'Ouest- île de la Réunion permet pour nos actions de coopération, de bien signifier que que nous sommes dans un environnement au niveau de l'océan Indien.

Rencontre du Président des Intercommunalités de France Sébastien Martin avec les réprésentants des Intercommunalités des Outre-mer © DR

 

«Les Outre-mer, source d’inspirations en matière de transition écologique» pour le Président des Intercommunalités de France Sébastien Martin

Sébastien Martin, le Président des Intercommunalités de France  avec Emmanuel Séraphin, le Président du Territoire de l’Ouest © Outremers360

«J’ai été très content d’accueillir Emmanuel Séraphin, président du Territoire de l’Ouest à l’occasion de ce congrès des intercommunalités de France. Il y a quelques mois en arrière, il m’a accueilli à La Réunion avec les élus communautaires pour évoquer le projet du territoire, et les travaux qu’ils réalisent en matière de l’eau et de gestion des digues, mais aussi les aménagements portés sur tout ce territoire. Cela a permis de rappeler à travers ce congrès que les Outre-mer sur le sujet des transitions écologiques et sur tout autre sujet, sont en avance dans notre pays et peuvent être une source d’inspirations. les congressistes ont été très heureux de partager les expériences et le vécu des élus de La Réunion et plus particulièrement du Territoire de l’Ouest.» a indiqué Sébastien Martin, Président du Grand Chalon (Saône-et-Loire) et Président des Intercommunalités de France.

Le Président des Intercommunalités de France a notamment salué l’implication du Territoire de l’Ouest pour faire face aux effets du changement climatique. «Lors de ce déplacement, j’ai été marqué par l’ampleur des investissements faits pour lutter contre les inondations par ruissellement avec cette plateforme sur laquelle nous nous trouvions. Emmanuel Séraphin m’avait raconté les investissements portés sur le territoire pour s’adapter à ces questions. Cela restera un moment marquant de ce déplacement».