14ème Forum économique des Îles de l’océan Indien à Mayotte : Économie régionale durable, le cap est fixé

14ème Forum économique des Îles de l’océan Indien à Mayotte : Économie régionale durable, le cap est fixé

La 14ème édition du Forum économique des Îles de l’océan Indien s’est tenue du 5 au 7 novembre à Dembéni, Mayotte. Co-organisé par Cap Business Océan Indien et l’Agence de Développement et d’Innovation de Mayotte (ADIM) en lien avec l’Association Mayotte Technopole et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte, cet événement s’est une fois de plus avéré être le principal rendez-vous régional dédié à la coopération économique du secteur privé. Il a bénéficié du soutien de l’Agence Française de Développement (AFD), du Département de Mayotte, et du programme Interreg Canal du Mozambique.

Cette édition a réuni, au sein du tout nouveau Technopole de Mayotte, des experts, décideurs et acteurs économiques de Madagascar, Comores, Mayotte, Seychelles, La Réunion et Maurice. En sus des six territoires du bassin du sud-ouest de l'océan Indien, des représentants de territoires du continent africain comme le Kenya et le Mozambique, et de l'Union européenne, des marchés stratégiques pour le commerce de la zone océan Indien, étaient aussi présents. Les perspectives de développement économique durable à travers une coopération renforcée et l’optimisation des ressources régionales, ont été explorées.

Un thème central « Produire Régional »

Le forum sous le thème « Produire Régional », a mis en exergue le potentiel considérable de la zone, riche de sa diversité culturelle, environnementale et économique et qui offre une base solide pour le développement de chaînes de valeur régionales. La production locale a été au cœur des discussions, tant pour réduire la dépendance aux intrants externes que pour maximiser les opportunités sur les marchés internationaux et régionaux.

Jour 1 : Une ouverture riche en perspectives

La première journée a débuté par une cérémonie protocolaire suivie d’une session inaugurale marquée par des interventions de personnalités influentes, dont : Dr Baomiavotse Vahinala Raharinirina, maître de conférences à l’université de Fianarantsoa et ancienne ministre de l’Environnement et du développement durable de Madagascar, Jean-Claude Brunet, ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone de l’océan Indien et Florence Mar Picart, directrice de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer à Mayotte.

Ces interventions axées sur la création de chaînes de valeur communes pour l’économie verte et bleue tout en protégeant et valorisant les ressources, la résilience économique et environnementale face au changement climatique, sur l’économie et les opportunités régionales comme faire de l’océan Indien un laboratoire pharmaceutique mondial en valorisant les plantes médicinales de la région, ou encore sortir des approches en silo pour construire une identité forte et unifiée de la région, ont ouvert la voie à des discussions.

Les tables rondes et ateliers de travail ont permis de plonger dans des thématiques clés. Parmi elles : l’extension du droit OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires) au sud-ouest de l’océan Indien. Cette initiative vise à renforcer l’intégration économique et les liens d’affaires de nos territoires insulaires. En deuxième lieu, la dépendance aux intrants agricoles non-régionaux, un défi critique pour les îles, abordé avec des solutions axées sur la durabilité et la résilience. Troisièmement, les touristes comme consommateurs de produits régionaux, mettant en lumière le rôle du secteur touristique dans la promotion des produits locaux. Pour finir, l’emballage durable et le stockage sous les tropiques, avec un accent particulier sur les solutions innovantes et respectueuses de l’environnement.

La première journée s’est conclue par des rencontres B2B et un cocktail de bienvenue, favorisant les échanges informels entre participants.

Jour 2 : Transition écologique et connectivité régionale

La deuxième journée a approfondi les opportunités offertes par une transition écologique. Les débats ont mis l’accent sur la création de produits à forte valeur ajoutée grâce à des pratiques durables et innovantes. Les discussions ont notamment porté sur : l’amélioration de la desserte aérienne des îles, essentielle pour connecter les bassins de production régionaux aux marchés internationaux. Puis, sur les routes maritimes, véritable ossature du commerce régional, et leur rôle stratégique dans le transport de marchandises.

Ateliers : de l’artisanat au capital humain

L’artisanat régional a été au centre des discussions, avec un atelier qui a exploré les moyens de développer cette filière tout en préservant les ressources naturelles. Des entrepreneurs et experts ont partagé leurs expériences et les solutions explorées face aux défis rencontrés. Par ailleurs, un autre atelier a mis en avant l’importance d’investir dans le capital humain pour renforcer la compétitivité régionale. En identifiant les besoins de formation et en plaçant l’humain au centre des stratégies, cet atelier a ouvert la voie à une montée en gamme durable des produits locaux.

