Entamé en 2021, les travaux de la Nouvelle Aérogare Ouest, pour les arrivées à l’Aéroport international Roland Garros, entrent dans leur dernière phase de chantier pour être livrés début 2024. Une aérogare bioclimatique, en phase avec la transition énergétique de l’île, pour offrir aux passagers « une expérience sensorielle hors du commun ».
« C’est un projet profond, ancré en nous qui va connaître un premier aboutissement dans quelques mois » a déclaré le président du Directoire, Guillaume Branlat. Avec une croissance constante, l’aéroport réunionnais, 11ème de France et 1er des Outre-mer, avait besoin de s’étendre et accueillir les visiteurs de l’île de façon optimisée. Construite en 1975, l’aérogare va s’offrir un nouvel écrin pour ses arrivées, et ainsi entamer une nouvelle dynamique, entre l’augmentation des flux passagers et la nécessaire transition énergétique engagée par l’île.
En 2022, la première porte d’entrée de l’île a accueilli 2,3 millions de passagers. En 1993, ils étaient un million, puis 2 en 2011 et jusqu’à 2,5 en 2019, avant la crise sanitaire. Et avec une reprise soutenue en 2022, tout porte à croire que l’Aéroport Roland-Garros continuera à accueillir davantage de passagers, jusqu’à 3 millions à l’horizon 2030 et peut-être plus, notamment parce que l’île est une destination « rassurante et sûre ». Une « nécessité évidente » donc, d’autant que cette nouvelle aérogare permet à l’aéroport de mettre aux dernières normes, « standard 3 », son système de tri-bagages.
« Le critère prioritaire était d’accueillir les passagers dans de bonnes conditions », nous a expliqué Guillaume Branlat, citant à la fois « la qualité de service et le bon dimensionnement par rapport au trafic ». « Très vite, on s’est dit qu’on devait aussi porter un projet exemplaire en matière d’impact environnemental parce que La Réunion est une île fabuleuse, inscrite au Patrimoine mondial, et l’aéroport, en tant qu’outil symbolique et endroit où l’on pose le premier pied, se devait d’être exemplaire », a-t-il poursuivi. Guillaume Branlat a présenté ce mercredi la Nouvelle Aérogare à Paris, avec les architectes d'AIA, et en présence notamment de Claire Dreyfus-Cloarec, présidente du conseil de surveillance de l'aéroport, du député de l'île Jean-Hugues Ratenon et du président de la CCI Pierrick Robert.
Pour cela, l’Aéroport a fait appel à l’entreprise AIA Architecte qui a conçu cette aérogare bioclimatique. En somme, l’architecture se sert de la ventilation naturelle créée par les vents dominants d’Est pour déjà acclimater le passager dès son arrivée et surtout, éviter les dépenses et les consommations énergétiques en climatisation, et viser la neutralité carbone à l’horizon 2028. La forme de la toiture, en vague, avec ce canyon dessiné sur la partie ouest du bâtiment permet de créer un « puits dépressionnaire » aspirant l’air entré par la façade Est, lui-même rafraîchi par des végétaux entourant la bâtisse. La structure a notamment été testée, à la fois en termes de circulation des vents et de l’air mais aussi sur sa résistance aux cyclones.
Identité réunionnaise et expérience sensorielle « hors du commun »
Pour garantir la « protection solaire » et le « confort thermique », les architectes ont pensé au principe des varangues réunionnaises, ces extensions de toitures qui s’allongent au-delàs du bâtiment à l’image de nombreuses maisons de l’île, ainsi qu’à des vitrages et des jalousies solaires. Jean-Louis Hoareau, directeur de projet, l’assure, cette Nouvelle Aérogare Ouest, « ne consommera quasiment pas d’électricité », hormis toute la partie concernant le tri des bagages ou encore les bureaux comprenant ordinateurs et autres machines nécessitant d’être protégés du climat tropical chaud et humide.
En plus de cette forte dimension bioclimatique, la nouvelle aérogare revendique aussi une « identité singulière et forte » et, bien naturellement, une identité réunionnaise. Forme, mixité des matériaux entre bois et structures métalliques, plantes suspendues, larges façades vitrées : tout a été pensé pour offrir « une expérience sensorielle hors du commun aux passagers », pour susciter « l’effet wow » espère Éric Bussolino, du cabinet d’architecture AIA. La façade sud donne notamment une vue panoramique sur les montagnes verdoyantes de l’île, rappelées par la végétation qui ornera l’intérieur et entourera l’extérieur de l’aérogare. Une végétation endémique choisie en lien avec le conservatoire régional de la biodiversité. Petite extravagance, un « skybar » côté piste accueillera voyageurs et accompagnateurs qui pourront admirer les avions décoller et atterrir sur l’île.
D’un budget total de 65 millions d’euros, à 60% financé par le fonds européen FEDER, cette Nouvelle Aérogare de l’Ouest sera « une première mondiale en milieu tropical soumis aux cyclones ». Ce chantier a en outre permis de mobiliser grandes, moyennes et petites entreprises de La Réunion : « 91% des entreprises mobilisées sont locales » assure-t-on. La Nouvelle Aérogare Ouest, 13 200 m2, devrait être livrée fin 2023 pour entrer en service le 14 février 2024. Concernant la partie qui servait aux arrivées dans l’actuelle aérogare, soit 3 900 m2, celle-ci sera reconfigurée, restructurée au bénéfice des départs et des enregistrements.