À La Réunion, le PIB a augmenté de 1,7% en euros constants en 2023, soit 5,4% en valeur. Cette croissance économique est plus modérée que celle de l'année précédente (+2,6%) et qu'avant la crise sanitaire (+2,5% en moyenne entre 2014 et 2019). Il s'agit du rythme de croissance le plus faible de la décennie, à l'exception des années 2018 (crise des gilets jaunes) et 2020 (crise du Covid-19).

 D’après les Comptes Économiques Rapides pour l’Outre-mer (Cérom), « toutefois, la croissance économique est plus dynamique en 2023 à La Réunion qu’au niveau national (+0,9%). En 2023 à La Réunion, le PIB par habitant s’élève à 26 300 euros. Il progresse de 4,8% en valeur après avoir augmenté de 5,8% en 2022 ». Même si l'inflation reste élevée à +3,1%, touchant tous les grands postes de consommation, elle diminue légèrement par rapport à 2022 (+3,6%). Elle est aussi inférieure à l'inflation nationale (+4,9%). Les prix des produits alimentaires sur l'île augmentent de 7,6%, représentant un tiers de l'inflation globale, alors qu'au niveau national, les prix alimentaires augmentent davantage (+11,8%).

En 2023, les importations de biens et services à La Réunion ont diminué de 3,6% en valeur, après une forte hausse de 20% l'année précédente due à l'inflation. Hors effet prix, les importations baissent de 4%. Les exportations, quant à elles, chutent de 7,5% en valeur et de 16,8% en volume par rapport à 2022. L’île a importé pour 7,1 milliards d’euros de biens et exporté pour 405 millions d’euros, y compris des produits sous entrepôt douanier, tels que les poissons de la pêche australe.

Par ailleurs, « en lien avec une campagne sucrière mitigée, les exportations de sucre chutent en valeur de 30%, celles de rhum diminuent de 5 %. De même, les exports des poissons issus des mers australes baissent de 6%. De plus, les exportations de produits fruitiers chutent de 30%, du fait notamment d’une plus faible production de letchis », ajoute le Cérom. En 2023, la création d'emplois salariés ralentit également à La Réunion, avec 3 700 nouveaux emplois, contre 5 800 en 2022 et 14 000 en 2021. Cependant, la croissance de l'emploi reste plus forte sur l'île (+1,3%) qu'au niveau national (+0,6%). Ce ralentissement est principalement dû au secteur privé, où l'emploi n'augmente que de 1,3% (2 600 emplois créés) contre 3% en 2022. Les secteurs les plus touchés sont la construction et l'hébergement-restauration.

Selon le Cérom, « la consommation des ménages progresse de 1,6% en volume, à un rythme légèrement en deçà de 2022 (+1,8%) et contribue pour 0,9 point à la croissance du produit intérieur brut (PIB). Elle est permise par la hausse globale du revenu disponible (+5,4%) sous l’effet de la hausse des salaires, des prestations sociales et des créations d’emplois. Le pouvoir d’achat par habitant progresse de 1,5% ». En outre, en 2023, malgré une augmentation du coût de financement, l'investissement progresse de 2,5% en volume, après une baisse de 0,7% en 2022. Il contribue positivement à la croissance du PIB (+0,5 point). Les importations de biens d'équipements augmentent de 5,6% sur l'année, et l'investissement public est particulièrement dynamique, notamment grâce aux collectivités locales et à l'achat d'équipements lourds.

Dans un secteur important pour l’île, les dépenses des touristes ont continué d'augmenter en 2023, suivant la reprise amorcée en 2022. Les aéroports de La Réunion ont accueilli 2,7 millions de passagers, soit 15% de plus qu'en 2022, dépassant pour la première fois le niveau d'avant la crise sanitaire. Cette hausse est principalement due à la reprise des vols internationaux, qui représentent un tiers du trafic. Le nombre de passagers sur ces lignes a augmenté de 57%, se rapprochant des niveaux d'avant la crise.

« Cela ne profite cependant que partiellement au secteur hôtelier », note cependant le Cérom. « Ainsi, malgré une clientèle étrangère plus nombreuse, le nombre de nuitées dans les hôtels et autres hébergements collectifs touristiques baisse de 2% par rapport à 2022. C’est particulièrement le cas en juillet-août, pendant l’hiver austral, et dans les zones plus touristiques du Sud et de l’Ouest de l’île ». Ainsi, les créations d’emplois dans le secteur de l’hébergement et la restauration ont fortement ralenti : seuls 200 emplois ont été créés en 2023 (+1,2%), après un important regain après la crise sanitaire.

PM