Journée mondiale de la diversité biologique : en Outre-mer des entreprises protègent la biodiversité avec des «Solutions Fondées sur la Nature»

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Journée mondiale de la diversité biologique : en Outre-mer des entreprises protègent la biodiversité avec des «Solutions Fondées sur la Nature»

Partout sur la planète, les impacts du changement climatique sont de plus en plus visibles. Le deuxième volet du 6ème rapport d’évaluation du GIEC1 publié le 28 février 2022 met en évidence l’augmentation de ces effets sur les territoires insulaires, en particulier sur les îles tropicales où submersions marines et inondations majeures se multiplient au passage des tempêtes et cyclones, et où les sécheresses sont de plus en plus en plus sévères. Alors que la question des mesures à prendre devient centrale, les experts climatiques préconisent « un développement durable et résilient face au changement climatique » pour limiter les impacts des activités humaines sur les écosystèmes.

 

A l’occasion de la Journée Mondiale de la Diversité Biologique, la Société Martiniquaise des Eaux et la Polynésienne des Eaux mettent l’accent sur les Solutions Fondées sur la Nature2 pour préserver et restaurer nos écosystèmes afin de « Bâtir un avenir commun à toutes les formes de vie », thème de l’édition 2022 de cette Journée Mondiale. 

Biodiversité et assainissement : une Solution d'épuration fondée sur la Nature en Martinique

C'est en 2014 que la station d’épuration des eaux usées de Taupinière a été inaugurée par l'Espace Sud sur la commune du Diamant en Martinique. Elle utilise une Solution Fondée sur la Nature qui permet la dépollution des eaux usées de quelques 800 habitants des quartiers de Taupinière, Fond Manoël, O’Mullane Haut et Bas.  

La technologie des Filtres Plantés de Végétaux3 est un bel exemple de partenariat avec la nature en lien direct avec une activité humaine quotidienne : l'assainissement des eaux usées.

La technologie de la station d'épuration de Taupinière ou encore celle de Mansarde Rancée au François, s'appuie sur l'action naturelle de plantes (ici les oiseaux de paradis) pour assurer les différentes étapes de traitement des eaux usées, notamment l'oxygénation des bactéries. La station de Taupinière, dans son processus de dépollution par déversement sur 4 lits plantés de macrophytes, contribue ainsi à la préservation de l'écosystème.

La transformation et l’absorption des polluants se déroulent dans le sol, par l'action d'une grande diversité de bactéries qui traitent à la fois les eaux usées et les matières en suspension.

Les plantes, par l'action de leurs racines, assurent essentiellement un rôle mécanique, et favorisent les échanges gazeux entre le sol et l'air.

En visite en Martinique avec une équipe d'inspecteurs à l'occasion d’une mission technique et d’un séminaire qui rassemble l’ensemble des agents de l’OFB des Antilles et de la Guyane, Odile Cruz, cheffe du service d’appui aux acteurs, connaissance et mobilisation des Territoires à l’OFB explique : « L’OFB est très soucieux de la préservation des milieux naturels et de la biodiversité. Cette alternative de traitement est pour nous un système à privilégier pour les stations de petites tailles. D’abord parce que les résultats sont très probants et la qualité et la technicité d’exploitation sont bien plus faciles que sur des systèmes plus sophistiqués de type boue activée. On a un système d’assainissement qui repose sur une Solution Fondée sur la Nature avec des végétaux qui vont servir à l’épuration, avec une
qualité de rejet qui va être complètement adaptée à la sensibilité du milieu récepteur ».
 

La Société Martiniquaise des Eaux qui exploite depuis quatre ans les deux stations à filtres plantés de végétaux - propriétés de l’Espace Sud - confirme l’intérêt écologique, économique et également technique de cette technique des « filtres plantés de végétaux ».

A Bora Bora, les rhizomes traitent les eaux usées de la « Perle du Pacifique »

Moanatea Leu, responsable d’exploitation Vaitehi - Polynésienne des Eaux © SPE

Dans le Pacifique, Moanatea Leu, responsable d’exploitation Vaitehi - Polynésienne des Eaux à Bora Bora (Polynésie française) utilise une autre Solution Fondée sur la Nature pour l’épuration des eaux usées de la « Perle du Pacifique » : « A l'origine, les eaux usées étaient traitées sur une lagune. En 1997, afin d'augmenter la capacité de traitement, la lagune de Povai a été transformée en station d'épuration à boue activée. Avec ce changement de procédé, il a fallu gérer la production continuelle de boue. C'est ici qu'interviennent les rhizomes. Les rhizomes font partie de la famille des roseaux. Ils ont été implantés dans les lits de séchage de boues à cette époque. L'avantage premier d'utiliser des roseaux dans les lits de séchage est centré sur leur capacité à créer un dense réseau racinaire. Ils contribuent
ainsi à l'aération de la boue, à un meilleur drainage de l'eau et à éviter que les boues ne pourrissent dans les lits de séchage. Les odeurs sont également évitées grâce aux rhizomes.
Autre avantage des rhizomes : absorber, en se développant, une partie de la pollution contenue dans les boues. Ces boues sont ensuite revalorisées pour le compostage. En moyenne 36 tonnes de boues sont extraites annuellement sur la station d'épuration de Povai ».

 

1 GIEC

2 Solutions Fondées sur la Nature https://uicn.fr/solutions-fondees-sur-la-nature/ 

3 Filtres plantés de végétaux https://www.eaumartinique.fr/etudes-connaissances-expertises/projets-innovants-soutenus-par-l-ode/projet-attentive-filtres-plantes-de-vegetaux