Lors des questions au gouvernement ce mardi, le député de la Réunion Jean-Hugues Ratenon (LFI) a fait part de ses inquiétudes quant à un « rapprochement capitalistique » de la compagnie internationale réunionnaise Air Austral avec la compagnie Corsair, laissant craindre « la perte » d’un moyen stratégie pour le désenclavement de l’île.

« A l’instar de Corsair ou d’Air France avant la mise en œuvre de dispositifs exceptionnels par l’État, la compagnie Air Austral se trouve aujourd’hui confrontée à une situation de trésorerie très tendue, qui la place dans une situation de péril imminent » a reconnu le député réunionnais, soulignant que « les besoins de trésorerie revêtent donc un caractère d’urgence ». 

« Or l’État conditionne l’activation et la poursuite de ces aides à un rapprochement capitalistique Corsair » regrette le député. Un « scénario » qui selon lui, « se traduirait par la disparition d’Air Austral dans son identité réunionnaise et pour La Réunion, la perte de la maîtrise du moyen essentiel de son désenclavement ». « La survie d’Air Austral représente aussi bien un enjeu national qu’un enjeu stratégique majeur pour le développement de La Réunion », a-t-il insisté, rappelant également un enjeu « social » pour les 900 salariés de la compagnie. 

Sans pour autant balayer la nécessité d’une « restructuration capitalistique » d’Air Austral, comme envisagé par son principal actionnaire, la Région via la Sematra, Jean-Hugues Ratenon appelle à ne pas sacrifier « l’avenir d’une compagnie qui est un des fleurons de la France dans l’Océan Indien ». « Je vous demande de mobiliser toutes les aides de l’État afin qu’Air Austral puisse passer le cap de ces difficultés sans conditionner ces aides à un mariage forcé (…) avec Corsair ».

« Le gouvernement est mobilisé depuis le début de la crise » a répondu le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, rappelant la mise en place des PGE ou de l’activité partielle longue durée, dont a bénéficié la compagnie réunionnaise, outre un « gel des passifs publics » et un « prêt d’urgence de 20 millions d’euros ». « Il y a des discussions qui portent sur un accord commercial avec Corsair, sous l’égide de l’autorité de la concurrence, qui peuvent permettre non seulement de maintenir un bon niveau de desserte, mais aussi d’éviter une pression sur les prix à la hausse » a poursuivi le ministre.

« Nous continuerons d’être aux côtés de la compagnie Air Austral, de préserver la desserte et la continuité territoriale et de nous assurer qu’une saine concurrence s’exerce sur cette zone au bénéfice notamment des opérateurs du secteur », a-t-il conclu. En parallèle, la Sematra, société d’économie mixte détenant majoritairement la compagnie aérienne réunionnaise Air Austral, a tenu son Conseil d’administration le même jour, évoquant par ailleurs ce rapprochement avec Corsair.