Le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) vient de publier une étude exhaustive sur la situation des familles, des enfants et des personnes âgées vulnérables dans les départements et régions d'Outre-mer (Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique et Mayotte). L’organisme fait aussi toute une série de recommandations dans le but de résorber les inégalités constatées.
Il va sans dire qu’une grande diversité caractérise la situation des territoires ultramarins. Ils possèdent cependant des points communs pour ce qui relève de leur différence avec l’Hexagone. En particulier, le HCFEA souligne que « les caractéristiques socio-économiques de la population de ces cinq territoires sont nettement plus défavorables que celles de la métropole, qu'il s'agisse des revenus, du taux de pauvreté monétaire, de l'emploi, du niveau d'éducation, de la santé et plus largement de l'ensemble des conditions de vie ». Par ailleurs, « la proportion de familles monoparentales est beaucoup plus élevée qu'en métropole, quel que soit le territoire ; la monoparentalité y est souvent une manière de faire famille comme une autre, et non une situation transitoire ».
Le rapport de 122 pages analyse à la loupe les spécificités des régions. Sur le plan démographique, le HCFEA note que la Martinique et la Guadeloupe connaissent une décroissance et une forte émigration des jeunes. Ces deux îles « font désormais partie des territoires les plus âgés de France », constate-t-il. À l’inverse, la Guyane et Mayotte font preuve d’un « dynamisme démographique exceptionnel », caractérisé par une fécondité élevée associée à une immigration importante de populations jeunes, ce qui fait de ces territoires les départements les plus jeunes de France. Quant à La Réunion, elle est dans un positionnement intermédiaire avec une fécondité encore dynamique, mais également une population qui vieillit en raison d’un solde migratoire négatif.
En ce qui concerne l’enfance, le Haut Conseil de la famille déplore qu’en Guyane et à Mayotte, de nombreux enfants de moins de six ans n'ont accès ni à l'école ni aux soins de santé de base. « En cause, l'absence de services à proximité, des difficultés de transport spécifiques et la non-inscription à l'école de certains enfants de parents étrangers ou mineurs isolés ». En outre, faute de structures adaptées comme des centres de Protection maternelle et infantile ou de médecine scolaire, une kyrielle de pathologies, dont de santé mentale, se développent. « La mortalité infantile est très élevée, les grossesses adolescentes plus fréquentes, et le suivi des grossesses insuffisant », écrit le HCFEA.
Les politiques de soutien à l'autonomie des personnes âgées dans les Drom sont aussi en question dans le rapport. Elles se distinguent par une situation domiciliaire de fait car la part de personnes âgées vulnérables en établissement est faible. La prise en charge de la perte d'autonomie est lourde, alerte le HCFEA : « Compte-tenu des évolutions démographiques, elle sera difficilement soutenable : par rapport à 2018, les dépenses publiques d'APA (allocation personnalisée d'autonomie, ndlr) en 2040 devraient être plus élevées de 208% en Martinique, 243% à la Guadeloupe et 246% à La Réunion (168% dans les départements métropolitains) ».
Après les constats, le Haut Conseil de la famille avance plusieurs propositions. Il recommande en premier lieu « de lancer un plan d'investissement massif et durable dans l'éducation, la formation, le développement économique et le logement » dans les Drom. Plus spécifiquement, l’institution préconise de verser les mêmes prestations familiales aux familles, quel que soit le territoire où elles habitent. Elle précise que « le complément familial versé dans les Drom devrait être destiné aux familles nombreuses modestes et aligné sur celui en vigueur en métropole ». Concernant Mayotte, le HCFEA demande qu'un calendrier précis de convergence des prestations familiales avec l’Hexagone et les autres Drom soit défini, et, plus globalement, de faire rentrer l’archipel dans le droit commun.
Dans les domaines de l’éducation et de la santé, particulièrement en Guyane et à Mayotte, le rapport prône la mise en place de « programmes pour lutter contre la non-scolarisation des enfants les plus précaires, et la déscolarisation des adolescentes, qui renforce les risques de grossesses précoces ». Il propose également des mesures d'appui aux équipes de prévention et de suivi de la santé des enfants (PMI, périnatalité, santé scolaire) et la pérennisation des intervenants formés localement. Par ailleurs, le HCFEA insiste sur la nécessité de « renforcer le traitement des données de santé et de scolarisation des enfants sur ces deux territoires ».
PM