L’Après en Outre-mer: Et Maintenant ? par Thara Govindin, Présidente du MEDEF Guyane

L’Après en Outre-mer: Et Maintenant ? par Thara Govindin, Présidente du MEDEF Guyane

Outremers360 vous donne la parole et partage le sentiment des acteurs socio-économiques des territoires d’outre-mer, à la veille de la période post-pandémie. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Thara Govindin, cheffe d’entreprise et Présidente du MEDEF Guyane.

Je suis Thara GOVINDIN, cheffe d’entreprise et Présidente du MEDEF Guyane depuis 2018.

Depuis 2003, je dirige la société AGFI spécialisée dans la gestion et le conseil en entreprise. Durant ces deux mois mon activité professionnelle reposait principalement sur le diagnostic et l’accompagnement des clients dans la mise en œuvre des mesures exceptionnelles de soutien économique de l’État (Activité Partielle, PGE, 1 er volet du FSE, dispositifs fiscaux et sociaux et autres…).

L’arrêt brutal de l’économie le 17 mars dernier, en raison de l’épidémie de COVID-19 a été un véritable coup de massue pour les entreprises guyanaises qui commençaient tout juste à se remettre des mouvements sociaux de 2017.

L’ombre d’une crise « sociale » d’ampleur plane désormais sur le territoire, tant les handicaps structurels accumulés depuis de nombreuses années ont fragilisé un tissu productif local constitué majoritairement de TPE/PME.

Notre après-11 mai

Le déconfinement progressif annoncé par le Gouvernement, à partir du 11 mai était très attendu par les chefs d’entreprises et leurs salariés, inquiets pour l’avenir de leurs activités et de leurs emplois.

Pour les structures qui le pourront, la reprise d’activité sera rendue possible grâce aux protocoles négociés avec les salariés et le dialogue social engagé depuis plusieurs semaines.

Tous les moyens ont été mis en œuvre pour préserver la santé des collaborateurs et ce, sans exception. C’est donc en responsabilité que, le samedi 2 mai, nous avons cosigné avec les organisations syndicales représentatives des salariés, une déclaration commune en faveur de la reprise.

Ainsi, les entreprises qui pourront reprendre l’activité à partir de la semaine prochaine se sont organisées pour répondre aux exigences des autorités sanitaires afin de rassurer les salariés, et leur permettre d’évoluer dans des conditions de sécurité maximales.

Des protocoles sanitaires ont été élaborés, avec l’aide d’experts de santé, le CISTC fait également un travail important à ce sujet.

Cependant, nous avons conscience que la reprise sera progressive, car tous les salariés ne reviendront pas au travail, soit parce qu’ils sont vulnérables du fait de leur santé, soit pour des raisons de gardes d’enfants liées à la non-réouverture des établissements scolaires.

Je ne commenterai pas les décisions qui ont été prises en conscience par les Maires et les élus de la CTG, mais il est clair qu’elles ne faciliteront pas la reprise d’activité.

Quid des secteurs qui ne pourront pas reprendre au 11 mai, notamment le tourisme ?

La poursuite du fonds de solidarité jusqu’à fin mai comme la suppression des charges de mars, avril, mai et juin, confirmés jeudi dernier par le Premier Ministre Édouard Philippe pour les secteurs qui ont été fermés administrativement vont dans le bon sens, mais restent insuffisants et devraient s’étaler jusqu’au 31 décembre 2020 afin de permettre à ces entreprises de retrouver un peu de marge.

Nous saluons à ce titre les mesures de soutien renforcées annoncées le 24 avril dernier par le Ministre de l’Économie. Elles constituent une réponse d’urgence face à la gravité de la crise économique à laquelle sont confrontés aujourd’hui les professionnels de l’hôtellerie, des cafés et restaurants, du tourisme, du transport de voyageurs, de l’événementiel, du spectacle et du loisir, frappés de plein fouet par cette crise sanitaire.

Le maintien de l’activité partielle après la reprise de l’activité, l’exonération de cotisations sociales pour les TPE et PME, le report du paiement de la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE), l’annulation des loyers et redevances d’occupation du domaine public dus aux bailleurs nationaux pour la période de fermeture administrative sont autant de mesures qui étaient très attendues par les professionnels du secteur.

Mais ces dispositifs de soutien, dont l’accès sera restreint à certaines catégories d’entreprises, ne pourront répondre que partiellement aux besoins de la filière touristique.

