A quelques mois d’échéances électorales, la multiplication sur internet de faux comptes d’hommes et de femmes politiques inquiète. L’association des communes et collectivités d'outre-mer (ACCD’OM), destinataires de nombreux messages de ces faux comptes alerte sur la situation. A ce titre, elle a échangé avec le ministère de la Cohésion des territoires et le Centre d’Analyse et de Lutte contre les Atteintes au Elus (CALAE). Le service de l’administration qui intègre à la fois la DGPN et la DGGN (Police et Gendarmerie), a, en effet, mis en place des mesures depuis septembre 2023 en faveur de la protection des élus.
« De nombreux faux comptes de nos élus fleurissent sur les réseaux, proposant à leurs administrés des prêts, subventions, financements aux origines douteuses. A l’approche des élections, nous craignons de voir certains de ces faux comptes demander une participation aux comptes de campagne. Il faut donc que les élus se protègent et protègent leurs populations de ces arnaques. Rien que sur Facebook, il y a une quarantaine de comptes de Sophie Charles», informe Laetitia Malet, Directrice générale adjointe de l’ACCD’OM.
Face à cette problématique, l’institution tire la sonnette d’alarme. En effet, les services des administrations concernées n’ont pas été sollicitées pour aider à la lutte contre ces usurpations d’identité et les réseaux sociaux ne semblent pas réagir lorsque des signalements sont effectués. Pour l’institution qui accompagne les élus, il est donc primordial que tout le monde soit sensibilisé à ce fléau et connaissent les bonnes pratiques à mettre en œuvre, si un élu ou un utilisateur des réseaux sociaux se retrouve dans cette situation.
Protection des élus depuis 2023
Depuis septembre 2023, chaque brigade et chaque commissariat est doté d’un « référent élu », chargé de traiter les atteintes aux élus en priorité. Face à la problématique d’usurpation d’identité sur les réseaux sociaux, de piratage de leurs adresses email personnelle ou professionnelle, ou encore de contenus haineux en ligne, un signalement doit rapidement être effectué sur le portail Cybermalveillance.gouv.fr. Cette procédure concerne les élus mais également toute personne concernée par ces différents cas évoqués. Ce signalement permet de déclencher une recherche des services de police et de gendarmerie afin d’identifier les auteurs. Les élus ultramarins semblent particulièrement touchés par ces atteintes, aussi.
Un dépôt de plainte contre X est recommandé, afin de permettre au CALAE de recenser ces infractions, jusqu’ici non documentées. En effectuant cette démarche, les élus sont accompagnés par leur Référent, au sein de leur brigade de gendarmerie ou de leur commissariat de police. Depuis la loi du 24 janvier 2023, les associations d’élus peuvent d’ailleurs se porter partie civile lors d’un dépôt de plainte par un élu. « L’ACCD’OM se tient à la disposition des élus ultramarins pour les conseiller dans leurs démarches », indique Laetitia Malet, DGA de l’ACCD’OM.
Être particulièrement vigilant
Cette problématique d’usurpation d’identité concerne les maires, les conseillers départementaux et régionaux, les députés, les sénateurs, les présidents d’EPCI mais aussi les membres de l’opposition dans les instances politiques. « Les usurpateurs d’identité reprennent parfois les documents officiels et se servent des logos, des signatures… Ils transforment les messages pour tromper les administrés. Il faut faire extrêmement attention », poursuit Laetitia Malet.
A ce titre, quelques règles de sécurité sont à rappeler : il faut faire attention aux demandes d'amis ou messages suspects et ne jamais cliquer sur des liens non sollicités ou douteux reçus par message. Enfin, il est important de toujours adopter une attitude de scepticisme face à toute offre qui semble trop belle pour être vraie, ou toute demande urgente d'action de votre part, particulièrement si elle implique le transfert d'argent ou la divulgation d'informations personnelles.
Abby Said Adinani