LaBaLaVi : Rencontre de vies et d’histoires de vie ou les parcours d’ultramarins de l’Hexagone racontés dans un documentaire

LaBaLaVi : Rencontre de vies et d’histoires de vie ou les parcours d’ultramarins de l’Hexagone racontés dans un documentaire

Du 8 février au 18 mars 2021, un documentaire en 12 épisodes de 8 minutes disponible en streaming sur la plateforme digitale d’outre-mer la 1ère de France Télévisions nous propose, à travers une galerie de 17 portraits, de partir à la découverte de destins d’ultramarins arrivés dans l’Hexagone en quête d’une vie meilleure. Des histoires de vie qui témoignent de l’incroyable capacité de résilience et de courage dont ces personnes ont su faire preuve face à ce tiraillement entre deux mondes.

LABALAVI – TEASER from ZEBRA PRODUCTION on Vimeo.

Ce n’est pas la première fois que des auteurs se penchent sur le sujet complexe de l’émigration des générations Bumidom et post-Bumidom et s’interrogent sur les problématiques identitaires qui y sont rattachées.

La journaliste martiniquaise Marijosée Alie et le réalisateur Luc de Saint-Sernin s’y étaient déjà essayé avec leur documentaire « Negzagonal » en 1990. Plus tard, en 2007, Michel Reinette, le journaliste guadeloupéen et le réalisateur Antoine Léonard Maestrati, à travers des témoignages d’expériences de certains originaires des DOM, s’étaient emparés également du sujet dans un documentaire intitulé « l’avenir est ailleurs ». De même que le réalisateur d’origine antillaise, Jil Servant dans son film-documentaire « Nation, place des Antilles »,s’était attaché à travers son parcours, à explorer le questionnement identitaire des Antillais nés en France.

C’est dire que les auteurs de la série-documentaire « LaBaLaVi », Kelly Pujar, journaliste martiniquaise à France Télévisions et le photographe -réalisateur guadeloupéen Cédrick-Isham Calvados, s’attaquaient à une thématique sensible et douloureuse, longtemps reléguée au second plan voire occultée. Une tâche d’autant plus ardue qu’il s’agit non seulement de raconter le parcours de générations d’ultramarins arrivés dans l’hexagone en quête d’une vie meilleure, mais également de présenter une oeuvre originale avec d’autres souvenirs et des parcours différents de ceux déjà évoqués précédemment.

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Une histoire méconnue et embarrassante

Le pari semble avoir réussi. A travers une galerie de 17 portraits déclinés en 12 épisodes de 8 minutes, « LaBaLaVi », cette série-documentaire produite par Zebra Production, nous propose de partir à la découverte de ces Guadeloupéens, Martiniquais, Guyanais et Réunionnais arrivés par le Bumidom, par leurs propres moyens ou encore arrachés – comme l’ont été les enfants réunionnais – à leur famille et à leurs terres pour repeupler des départements ruraux de l’Hexagone.

Un extrait du portrait de Joel Destom, Directeur Paris-Ile-de-France,Ag2R La Mondiale

Ce retour sur mémoire met en parallèle les discours, les expériences et raconte les sentiments parfois contradictoires de ces générations issues de ces diverses vagues de migrations déversées sur les rivages de l’Hexagone « eldorado » pour pallier à l’insuffisance de main d’oeuvre à bon marché aux lendemains de la guerre d’Algérie.

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Aujourd’hui, ils occupent des emplois dans divers secteurs de la société hexagonale (administrations publiques ou para-publiques, hôpitaux, commerce..;). D’autres ont épousé des carrières artistiques (musicien, danseur, écrivain…). Mais malgré leur apport à cette société, l’histoire de cette migration intérieure reste toutefois méconnue peut-être parce qu’elle est embarrassante pour certains. Une histoire que veulent remettre en lumière les auteurs en redonnant vie à ces parcours et la parole à ceux qu’on appelle ironiquement « Negzagonaux » ou « Négropolitains ».

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Ces femmes et ces hommes se confient en toute liberté et relatent les conditions de leur arrivée dans l’Hexagone, leurs sentiments profonds ainsi que leurs combats quotidiens loin de leurs terres natales. Il faut dire que l’arrachement n’efface pas l’attachement.

Un tableau plein de sensibilité et de tendresse

Dans « LaBALaVi », les auteurs arrivent à dessiner à travers leur documentaire un tableau plein de tendresse, de sensibilité et de fraîcheur qui entraîne une forme d’empathie à l’égard des protagonistes de la série. Car ces histoires de vie témoignent de l’incroyable capacité de résilience et de courage dont ces personnes ont su faire preuve face à ce tiraillement entre deux mondes.

Pour autant, même si, selon le poète chilien Pablo Neruda « le déracinement est une frustration qui, d’une manière ou d’une autre, atrophie la clarté de son âme », ces récits de vie, loin de toute logique victimaire, n’a pas pour but d’accuser, mais de raconter des trajectoires de vie, dont les protagonistes peuvent être fiers.

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Au final, ce dernier documentaire, comme les autres auparavant, invite à s’interroger sur ces phénomènes d’hybridité culturelle qui ont marqué la vie de ces femmes et hommes et leur ont permis de se forger une identité.

Rappelons que ces 12 épisodes constituent le premier maillon d’un projet plus ambitieux qui devrait comporter plusieurs saisons et permettre d’explorer de nouvelles facettes de cette histoire méconnue. Un financement participatif est d’ailleurs mis en ligne sur le site de crowfunding ULULE à cet effet pour permettre de poursuivre l’achèvement du tournage.

E.B.