La procureure de Pointe-à-Pitre sonne l’alerte sur une « utilisation décomplexée des armes en Guadeloupe »

La procureure de Pointe-à-Pitre sonne l’alerte sur une « utilisation décomplexée des armes en Guadeloupe »

Au lendemain d’un week-end marqué une nouvelle fois par des faits de violences armées dans l’archipel guadeloupéen, la procureure de la République à Pointe-à-Pitre a dressé un état des lieux de l’action du parquet, dans l’émission « Parlons Vrai » chez nos partenaires d’RCI Guadeloupe.

« Il y a une utilisation décomplexée des armes en Guadeloupe ! ». Voilà ce que dit Caroline Calbo, procureure de Pointe-à-Pitre, concernant le regain de violences observé sur l’archipel depuis plusieurs semaines. Ce week-end encore, à Capesterre-Belle-Eau, un homme a été tué par balles et un autre aurait été blessé. Aux Abymes aussi, en marge d’une fête, un jeune d’une vingtaine d’années a été grièvement touché par une arme à feu.

Le fléau des armes à feu

Invitée de « Parlons Vrai » ce lundi 21 octobre sur RCI avec Laura Latchan, Caroline Calbo réagit et assure que plusieurs dispositifs sont mis en œuvre pour endiguer le phénomène. La magistrate invite par ailleurs les familles à agir sur le sujet en venant déposer les armes lorsque ces dernières sont en circulation.

« Il faut déjà dire qu’il y a énormément de contrôles réalisés sur le territoire, aux frontières, bien sûr. Et rien qu'en 2023, plus de 400 armes ont été saisies, dont la majorité dans le cadre d'affaires judiciaires. Ensuite, on essaie vraiment de coordonner l'action des différents services dans la lutte contre les armes. Le parquet dirige un groupe local de traitement de la délinquance spécialisé sur les armes. Au niveau de la préfecture, il va encore y avoir le plan « Déposons les armes ». Je veux aussi m'exprimer d'abord auprès de toutes les familles endeuillées, tous ceux qui ont perdu des enfants, du fait de cette utilisation tellement décomplexée des armes et leur dire que s'ils voient des armes, qu'ils n'hésitent pas à venir les déposer en brigade de gendarmerie ou bien au commissariat de police pour éviter, justement, qu'elles ne soient utilisées plus tard ».

La lutte contre les violences intrafamiliales 

Au cours de cet entretien, Caroline Calbo, la procureure de Pointe-à-Pitre, est également revenue sur les violences intrafamiliales. Un vrai fléau en Guadeloupe. « Il est important de porter plainte lorsqu’il s’agit de violences qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles et non de déposer une main courante ».

Pour la cheffe du parquet, un mot d'ordre fondamental : « briser le silence ». « On s'est concentré sur l'amélioration de la prise en charge des victimes. D'abord, au niveau des commissariats et des brigades, avec des instructions qui sont données aux officiers de police judiciaire et qui sont très claires. Je le redis à tout le monde : « on ne peut pas prendre une main courante, n'acceptez pas une main courante sur des violences intrafamiliales ». Les violences, qu’elles soient physiques, psychologiques, économiques ou bien sexuelles, doivent faire l'objet d'une plainte. Et cette plainte va être assez longue à recueillir. Derrière, il faudra sûrement aller à l’unité médico-judiciaire pour faire constater les blessures. Et ensuite, la procédure suivra son cours. Mais il faut absolument déposer plainte, parce qu'il y a encore trop de silence dans la société autour de ces violences intrafamiliales ».

RCI Guadeloupe