Quelle place pour les Outre-mer dans le projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur 2022-2027 ?

Entrée du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, place Beauvau à Paris ©DR

Quelle place pour les Outre-mer dans le projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur 2022-2027 ?

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a déposé en première lecture au Sénat, le 7 septembre, le texte du projet de loi d'orientation et de programmation de son ministère pour les années 2022 à 2027. Ce document et son rapport annexe contiennent plusieurs entrées spécifiques aux Outre-mer.

 

L’objectif de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur 2022-2027 (LOPMI) est de répondre aux enjeux sécuritaires et territoriaux des années à venir, en attribuant notamment au ministère de l’Intérieur et des Outre-mer de nouveaux moyens humains, juridiques et budgétaires, à hauteur de 15 milliards d’euros et 8500 postes créés sur la période considérée. « Répondre aux défis présents et à venir suppose de prendre le tournant révolutionnaire du numérique, d’agir dans la proximité et de mieux prévenir les crises futures », écrit le ministère dans sa présentation.

« Dans les cinq années à venir, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer se rapprochera des citoyens et des territoires ruraux, grâce notamment à son réseau territorial de préfectures et sous-préfectures », annonce le texte. D’ici 2030, la Place Beauvau assure que la présence des policiers et des gendarmes sur le terrain sera doublée, ce qui devrait rassurer dans la majorité des régions d’Outre-mer où l’on a assisté à une recrudescence de l’insécurité ces dernières années. « Le temps sur la voie publique sera la règle et le temps au commissariat ou à la brigade l’exception ». Par ailleurs, la diversité de la population sera mieux représentée dans la police et la gendarmerie, grâce à la mise en place d’une politique volontariste dans ce domaine, selon le ministère.

Des moyens dédiés pour les Outre-mer

En ce qui concerne les Outre-mer, la LOPMI prévoit des moyens dédiés tenant compte de leurs particularités. « Les Outre-mer devront tirer pleinement parti de la révolution numérique impulsée. Il s’agit d’un enjeu essentiel pour ces territoires, de par les opportunités offertes pour rapprocher les services de l’État de la population, ou encore de besoins opérationnels des services du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer dans ces territoires », indique le document. Dans cette perspective, une remise à niveau des réseaux de communication sera engagée localement et des chantiers numériques de proximité seront déployés le plus rapidement possible, l’objectif étant de rapprocher l’administration du citoyen et de doter les agents du ministère d’outils performants, ce qui permettrait d’effectuer des démarches sans forcément se déplacer.

« Particulièrement exposés à des menaces diverses selon les territoires, les Outre-mer bénéficieront du déploiement de nouveaux moyens humains et matériels pour y faire face », annonce dans un deuxième temps le ministère. Cela passera par le déploiement aux frontières de nouveaux outils technologiques pour lutter contre les trafics : moyens nautiques, scanners à conteneurs dans les grands ports, radars de surveillance, et scanners corporels par exemple. Pour lutter contre la délinquance, « les Outre-mer bénéficieront de l’augmentation des effectifs de gendarmes départementaux, de réservistes et d’unités de forces mobiles supplémentaires », promet également la Place Beauvau. 

Enfin, sur la question des risques naturels, la LOPMI souhaite renforcer la résilience des Outre-mer. D’une part, pour améliorer la gestion locale de crise, des capacités nationales de sécurité civile seront pré-positionnées Outre-mer, afin de fournir des moyens de première réponse avant l’arrivée de secours extérieurs. « Seront ainsi pré-positionnés des détachements des formations militaires de la sécurité civile (FORMISC) en zone Antilles et dans l’océan Indien. De nouveaux sites de la réserve nationale seront créés à Mayotte, à La Réunion et en Guyane », assure le texte. D’autre part, des plans spécifiques à chaque territoire visant à évaluer une meilleure surveillance des risques seront lancés. « Ils s’attacheront à améliorer la résilience des bâtiments de l’État et des points d’importance vitale ». En outre, des partenariats entre Service militaire adapté et Sécurité civile seront conclus dans tous les Outre-mer afin de sensibiliser la société à la culture des risques environnementaux.

 

Extrait du rapport annexe

Des moyens innovants pour protéger les territoires d’Outre-mer

« Les territoires d’Outre-mer sont confrontés à des menaces, extérieures et intérieures, à des degrés divers : immigration clandestine, notamment à Mayotte ou en Guyane ; trafics divers, et notamment de stupéfiants, à Mayotte, aux Antilles, à La Réunion ou en Guyane ; enjeux de criminalité et de délinquance dans tous les territoires ultramarins. La présente loi devra permettre d’investir dans des moyens, tant matériels qu’humains, pour faire face à ces menaces. Pour faire face aux menaces extérieures, l’émergence de « frontières intelligentes » est un enjeu majeur. »

« Seront ainsi déployés aux frontières des Outre-mer de nouveaux outils technologiques pour lutter contre les trafics ou encore l’immigration irrégulière : des bagages X pour mieux lutter contre le trafic de stupéfiants et les flux financiers illégaux ; du matériel d’observation et de surveillance (jumelles à visée nocturne, caméras longue distance) ; des moyens nautiques supplémentaires ; des scanners à conteneurs dans les grands ports maritimes, ou des scanners portatifs dans les gares maritimes ; des radars de surveillance, des scanners corporels (adaptés au phénomène des « mules » et des équipes cynotechniques) contribueront à une lutte plus efficace contre le trafic de stupéfiants. Le recours aux drones de surveillance sera développé. »

« En matière de lutte contre la délinquance, les territoires d’Outre-mer bénéficieront de l’augmentation des effectifs de réservistes, des cadets de la police nationale et de la gendarmerie nationale dans les Outre-mer, qui correspond à l’objectif de doublement de la présence des policiers et gendarmes sur la voie publique d’ici 2030. En matière de moyens financiers, le triplement des crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (FIPDR) permettra de soutenir plus massivement l’effort d’équipement des communes pour leurs polices municipales, et en dispositifs de vidéo-protection. En matière d’ordre public, la création de 11 nouvelles unités de forces mobiles renforcera la capacité à projeter des forces localement, mais aussi des matériels adaptés (blindés) pour faire face à des évènements d’importance, notamment en matière d’ordre public. »

PM