L’Agence Régionale de Santé (ARS) de Guyane témoigne dans sa lettre pro, de l’avancée de certains projets relatifs à la lutte contre les violences sexuelles. Depuis avril 2022 et l’étude sur les violences faites aux femmes dans l’Est guyanais, de nombreux acteurs de la prise en charge des victimes travaillent à l’élaboration d’une feuille de route. Plusieurs projets ont été présentés ce mardi 6 juin 2022.
Les résultats de l’étude d’Oyapock Coopération Santé (OCS) sur les violences faites aux femmes dans l’Est guyanais décrit la banalisation et la fréquence des viols conjugaux, les difficultés rencontrées pour protéger les victimes, ou encore la confrontation quasi-quotidienne des professionnels de santé avec ce phénomène.
Des résultats qui semblent avoir déclenché une prise de conscience, à la suite de laquelle l’élaboration d’une feuille de route contre les violences sexuelles, à l’échelle de tout le territoire, a été décidée.
Les travaux, débutés en avril, se sont tout d’abord concrétisés par la rédaction de fiches réflexes, diffusées aux établissements de santé et aux ordres professionnels, pour faciliter les dépôts de plainte.
Ce mardi 7 juin 2022, il s’agissait de poursuivre le travail engagé, en présence des associations de prévention des violences sexuelles et d’aide aux victimes, des sages-femmes du réseau Périnat, de la Protection Maternelle et Infantile (PMI), du Planning familial, des services sociaux, des magistrats ou encore d’Isabelle Hidair-Krivsky, déléguée régionale aux droits des femmes et à l’égalité.
Objectif : aboutir à une feuille de route qui sera présentée en novembre 2022 et fixera les orientations pour les deux années suivantes. Actuellement, trois projets sont en cours d’élaboration.
Le premier, la création d’une formation de deux jours à la connaissance, au repérage et à la prise en charge des violences sexuelles à destination notamment des professionnels de santé. Celle-ci devrait avoir lieu en septembre 2022 à Cayenne et en janvier 2023 à Saint-Laurent-du-Maroni, par le biais du réseau Périnat, l’Arbre fromager et l’Association guyanaise d’aide aux victimes (Agav).
Le second, la traduction et l’adaptation à la Guyane du violentomètre, un outil créé en 2018 par la Mairie de Paris, l’Observatoire de Seine-Saint-Denis des violences faites aux femmes et l’association En Avant Toute(s) pour aider à repérer la violence dans le couple.
Enfin, la réalisation d’une Bande Dessinée pour parler des violences sexuelles aux adolescents.
La moitié des victimes ont moins de 13 ans, la majorité des agresseurs issus du cercle proche
Afin de dresser un bilan des victimes de violences sexuelles, le Dr Victoire Menseau a étudié 400 dossiers traités par l’unité médico-judiciaire de l’hôpital de Cayenne en 2019 et 2020.
Ses travaux ont fait l’objet de sa thèse soutenue en début d’année, présentés aux Journées des soignants, le mois dernier.
Parmi les 400 victimes, on compte 7 femmes pour 1 homme. Une victime sur deux avait moins de 13 ans ; les garçons étant généralement plus jeunes que les filles. Les tranches d’âge les plus représentées étaient les 5-10 ans chez les hommes et les 10-15 ans chez les femmes. La très large majorité étaient nées en Guyane 69,9 %.
L’agresseur est quasi exclusivement un homme (99,2 %) et très souvent connu de la victime (86,7 %). Il s’agissait généralement d’un ami ou connaissance (24 %), du conjoint ou de l’ex-conjoint (10 %), du beau-père (9 %), du père (8 %), de l’oncle (8 %), du frère (7 %), d’un cousin (4 %). 60 % des faits se sont déroulés au domicile de la victime.
Damien CHAILLOT