Professionnels de santé et scientifiques des Antilles et de Guyane signent une tribune commune pour inciter à la vaccination

Professionnels de santé et scientifiques des Antilles et de Guyane signent une tribune commune pour inciter à la vaccination

C’est la conseillère régionale et professeure de l’université Sylvie Gustave dit Duflot qui est à l’origine de cette tribune libre. Elle est rejointe par le doyen de la Faculté de médecine Raymond Césaire, du Président de l’Université des Antilles Eustase Janky, des directeurs de l’ARS de Guadeloupe Valérie Denux, des directeurs du CHU de Guadeloupe Gérard Cotellon et du CHU de Martinique Benjamin Garel ainsi que le directeur de l’Institut de Pasteur de Cayenne, le Docteur Mirdad Kazanji . 
Au total, ils sont 83 signataires, professionnels de santé, scientifiques, universitaires, qui ont souhaité communiquer dans une tribune publiée dans France Antilles auprès des populations de Martinique et de Guadeloupe ce lundi 11 janvier afin de défendre le bien-fondé de la campagne de vaccination, alors que la défiance du public est grande et les « fake news » florissantes sur les réseaux sociaux. Défendant « l’unique chance de retrouver une vie normale », ils espèrent ainsi casser les effets des réseaux sociaux, rappeler les bénéfices de la vaccination, et l’avancée scientifique et sanitaire que cela représente à travers les époques. Nous vous publions ci-dessous leur tribune.

Nous, médecins, scientifiques, professionnels de la santé, nous appelons nos populations à nous protéger collectivement contre la Covid-19 en se faisant vacciner dès lors que les différents vaccins autorisés par l’Agence européenne du médicament (EMA) sont proposés et disponibles sur nos territoires.

Les derniers sondages réalisés suggèrent que seulement 56% des Français sont prêts à se faire vacciner. Cette défiance élevée est aussi retrouvée dans les populations de Guadeloupe, Martinique ou Guyane. Les raisons principalement avancées sont le doute concernant l’efficacité d’un vaccin pour lequel nous n’aurions pas suffisamment de recul (63%) et la crainte d’effets indésirables de la vaccination (46%). Si le questionnement de nos concitoyens est légitime, leurs doutes sont amplifiés de manière démesurée par un foisonnement de fausses informations circulant sur les réseaux sociaux.

Nous considérons que les bénéfices de la vaccination doivent être mesurés à l’aune des risques que fait peser la Covid-19 sur nos populations vieillissantes (25% de plus de 60 ans) et touchées par des taux de comorbidités beaucoup plus élevés que la moyenne nationale (diabète, hypertension artérielle, insuffisance rénale, drépanocytose, surpoids et obésité).

Voici les arguments objectifs et rationnels que nous devons partager avec nos compatriotes.
Des millions de vies sont sauvées chaque année par la vaccination. La variole a été éradiquée de la surface de la Terre. D’autres maladies graves sont désormais contrôlées : tétanos, diphtérie, poliomyélite, coqueluche, rage, méningites … Le souvenir de ces fléaux s’est éloigné de notre mémoire collective grâce aux programmes de vaccination qui sont ancrés dans notre vie, dès la naissance.

NON, la mise au point du vaccin à ARN ne s’est pas faite en une année ! – Les vaccins à ARN font l’objet de recherches fondamentales initiées il y a plus de 20 ans avec des avancées scientifiques significatives ces dernières années. Les précédentes épidémies de Hong Kong (2003) et du Moyen Orient (2012) ont stimulé la recherche sur les coronavirus. Des travaux scientifiques bien antérieurs à la pandémie, une mobilisation sans précédent de la communauté internationale, un nombre important de volontaires pour les essais cliniques, une pandémie en pleine expansion et des financements massifs des états expliquent la rapidité de la mise à disposition de ces nouveaux vaccins.