L’important aujourd’hui est de donner aux acteurs un horizon de reprise effective le plus rapproché possible, comme le calendrier de reprise du trafic aérien de passagers dont nous sommes tributaires en Guyane.

Enfin, la recapitalisation des entreprises sera un enjeu majeur pour le territoire et le MEDEF Guyane sera force de propositions à ce sujet dans les prochaines semaines.

Il est certain qu’avec nos partenaires (Etat, CTG, élus locaux) nous devrons travailler de concert afin d’innover et de créer un modèle économique qui permettra à ce territoire de connaître une nouvelle dynamique.

La vocation du Medef s’est renforcée durant la période de confinement

Dès le début, le MEDEF Guyane a été à l’écoute des entreprises, afin de soutenir et défendre au mieux leurs intérêts économiques et sociaux.

Suite à la déclaration d’« état d’urgence sanitaire » sur l’ensemble du territoire national, nous avons lancé le 22 mars 2020, une action solidaire en partenariat avec un contingent d’experts et d’entrepreneurs locaux (Rhum Saint-Maurice, SOLAM, SARA, Bio Stratège Guyane, Ubipharm Guyane, URPS Pharmaciens de Guyane, S3T, Délices de Guyane, Brasserie guyanaise) et le soutien de partenaires publics (Préfecture de Guyane, CTG, CACL).

Ce projet visait à produire 2 types de produits indispensables à l’application de gestes barrières permettant d’éviter la propagation de l’épidémie de Covid-19. En ligne de mire, soutenir les professionnels de santé et protéger les salariés en 2 ème ligne.
Il s’agissait de :
▪ L’éthanol à 90 % nécessaire au nettoyage et à la désinfection des surfaces ;
▪ La solution hydro-alcoolique (SHA) permettant la désinfection des mains pour la sécurité des personnes lorsque l’eau et le savon ne sont pas disponibles.

A ce jour, 20 000 flacons de 500mL de SHA ont été produits et distribués. Avec le concours financier de la CTG via les fonds européens nous prévoyons de produire d’ici au 31 mai 44 000 unités.

OM360 2

Nous avons également œuvré auprès de la CTG pour la mise en place d’un dispositif d’aide d’urgence avec les EPCI, en faveur des micro-entrepreneurs, indépendants, artisans, et les TPE, PME. Les contours de ce dispositif sont aujourd’hui largement connus de tous.

Nous avons également soutenu l’action de nos adhérents, je pense aux entreprises JEMASSEY et TS-Guyane qui ont réorganisé leur activité afin de produire des visières et des masques artisanaux en tissus.

Pour la dernière ce sont plus de 8 500 unités qui, ont été distribuées sur l’ensemble du territoire.

Dans un environnement juridique, économique et social en évolution constante, nous avons renforcé notre système de veille permanent, avec l’appui de notre réseau national afin de communiquer une information en temps réel à nos adhérents.

Nous avons multiplié les réunions d’information en visioconférence avec des experts, les Banques, la BPI et les responsables des services déconcentrés de l’État (DGFIP, DGCOPOP, URSSAF, etc) afin de répondre aux questions pratiques que pouvaient se poser certains chefs d’entreprises. Des séquences de formation sur les outils numériques, de la cybersécurité et du télétravail ont également été assurées.

Enfin, tenant compte de l’isolement de certains chefs d’entreprises, un système d’appel téléphonique a été mis en place afin d’être plus à l’écoute de ces derniers.

Nous serons encore pleinement mobilisés afin de les aider, durant la période de déconfinement, à créer les conditions de la reprise.

Au sein de ma structure AGFI, mes collaborateurs seront à pied d’œuvre pour accompagner nos entreprises.

 

Thara Govindin, Présidente du Medef Guyane © DR

Thara Govindin, Présidente du Medef Guyane © DR

Formée en Guyane en comptabilité administrative, Thara GOVINDIN commence son parcours professionnel au sein du service financier du SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) avant un départ dans l’hexagone pour travailler dans l’administration d’une municipalité dans l’Essonne. Il y a maintenant plus de 20 ans, elle décide de rentrer en Guyane et rejoint le privé auprès de son père dans l’entreprise familiale. Thara Govindin, se lance par la suite dans le transport de personnes (sanitaires terrestres et les travaux publics, elle s’y forgera une expérience solide. Elle est depuis plusieurs années spécialisée dans la gestion et le conseil en entreprise.