Saint-Martin : L’activité économique renoue avec la croissance, selon l’IEDOM

Vue aérienne de Marigot, chef-lieu de saint-Martin ©Paul Sableman

Saint-Martin : L’activité économique renoue avec la croissance, selon l’IEDOM

Dans son rapport sur Saint-Martin portant sur l’année 2022, publié ce mois-ci, l'Institut d'émission des départements d'Outre-mer (IEDOM) observe que l’économie de la collectivité a enregistré une nette reprise après une période difficile due aux conséquences des ravages de l’ouragan Irma en 2017, suivie de la pandémie de Covid-19. Le tourisme, le bâtiment et les travaux publics (BTP) ainsi que les transports ont principalement soutenu le rebond de la croissance.

Moteur de l’économie saint-martinoise, le tourisme a connu une très forte augmentation en 2022 (+144,8% sur un an), tout en restant inférieure (-35,2%) à celle de 2019, qui avait connu une reprise spectaculaire après l’effondrement causé par l’ouragan Irma de septembre 2017. Au cours de l'année considérée, l'île dans son ensemble (parties néerlandaise et française) a accueilli plus de 1,3 million de visiteurs. Sur ce total, 1,2 million est arrivé en partie néerlandaise, contre près de 100.000 directement en partie française (aéroport de Grand-Case, port de Marigot), soit une augmentation de 76,4% (sachant que les passages entre Sint Maarten et Saint-Martin sont constants, compte tenu de l’ouverture intégrale de la frontière).

Cependant, relève l’IEDOM, « malgré l’offre de nombreux emplois, le secteur touristique de Saint-Martin souffre d’une pénurie de main-d'œuvre locale qualifiée, faute d’offre de formations appropriées. Les programmes de formation se déroulent principalement en Guadeloupe et ne répondent pas toujours aux besoins locaux ni aux bénéficiaires, majoritairement anglophones. Ce déficit de main-d’œuvre, cumulé à l’offre insuffisante de chambres d’hôtels (leur nombre reste inférieur à celui d’avant le passage de l’ouragan Irma), constitue un handicap face à la concurrence de la partie néerlandaise de l’île, dont l’offre d’hébergements répond mieux aujourd’hui aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante, essentiellement d’origine nord-américaine ».

Le secteur des transports est essentiellement dominé par la croisière et capté par la partie hollandaise de Saint-Martin, qui dispose du seul port en eau profonde de l’île. Sint-Maarten a ainsi enregistré une activité en hausse de +263% en 2022. « De façon certes beaucoup plus marginale, le port de Marigot situé en partie française a accueilli pour sa part 1139 croisiéristes en 2022 contre 738 en 2021 (+54,3%). Le port, qui ne dispose pas d’infrastructures autorisant l’accueil de paquebots à fort tirant d’eau, cible donc une clientèle haut de gamme voyageant sur des navires de petite taille (100 à 360 passagers) », souligne l’IEDOM. Pour l’organisme, Saint-Martin doit poursuivre ses investissements pour constituer une destination de choix, visant notamment un tourisme alternatif.

Imbriqué à l’activité touristique, le secteur du BTP est important pour l’économie saint-martinoise, et représentait 7,8% des emplois à la fin 2022. Après le passage de l’ouragan Irma, les travaux de reconstruction avaient redynamisé ce secteur durant deux ans environ, avant l’arrivée de la crise liée à la pandémie de Covid-19. « Pour autant, le secteur du BTP reste bien orienté, grâce notamment à une commande publique dynamique et un financement bancaire actif. Signe de cette relance, les effectifs salariés enregistrent une augmentation de 10,1% en 2022, après avoir diminué de 23,1% en 2021 », constate l’IEDOM.

Concernant les indicateurs généraux, le nombre de demandeurs d’emplois a légèrement baissé en 2022 (-1,5%), mais le taux de chômage reste élevé et représente plus d’un tiers de la population active. Comme dans d’autres territoires d’Outre-mer, le solde migratoire est structurellement déficitaire : « les départs d’une partie de la population jeune ou active, souvent diplômée, qui quitte l’île notamment pour la poursuite de ses études ou la recherche d’un emploi, ne sont pas suffisamment compensés par les arrivées. Cette tendance démographique, observée depuis plusieurs années, mais qui s’est accélérée après Irma, accroît naturellement la baisse et le vieillissement de la population saint-martinoise », écrit l’IEDOM.

Toutefois, l’institution se montre optimiste quant à l’avenir. Le secteur portuaire montre en particulier des signes encourageants de reprise, avec « des projets d'expansion du port de commerce prévus en 2023-2024, représentant un investissement de 150 millions d'euros et visant à permettre l’accueil de navires d’une plus grande capacité ». Par ailleurs, le tourisme a poursuivi son embellie au début de l’année 2023.

Mais de nombreux défis subsistent, relève l’IEDOM, « tels que la concurrence en termes d’attractivité exercée par la partie néerlandaise de l'île (grâce à ses infrastructures portuaires, aéroportuaires ou hôtelières beaucoup plus imposantes, Sint-Maarten est la véritable « porte d’entrée » des touristes sur l’île), l’effacement définitif des stigmates laissés par l’ouragan Irma (des épaves de voitures ou de bateaux sont encore visibles au bord des routes, de même que des bâtiments détruits et laissés à l’abandon), la rénovation et l’extension de l’offre en structures d’accueil touristiques (qui n’a toujours pas retrouvé ses capacités d’avant-Irma) ou encore la formation d’une main-d’œuvre qualifiée pour répondre aux besoins du secteur touristique et du BTP ».

Pour aller plus loin ► IEDOM Saint-Martin : rapport annuel 2022  

PM