L’économie sociale et solidaire : un levier pour l’économie  et l’emploi en outre-mer

La Calédonienne des Eaux remet le prix Créadie à Joseph Chaouri, colporteur de coprah à Ouvéa (Nouvelle- Calédonie) © CDE

L’économie sociale et solidaire : un levier pour l’économie  et l’emploi en outre-mer

Le mois de novembre, mois de l'ESS, est le grand rendez-vous des acteurs de l’économie sociale et solidaire de métropole et d’outre-mer. Activité économique importante, l'économie sociale et solidaire  représente 10 % du PIB de la France, 200 000 entreprises, 2,38 millions de salariés, 22 millions de bénévoles. Objectif : concilier solidarité, performances économiques et utilité sociale en apportant un soutien à des personnes en situation de fragilité, en contribuant à la lutte contre les exclusions et les inégalités, en concourant au développement durable, à la transition énergétique ou à la solidarité internationale.


Dans les territoires touchés par le chômage, ce secteur représente un important vivier d’emplois pérennes et non délocalisables, notamment pour les personnes qui sont exclues du marché de l’emploi ou en ont été éloignées pendant une longue période. L’ESS est essentielle pour les outre-mer où elle totalise près de 51 000 salariés.

Calédonienne des Eaux et Polynésienne des Eaux parrainent des créateurs d’entreprises depuis 2015

Créée en France en 1989 par Maria Nowak, reconnue d’utilité publique en 2005, l'Adie  (Association pour le droit à l’initiative économique) aide les personnes exclues du marché du travail et du système bancaire à créer leur entreprise - et donc leur propre emploi -  grâce au microcrédit. SUEZ outre-mer est partenaire de l’Adie depuis 2015.

Engagée depuis plusieurs années dans une politique active de développement durable et d’engagement sociétal, la Calédonienne des Eaux (CDE) et AquaNord participent au développement économique du territoire en soutenant le développement d’activités économiques créatrices d’emplois, notamment par le biais du microcrédit. La CDE est partenaire de l'Adie de Nouvelle-Calédonie depuis 2015 et remet chaque année le prix Créadie à un entrepreneur local. En 2019, Charlotte Thaiawe, 31 ans, est lauréate de la catégorie « Accomplissement personnel » pour VILAVI, un service d’aide à la personne dépendante ou en situation de handicap. La CDE parraine Joseph Chaouri, coprahculteur à Ouvéa, en 2015 et Robert Katrawa, apiculteur à Lifou en 2020.

En 2020, Robert Katrawa, 39 ans, apiculteur à Lifou (Nouvelle-Calédonie), lauréat du prix Créadie © CDE

Présente depuis 12 ans en Polynésie française, l’Adie a soutenu plus de 11 000 porteurs de projets. Parmi les 1 739 entrepreneurs aidés en 2020, le concours Créadie Polynésie a distingué 4 lauréats « exemplaires par leur combativité, leur capacité de résilience et l’impact de leur engagement sur leur propre vie et leur territoire ». Parmi eux, Jean-Baptiste Tavanae, parrainé par la Polynésienne des Eaux (SPE), lauréat du prix « Economie Sociale et Solidaire » pour son « potager de JB labellisé
Bio Fetia ». Depuis 2015, la Polynésienne des Eaux est en effet partenaire de l'Adie Polynésie et parraine chaque année un prix Créadie : en 2015 Joseph Pahuatini de Reao (Tuamotu) a remporté le prix « Coup de cœur environnement » pour son élevage de « pahua » (bénitiers) puis Tinihau Atger de Tahaa (Iles-sous-le-Vent) reçoit le prix Créadie « Economie sociale et solidaire » en 2019 tandis qu’en 2021 le directeur de la Polynésienne des Eaux remet le prix « ESS » et prix « Coup de cœur du jury » à Tahianui Lacour pour son Bora Bora Camping Motu Ecologique.
 

© SPE

Benoit Burguin, directeur de la Polynésienne des Eaux : « face au contexte difficile que nous traversons, la responsabilité sociale de l’entreprise s’intensifie. Dès lors, il nous paraît encore plus important de soutenir aujourd’hui les initiatives de lutte contre l’exclusion, c’est pourquoi nous sommes très heureux de renouveler notre aide en faveur de l’Adie ».

Des entreprises locales qui participent à l’économie circulaire et au développement de l’emploi inclusif

En Martinique, Patricia Louise-Alexandrine, directrice des ressources humaines de la Société Martiniquaise des Eaux, est marraine NQT (Nos Quartiers ont du Talent) depuis 6 ans : « L’ancrage social et l’engagement sociétal sont au cœur de notre mission d’entreprise. NQT par exemple est un parrainage qui consiste à accompagner un jeune issu de quartier non favorisé et ayant un niveau d’étude supérieur à bac+3 dans sa recherche d’emploi pour l’aider à s’insérer dans la vie active. A la SME, nous accueillons chaque année en moyenne 14 jeunes en contrat d’alternance, dans tous les secteurs d’activité de l’entreprise, avec pour objectif de péréniser autant que possible l’emploi de ces jeunes à l’issue de leur formation ».
 

© SME

En cinq ans, la SME a ainsi accueilli 159 stagiaires et alternants. Gérard Coudin : « J’ai commencé en alternance à la SME pendant mon cursus en BAC pro et BTS électrotechnique. J’ai été très bien entouré par l’équipe de l’agence Centre Nord assainissement - eaux usées et je remercie la SME pour la confiance qu’elle m’a accordée puisque j’ai été ensuite recruté comme agent d’assainissement en électrotechnique ».

Sur l’île de La Réunion, VAL.OI est partenaire de l’association ADESIR et de l’entreprise d’insertion Le Zarboutan de Sainte-Marie pour « former et renforcer l’employabilité de trois personnes par an ». Les personnes retenues suivent une phase de deux semaines de formation sur la gestion des déchets, les règles de sécurité etc. puis c’est l’immersion métier sur le terrain avec les équipes, accompagnées par un tuteur volontaire qui évalue les candidats pour la phase 3 : des missions rémunérées chez VAL.OI en lien avec Le Zarboutan.

En 2021, La Société Guyanaise des Eaux a signé un partenariat avec les "Les Premières de Guyane", un incubateur accélérateur de mixité et « fabrique de patronnes », présidé par Valentine Bonifacie : « Notre incubateur pour entrepreneuses innovantes, Les Premières de Guyane, en valorisant l’entreprenariat au féminin et en donnant à chaque femme la possibilité d’accéder au meilleur, par la réussite de l’insertion professionnelle et la mobilisation de tous les talents, permettra à la Guyane de bénéficier des compétences dont elle aura besoin demain ». Pour Philippe Swyngedeau, directeur de la Société Guyanaise des Eau, « il nous paraissait important, en tant qu’acteur-clé pour le développement économique de la Guyane, de soutenir et d’aider Les Premières de Guyane ».

Comme le rappelle Pascal Saffache, professeur des Universités, université des Antilles dans l'article Expertise : Novembre, mois de l'économie sociale et solidaire aussi en Outre-mer , « le développement durable ayant souvent été appréhendé par le biais de l’environnement, il convient désormais de se rappeler que l’objectif est de « placer ou replacer l’homme au centre du système sociétal » (Saffache, 2017-a et Saffache, 2017-b) et redonner au pilier du social la place qui lui revient. L’ESS peut y contribuer d’une façon certaine ».