Toutes les étapes d’évaluation clinique d’un vaccin ont été respectées et la sélection a été rude – Plus de 154 propositions de vaccins ont été soumises aux tests précliniques. Seuls 20 ont franchi la phase clinique 1, puis 16 la phase clinique 2, 13 la phase clinique 3 et enfin seulement 4 ont obtenu l’autorisation de mise sur le marché dans différents pays, pour l’instant. En quoi consistent les vaccins à ARN ? – Les s à ARN contre ne sont pas constitués d’agent pathogène. Ils contiennent un petit fragment de l’ARN (acide ribonucléique) du coronavirus, synthétisé sur des plateformes technologiques sans cellules, ni pathogènes. Ils ne nécessitent pas d’adjuvant pour être efficaces. Ils vont préparer notre système immunitaire à synthétiser rapidement des anticorps contre le coronavirus. Cette technologie de vaccin à ARN pourrait vraisemblablement aussi accélérer la mise au point de futurs vaccins contre la dengue, le Zika ou encore le chikungunya.

NON, les vaccins à ARN n’entraînent pas de mutations de notre ADN qui seront transmises à nos enfants ! – D’un point de vue biologique, c’est un non-sens. L’ARN vaccinal sera très rapidement détruit et n’a aucune capacité à s’introduire dans le noyau de nos cellules, siège de notre ADN et donc de notre patrimoine génétique.

NON, la recombinaison de l’ARN viral du SARS-Cov-2 avec les ARN de d’autres virus (Zika, chikungunya, dengue) n’est pas possible – Des recombinaisons sont possibles entre virus d’une même espèce, mais le vaccin à ARN comme nous l’avons vu …. n’est pas un virus ! Donc pas de recombinaison possible !

Des « variants » du virus peuvent-ils échapper à la protection par les vaccins ? – Nous ne pouvons pas, à ce stade, apporter de réponse définitive. Les éléments connus à ce jour sont les suivants : la variabilité des virus est classique, elle est suivie depuis le début de la pandémie de Covid-19. Les virus ne connaissent pas de frontières et les différents variants arriveront inéluctablement dans la Caraïbe. Certains peuvent être plus contagieux et accentuer la pression sur les systèmes de santé. Aucune donnée n’indique à ce jour une altération de l’efficacité des vaccins disponibles vis-à-vis de ces variants britannique ou sud-africain. Ce sont autant d’arguments pour accélérer la vaccination.

Unique chance de retrouver une « vie normale »

OUI, les vaccins à ARN empêchent le déclenchement de la maladie et donnent de l’espoir dans la lutte contre la transmission du virus – Les deux vaccins actuellement administrés dans plusieurs pays montrent une efficacité exceptionnelle à plus de 90% voire 100% dans la prévention des formes graves de la maladie et des conséquences mortelles qui peuvent en découler. Des données publiées accréditent l’idée que les personnes vaccinées contaminent beaucoup moins les autres.

Quels sont les effets indésirables de la vaccination contre le Covid-19 – A ce jour, plus d’une dizaine de millions de personnes ont été vaccinées de par le monde. Les principales réactions secondaires rapportées pour les vaccins Pfizer-BioNtech et Moderna sont les suivantes : douleur et rougeur au point d’injection, fatigue, maux de tête, courbatures. Ces symptômes classiques en vaccinologie s’estompent en 2 à 3 jours. Le suivi post-vaccination à moyen et à long terme s’appuiera sur le réseau des médecins généralistes qui sera au cœur du dispositif. Quand pourra-t-on retrouver une vie normale, sans masques et sans gestes barrières ? – C’est une question essentielle pour nous tous ! Seule une campagne de vaccination de masse pour atteindre une immunité collective satisfaisante nous permettra de retrouver une vie économique, sociale et culturelle normale. Selon les experts, il faut 50 à 60% de personnes vaccinées au sein d’une population pour installer cette protection collective. La vaccination nous offre l’unique chance de retrouver rapidement une vie « normale » et de protéger notre population fragile contre les formes graves et mortelles de la maladie, alors SAISISSONS-LA ! Sans ces vaccins, il nous faudrait attendre au moins 2023 pour entrevoir le bout de cette pandémie.

Avec conviction et détermination, nous mettons toutes nos compétences au service de nos populations en l’appelant à se faire vacciner !