À la découverte du patrimoine de Mayotte : La Mosquée de Tsingoni

À la découverte du patrimoine de Mayotte : La Mosquée de Tsingoni

À la découverte ou redécouverte du patrimoine des territoires ultramarins, durant ce mois de juillet et août, Outremers360 vous propose une série sur le patrimoine riche et varié des Outre-mer. Toute la semaine, Outremers360 vous emmène à l’île aux parfums, Mayotte, et fait un zoom sur la plus vieille mosquée en activité de France, la Mosquée de Tsingoni. 

Nichée dans le village de Tsingoni dans la région Centre-Ouest de l’île. Tsingoni a été la capitale des sultans de Mayotte au 16e siècle, une ville importante politiquement et religieusement.  C'est le sultan Ali ben Mohamed dit Aïssa, qui décide de son embellissement, ce qui lui vaudra le nom de mosquée royale.  L’édifice religieux est un exemple de la culture shirazienne à Mayotte. Il s’agit du point de diffusion de l’islam à Mayotte par les marchands swahilis, arabes et perses. 

La date exacte de construction de la première mosquée sur le site de Tsingoni est inconnue. Les fouilles réalisées en octobre 2016 ont constaté la présence d’un édifice cultuel au 16e siècle, ce qui en fait une contemporaine de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Mais les premières preuves écrites décrivent la présence de la mosquée en 1521. 

Cependant, la première date connue avec certitude est celle de l’édification du mirhab qui remonte à 1538. Bien avant la mosquée Noor-el-Islam de Saint-Denis à La Réunion, construite en 1905 ou la grande mosquée de Paris inaugurée en 1926. 

L’élément le plus remarquable est le mirhab, la niche architecturale pratiquée dans le mur et qui orientée vers La Mecque, composé de blocs de corail sculptés, avec des moulures et des décors géométriques, intégrés au mur de la qibla. Sa baie est surmontée d’un arc tréflé et d’un arc cissoïde, et une voûte coffrée et cannelurée surmonte l’édifice. 

La décoration polychrome était régulièrement repeinte lors des fêtes, et des décorations antérieures restent à découvrir. Les deux inscriptions sur les blocs de corail ont été découvertes en 2006 lors de travaux. Elles ont confirmé les sources indirectes sur le sultan commanditaire des travaux et la date de l’inauguration (1538, soit 944 de l’Hégire).

En pleine rénovation depuis 3 ans, une fouille archéologique est également menée par sept archéologues de l’Inrap Institut national de recherches archéologiques préventives) et une restauratrice, pour l’analyse des couches picturales, du 3 juillet au 31 août 2023. Cette intervention a pour objectif de de comprendre la genèse et l’évolution de ce bâtiment, tout en s’attachant à déterminer la succession des phases d’occupation et de construction.

La mosquée et les deux mausolées shiraziens et le sol, ont été inscrits aux monuments historiques par arrêté du 19 décembre 2012, Ce même périmètre a ensuite été classé par arrêté du 25 mars 2015. Enfin, le minaret a été inscrit par arrêté du 7 avril 2017.

M.M.