Depuis le 25 août et jusqu’au 27 octobre 2023, la société civile est invitée à se prononcer sur le projet de Stratégie nationale pour la mer et le littoral, élaboré par le gouvernement le mois dernier, sur une plateforme participative. L’Etat s’est fixé quatre grandes priorités d’ici à 2030 autour des thématiques suivantes : neutralité carbone, biodiversité, équité et économie. Les Outre-mer sont évidemment concernés au plus haut point par ce plan.
La Stratégie nationale pour la mer et le littoral 2030 définie par le Secrétariat d’État chargé de la Mer le rappelle : « Avec un espace maritime d’une superficie de 10,2 millions de km2, bordé par environ 22.860 km de frontières communes avec 30 États et situé à 97% en Outre-mer, la France est présente sur tous les océans du monde. Cet immense espace maritime fait d’elle la deuxième puissance maritime mondiale, après les États-Unis d’Amérique, et la place ainsi comme un acteur incontournable de la gouvernance maritime internationale ». Le document relève également que la France dispose d’une biodiversité exceptionnelle, particulièrement dans les territoires ultramarins.
Ces derniers sont donc concernés en premier lieu par les grandes priorités de la Stratégie nationale : « Se donner les moyens d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 ; assurer la résilience des territoires et des écosystèmes maritimes ou littoraux ; contribuer au bien-être à court et à long terme des populations, salariés et acteurs du maritime et des zones littorales ; et soutenir la compétitivité de notre économie maritime et littorale bleue et la souveraineté de la France métropolitaine et ultramarine ».
Le plan se divise en 18 objectifs, avec de nombreux points concernant spécifiquement les Outre-mer. Suivi de l’état des mangroves et des récifs coralliens (objectif 2) ; renforcement des mesures de lutte contre le chlordécone et les sargasses ainsi que lutte contre les décharges littorales (objectif 4). Concernant l’objectif 5, « S’adapter aux effets du changement climatique et accompagner l’évolution du trait de côte », le texte préconise notamment la création de pôles d’excellence de recherche sur les stratégies d’adaptation au changement climatique pour chaque territoire, et le développement d’outils de gestion de crise, « à l’instar de ce qui est déployé à La Réunion en impliquant la coopération transfrontalière au niveau des bassins ». Sur l’objectif 6, « Bien vivre sur le littoral et recomposer le modèle d’attractivité des littoraux », il s’agira de faire attention aux pressions particulières du tourisme de croisière aux Antilles et plus généralement aux activités de plaisance en Outre-mer.
Le septième objectif prévoit de « promouvoir l’innovation technologique et numérique pour des activités performantes et un meilleur partage des connaissances ». Dans cette perspective, la Stratégie nationale pour la mer et le littoral incite les Outre-mer à un renforcement de la connaissance de la ressource halieutique via la collecte de données afin d’assurer la structuration des filières de pêche. L’objectif 9 relève quant à lui que l’emploi maritime revêt une dimension spécifique en Outre-mer, expliquant un développement de formations adaptées. De nombreuses initiatives dans ce domaine ont déjà vu le jour. L’objectif est de favoriser et de soutenir ces initiatives notamment pour les formations de navigants.
L’objectif 16 est uniquement consacré aux Outre-mer : « Accompagner le développement de l’économie bleue et valoriser une biodiversité préservée en Outre-mer, selon les particularités et les atouts de chacun ». Il annonce qu’une feuille de route « économie bleue durable dans les Outre-mer » sera construite avec les territoires d’ici fin 2023. Comme mesures, il prévoit entre autres le renforcement de la protection de l’environnement ultramarin et notamment des écosystèmes remarquables (récifs coralliens et mangroves « Protéger 100% des récifs coralliens d’ici 2030 dont la moitié en protection forte »), et en faire un atout pour les populations locales ; l’amélioration des connaissances sur le milieu marin, la réalisation d’études, la bancarisation de nouvelles données, et la création d’observatoires locaux spécifiques.
Ce même objectif envisage également de « promouvoir les activités nautiques, subaquatiques et de plaisance durables, et créer des capacités d’accueil de navires de plaisance à faible impact environnemental en dehors des espaces portuaire » ; d’investir dans des infrastructures portuaires de construction et de réparation navale, et dans les navires de pêche (« équiper, moderniser, mettre aux normes ») ; de développer un tourisme durable, axé sur le patrimoine naturel et culturel local en mettant les populations ultramarines au cœur de leur développement ; et enfin favoriser les échanges d’expériences avec les voisins des bassins maritimes.
► Participer à la consultation : https://jeparticipe.expertises-territoires.fr/
► La Stratégie nationale mer et littoral 2030
PM