La deuxième journée a aussi vu une table ronde dédiée au programme Varuna, soutenu par l’Agence Française de Développement et mis en œuvre par Expertise France. Des initiatives inspirantes visant à freiner l’érosion de la biodiversité dans le sud-ouest de l’océan Indien. Dix projets exemplaires, portés par des entreprises privées en collaboration avec des organisations civiles, ont démontré comment concilier croissance économique et préservation de l’environnement. Cette session a également permis de renforcer le dialogue entre entreprises, financeurs et associations, un levier essentiel pour intégrer durablement la biodiversité dans les stratégies économiques.

Jour 3 : Pitch start-ups, visites d’entreprises et clôture

Les participants ont eu l’occasion de visiter quatre sites ou entreprises locales dont le Data center de Mamoudzou, le Port de Longoni, le site photovoltaïque d’Akuo et le Pôle d’Excellence Rurale. Ces constats de visu ont mis en lumière des initiatives en matière de production régionale, de durabilité et de développements économiques. Ces visites ont aussi permis un partage de connaissances et savoir-faire, à travers des échanges B2B. L’heure était aussi au renforcement des synergies entre nos territoires et à la création de partenariats pour renforcer les collaborations régionales.

Innovation et économie circulaire

Au chapitre des initiatives axées sur l’innovation, une table ronde sur l’autonomie énergétique a permis de réfléchir à des stratégies de décarbonation adaptées aux réalités locales. Autre moment phare ce jour-là, la visibilité régionale à laquelle ont eu droit plusieurs jeunes entreprises de divers domaines comme le tourisme, l’économie circulaire, l’agriculture et la technologie. Ces start-ups innovantes de l’Indianocéanie qui souhaitent accélérer leur croissance et renforcer leurs partenariats, ont pu promouvoir leur projet, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles opportunités de production régionale par le biais de technologies ou de modèles commerciaux innovants. L’atelier Fresque de l’économie circulaire a quant à lui souligné la nécessité de transformer les modèles linéaires en systèmes circulaires.

Un succès pour la coopération régionale

Réparti sur trois jours, le 14e Forum économique des îles de l’océan Indien a permis de rassembler plus de 250 participants au plus fort de sa fréquentation, offrant une riche programmation : huit tables rondes, sept ateliers de travail, plus de 50 intervenants et plus de 80 rendez-vous B2B. Un taux de participation qui confirme l’importance de la coopération régionale pour relever les défis communs et saisir les opportunités de développement. En favorisant les échanges d’idées, le renforcement des partenariats et la valorisation des ressources locales, le forum a tracé une voie claire vers un avenir économique durable pour la région. Rendez-vous est donc pris l’année prochaine aux Comores pour le 15e FEIOI qui sera accueilli par l’Union des Chambres de Commerce d’Industrie et d’Artisanat des Comores (UCCIA), avec l’ambition renouvelée de bâtir un avenir prospère et solidaire pour toutes les îles.

À propos de Cap Business Océan Indien

Cap Business Océan Indien, acteur clé de la coopération économique régionale, est une association créée en 2005. En tant qu’organisation regroupant les chambres de commerce et d’industrie ainsi que des organisations professionnelles des six îles de l’océan Indien, à savoir les Comores, Madagascar, Maurice, Mayotte, La Réunion et les Seychelles, elle est aujourd’hui un des porteparoles du secteur privé de la région sur de nombreux dossiers relatifs aux enjeux communs aux territoires de la zone.

L’association est de droit mauricien et est enregistrée sous l’appellation Union des Chambres de Commerce et d’Industrie de l’océan Indien (UCCIOI). Elle a reçu un financement de l’Agence française de développement (AFD) en novembre 2021 pour la mise en œuvre de sa Feuille de Route 2021-2026. Sur base de cette dernière, l’association entend renforcer son action vers la mise en œuvre de solutions régionales plus justes, durables et résilientes.

À propos de l’ADIM

Créée en 2016, l’Agence de Développement et d’Innovation de Mayotte (ADIM), est un groupement d'intérêt public qui a pour objet le développement économique de Mayotte, et sa promotion en France et à l'étranger, dans le cadre des orientations définies par le Conseil Départemental de Mayotte et en complémentarité de l'action propre de ses services. Elle participe à l'essor d'une économie respectueuse de l'environnement, consciente de la raréfaction des ressources, soucieuse du bien-être humain et de l'équité sociale. Elle concourt à la compétitivité des entreprises mahoraises, en favorisant la recherche, l'innovation, et le transfert de connaissances et de technologies. Elle vise à l'amélioration de la cohérence de l'action du Conseil Départemental en proposant un cadre partenarial permettant de fédérer tous les acteurs, publics et privés. En somme, l'ADIM vise à promouvoir l'attractivité économique du territoire et à accompagner les entreprises dans leur compétitivité, ce qui passe par une meilleure connectivité avec les pays de la zone océan Indien. 

Damien Chaillot