Depuis plusieurs mois, Mayotte fait face à une raréfaction de l’eau sans précédent. Les premières coupures, apparues il y a presque un an, se sont renforcés malgré l’intervention de l’État. Récemment, l’eau n’est disponible que 18 heures sur 3 jours. La situation, critique, demande la mise en place de nombreuses mesures. Philippe Vigier, ministre délégué des Outre-mer, était invité sur le plateau de nos confrères de Mayotte la 1ère pour faire le point sur les chantiers et faire de nouvelles annonces.
« Je suis là au moment où c'est le plus dur pour les Mahoraises et les Mahorais, nous sommes au pic de la crise. 54 heures sans eau », affirme Philippe Vigier, en ouverture.
Face à la grogne et à l’exaspération des Mahoraises et Mahorais, le ministre délégué des Outre-mer fait le point sur les chantiers et annonce la mise à disposition de bouteilles d’eau pour tous les habitants, d’ici 3 semaines : « À l’heure où je vous parle, c’est 5 700 m3 en plus, avec plein de travaux qu’on a fait sur les fuites, les interconnexions, la désalinisation. Ce sont des bouteilles d’eau, données à 51 000 personnes fragiles et sensibles, un engagement que j’ai pris le 2 septembre, il est tenu et on va plus loin. À l’heure où je vous parle, ce sont les enfants des écoles qui commencent à avoir des bouteilles d’eau que nous leur donnons, là où les écoles ne sont pas connectées à l’eau. On va encore plus loin, le 20 novembre, dans 3 semaines, l’ensemble des Mahoraises et des Mahorais aura la possibilité d’avoir des bouteilles d’eau ».
Une première annonce, rapidement suivie par une seconde, au sujet des usines de désalinisation, très attendues : « Il y aura bien des usines de désalinisation. Il n’y aura jamais d’eau au robinet des Mahoraises et des Mahorais si on n’arrive pas à dessaliniser l’eau de mer. Et je vous annonce quelque chose, c’est que j’ai tous les accords, administratifs et techniques, pour qu’on mette un osmoseur provisoire dans l’année 2024 ». Un osmoseur provisoire qui doit être installé au printemps prochain, évoque le ministre, en attendant la mise en œuvre de l’osmoseur principal, prévu pour 2025 : « En parallèle, je vous annonce que sur le grand osmoseur qu’on doit mettre à Ironi Bay, on a des candidatures, on va analyser les offres dans les toutes prochaines semaines, et on va lancer les travaux en 2024 pour être opérationnel en 2025 ».
400 millions d'euros d'ici 4 ans
Alors que l’Etat avait annoncé la mise en œuvre de 2 millions d’euros de fonds d’urgence, Philippe Vigier est revenu sur ce chiffre, évoquant la forte hausse du budget alloué, représentant l’important soutien de l’Etat au territoire selon le ministre, annonçant un budget total de 400 millions d’euros : « À la fin de l’année 2023, ce n’est pas 2 millions, c’est 70 millions d’euros que l’Etat aura mis sur la table, parce qu’on paye tous les travaux (…) l’Etat a tout payé, mais on ne fait pas que cela. Écoutez le chiffre, 400 millions d’euros sur la table, qui vont être mis d’ici 4 ans ».
Autre confirmation, celle de la création d’une troisième retenue d’eau collinaire, un projet de longue date sur le territoire, qui viendrait s’ajouter aux deux retenues existantes, annoncées comme potentiellement à sec dans une dizaine de jours : « Deux choses, la première, c’est vrai qu’elles seront à sec d’ici 10 ou 15 jours, sauf s’il pleut (…) mais je vous annonce officiellement, que la troisième retenue collinaire, ça y est, elle est décidée, on la fait, l’enquête publique démarre ».
Malgré ces annonces, le territoire manque d’eau, et la situation est loin d’être réglée pour les Mahoraises et Mahorais. Une inquiétude et un agacement que comprend le ministre, qui martèle que le maximum est fait dans le temps imparti : « Depuis le 1er septembre, on en produit plus, mais on n’en produit pas assez, puisqu’à l’heure où je vous parle, les besoins, c’est minimum 30 000 mètres cube par jour, on en produit 20 000, donc il en manque, c’est pour ça qu’on est obligé de couper l’eau. Mais avec toutes les mesures que nous prenons, et j’entends les Mahoraises et les Mahorais que c’est long, qu’ils en ont marre d’attendre, et je les comprends (…) n’oubliez pas que la première ministre a décidé, sur la proposition de Gérald Darmanin et sur ma proposition, que les Mahoraises et Mahorais ne paieraient pas la facture d’eau en septembre, octobre, novembre et décembre, et je m’engage ici, si en janvier il n’y’a pas d’eau qui coule au robinet, on prendra en charge la facture. On accélère sur les travaux, mais je ne peux pas aller plus vite ».
Enfin, le ministre a également évoqué les besoins et attentes quant aux écoles du territoire, et aux besoins sanitaires face à la désertification médicale. Sur le premier point, le ministre délégué des Outre-mer rappelle la mise en place d’un budget de 130 millions d’euros par an pour les écoles par l’Etat, mais rappelle que : « L’argent est disponible, le préfet a reçu son mandat. L’objectif, il est très simple : construire des écoles, des classes, pour les lycéens, les collégiens, l’école maternelle. Mais ce n’est pas l’état qui construit les écoles, il ne faut pas qu’on se trompe sur tout ça (…) Nous disons aux élus locaux : on est mobilisé, on vous aide, l’argent est disponible, il vous appartient de pousser les travaux et de faire en sorte qu’on puisse le plus rapidement possible avoir les écoles ».
Sur le second point, Philippe Vigier évoque l’arrivée prochaine de 47 membres de la réserve sanitaire, afin de prêter main forte aux équipes locales : « C’est vrai qu’on manque de personnel. À plusieurs reprises, je suis intervenu auprès de la réserve sanitaire, des hommes et des femmes qui viennent de l’Hexagone pour aider. Il y en a 47 qui arrivent. Je crois que c’est la 11e campagne où il y a des professionnels de Santé qui viennent donner un coup de main ».
Damien Chaillot