La SAFER Guyane operationelle, entre en action pour structurer le foncier agricole

©SAFER Guyane

La SAFER Guyane operationelle, entre en action pour structurer le foncier agricole

Après plusieurs années de préparation, la Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural (SAFER) de Guyane est désormais pleinement opérationnelle. Ce processus s'est finalisé l’an dernier avec l’obtention de son agrément ministériel en novembre 2023, suivi il y a trois semaines de la tenue de son premier Comité technique, souvent qualifié de parlement du foncier agricole. Ce comité marque une étape clé dans l'objectif de la SAFER : développer une politique équilibrée pour la gestion du foncier agricole en Guyane et installer de nouveaux agriculteurs sur des terres adaptées.

Cette question cruciale sera d’ailleurs à l'ordre du jour du salon régional de l'agriculture, organisé ce vendredi au lycée agricole de Matiti. Le Comité technique, en réunissant les différents acteurs concernés, permet d’accélérer les processus d’attribution de terres, un aspect souligné par Sylvie Horth, présidente du comité. 

« Lorsqu'il y a des demandes de foncier, que ce soit des jeunes ou des moins jeunes, on peut traiter les dossiers beaucoup plus facilement [...] parce que tous les partenaires sont dans cette commission et on peut discuter et donner une orientation », explique-t-elle. Ce comité vise donc à simplifier et à prioriser les demandes, en particulier celles des jeunes agriculteurs qui cherchent à s’installer.

Favoriser une installation durable des jeunes agriculteurs

L’un des enjeux majeurs pour la SAFER est de répondre à la demande croissante de jeunes désireux de s’implanter sur des terres agricoles. Le foncier disponible existe en Guyane, comme le souligne Sylvie Horth, mais il est souvent laissé à l’abandon.

« On voit du foncier disponible, du foncier agricole qui n'est pas mis en valeur, et c'est vrai que cela va nous permettre d'installer nos jeunes dans de bonnes conditions, et non pas toujours sur de la forêt primaire », précise-t-elle. Le défi est de trouver un équilibre entre la préservation de la forêt et l’installation des exploitations agricoles dans des zones accessibles et équipées de services.

Des objectifs ambitieux mais réalistes pour 2030

Le Schéma d’aménagement régional (SAR) de Guyane prévoit d’atteindre 75 000 hectares de surface agricole utile (SAU) d’ici 2030. Toutefois, cet objectif semble difficilement atteignable, comme le reconnaît Chantal Berthelot, présidente de la SAFER Guyane : « Est-ce réalisable en 2030 ? Non, soyons honnêtes. [...] Actuellement, nous avons 35 000 hectares de surface agricole utile, il faut que cela augmente, mais de manière mieux structurée, avec moins d’échecs », explique-t-elle.

L’objectif reste néanmoins de doubler cette superficie tout en assurant une pérennisation des exploitations. La SAFER n’est qu’un des outils pour y parvenir, aux côtés d’autres initiatives visant à structurer les filières agricoles, renforcer l’approvisionnement, la commercialisation, et garantir un juste prix pour les agriculteurs.

L’accès au foncier, un défi de taille

Chaque année, environ 1 000 hectares sont attribués pour des projets agricoles, mais l’accès au foncier reste l’une des principales difficultés pour les agriculteurs. Sylvie Horth déplore notamment la pression exercée par d’autres secteurs comme le logement, qui empiète sur les terres agricoles. « Ce n’est pas au monde agricole de subir certaines choses », explique-t-elle, soulignant que la régulation des prix du foncier est essentielle pour préserver les terres agricoles. « À chaque fois qu’on perd du foncier agricole, c’est un agriculteur qu’on ne peut pas installer », ajoute-t-elle.

Le travail de la SAFER, en collaboration avec les différents acteurs du secteur, est donc primordial pour garantir un développement agricole durable et structuré en Guyane, tout en préservant les ressources naturelles et en soutenant les jeunes agriculteurs dans leur projet d’installation. 

Damien Chaillot