Premier jour du procès de Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère

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Premier jour du procès de Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère

Le procès de Rodrigue Petitot, leader du mouvement de protestation contre la vie chère en Martinique arrêté après une altercation avec le préfet à la résidence de celui-ci en novembre, s’est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France.

 

Le parquet reproche à M. Petitot, leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), à l'initiative du mouvement de protestation qui a débuté en septembre dernier, de s’être introduit sans autorisation dans la résidence préfectorale le 11 novembre en marge d'une visite ministérielle et de s'être rendu coupable de "menaces et actes d’intimidation" envers le représentant de l’Etat. "On veut incarcérer le symbole de la vie chère (...). Tout est fait pour éteindre le vrai combat", a affirmé à la barre M. Petitot, qui a été écroué le 5 décembre et comparaît détenu. "Je ne reconnais pas être auteur de violation de domicile. Je suis arrivé, la barrière était ouverte", a-t-il soutenu devant le tribunal. Le visionnage durant l'audience d'images de la caméra de surveillance et de plusieurs vidéos de l’incident a permis de confirmer ce point.

Avec trois autres militants, M. Petitot, surnommé "Le R" par ses soutiens, avait tenté en novembre de rencontrer le ministre chargé des Outre-mer de l'époque, Jean-Noël Buffet qui effectuait un déplacement de quatre jours en Martinique, au terme de deux mois de tensions et plusieurs nuits d’émeutes en marge des manifestations contre le coût élevé des denrées alimentaires sur l’île.  Après un face-à-face tendu devant la porte de sa maison, le préfet avait refusé d’accéder à la demande du RPPRAC.

A l'ouverture mardi du procès, très attendu dans le territoire ultramarin, des manifestants se sont massés devant les grilles du tribunal, scandant des slogans en soutien au président du RPPRAC. En soirée, un millier de personnes ont été vues protestant pacifiquement au son des tambours. Par mesure de sécurité, les forces de l’ordre avaient bloqué deux rues longeant l’édifice. Le procès est prévu jusqu'à mercredi.

Cité mardi devant le tribunal par la défense en qualité de témoin, Jiovanny William, le député de la 1re circonscription de la Martinique, a dénoncé le "fléau" de la vie chère, source de "discrimination économique" et "sociale" dans les outre-mer. Aux yeux de l’élu, qui se trouvait à la résidence préfectorale le 11 novembre, "la situation exigeait au moins un entretien" entre le ministre et les militants.

"Ce qu’on fait au +R+, c’est une injustice", s’est indignée Christiane, une manifestante de 69 ans venue de Rivière-Pilote (sud), durant une suspension d’audience. "La vie est très chère", a ajouté cette retraitée, qui a fait part de son intention de revenir manifester devant le tribunal mercredi.

Le président du tribunal, Thomas Lamorelle, a ordonné le renvoi au 31 mars du procès des trois autres membres du collectif qui avaient accompagné M. Petitot devant la résidence préfectorale en filmant la scène pour la diffuser en direct sur les réseaux sociaux.

Dans un dossier différent, Rodrigue Petitot avait été reconnu coupable début décembre d'intimidation à l'encontre de maires de Martinique et condamné à dix mois de prison ferme aménageable.

Des émeutes ont éclaté à plusieurs reprises ces derniers mois en Martinique, île des Antilles où les denrées alimentaires sont en moyenne 40% plus chères que dans l'Hexagone, selon l'Insee. 

Avec AFP