Dans son livre intitulé sobrement "Jean-François Carenco - Préfet de la République", Jean-François Carenco, grand commis de l'Etat et actuel ministre délégué chargé des outre-mer, délivre un vibrant plaidoyer en faveur de la République à travers le récit de sa carrière hors norme de préfet. Une face essentielle de l'action publique au service de la République pour permettre à l'Etat d'avancer, de contribuer à améliorer la vie de ses concitoyens et favoriser le vivre ensemble. Détails.
 

D'emblée, Jean-François Carenco annonce la couleur : "je suis un enfant de la République", assure t-il. Fils et petit-fils de résistants, né en 1952, 7 ans après l'armistice, Jean-François Carenco clame haut et fort son amour pour la République. Il le dit sans ambages citant en exemple son père issu d'une famille modeste, pur produit de l'ascenseur social qui, à la force du poignet, a réussi à faire Polytechnique et à terminer sa carrière en tant qu'ingénieur général à la SNCF.

Après des études secondaires effectuées à Marseille, la ville de son enfance et sa ville de coeur, le jeune Jean-François Carenco monte, comme on dit, à Paris pour y intégrer HEC.
Au campus de Jouy-en Josas, il y découvre le rugby, le parti socialiste, les fêtes arrosées et surtout sa future épouse, Magali. Si devenir banquier ou homme d'affaires ne l'enchante guère, c'est tout de même à HEC qu'il découvre le service public. Et c'est de là que lui vient la volonté d'intégrer l'ENA qui correspond plus à ses convictions et dont il réussira le
concours d'entrée à sa deuxième tentative.

Le rôle du préfet dans le combat républicain à mener

Après un passage obligé au service militaire, en septembre 77, il entre à l'ENA, où il découvre avec une certaine fébrilité, mais aussi beaucoup d'entrain le fonctionnement de l'Etat au cours d'un stage en préfecture, à Privas, en Ardèche. Puis, il débute sa carrière de préfet en 1995. De Nouvelle-Calédonie à Saint-Pierre -et-Miquelon ou la Guadeloupe en passant par la Haute-Savoie, Paris ou l'Île-de-France, Jean-François Carenco qui a connu cinq présidents de la République, croit "irremplaçable" le rôle du préfet dans le combat républicain à mener. "Pour faire ce métier, affirme t-il, il faut avoir trois amours chevillés au corps : les autres, la France et la République".

L'actuel ministre délégué chargé des outre-mer révèle avoir appris le métier dans chacun des postes occupés. Ainsi, à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, ce fut la prise de contact avec le débat sur le colonialisme et la rencontre avec Jean-Marie Tjibaou. De même, il raconte avoir appris la République dans les Antilles en Guadeloupe avec la cicatrice de
l'esclavage jamais complètement refermée car "la France, admet-il, n'a jamais discuté avec elle-même de cette terrible année 1802 au cours de laquelle Louis Delgrès est mort en précurseur et héros de tous les résistants en criant : vivre libre ou mourir ".

Une face essentielle de l'action publique

Mais la République, selon Jean-François Carenco peut être menacée. Ainsi, dans un chapitre intitulé "l'ordre de la République", le préfet ne craint pas d'endosser sa tunique répressive pour rétablir l'ordre au nom de "l'équilibre entre tolérance et discipline : chemin de crête pour vivre ensemble", plaide t-il. "En cette période de crises majeures, la
République devrait s'affirmer comme l'avenir de chacun, de la France, de l'Europe et du monde", assène t-il.

Bref, Jean-François Carenco délivre un vibrant plaidoyer en faveur de la République, porteuse de valeurs universelles et garante des libertés et du vivre ensemble. Un hymne à la République qui se traduit par un récit ponctué d'expériences personnelles et où doutes, crises voires drames ont jalonné sa carrière.

De l'histoire de la fonction aux épreuves quotidiennes, cet ouvrage livre la vérité de son métier hors normes et laisse entrevoir une face essentielle de l'action publique. "Servir avec passion la République", tel est le credo de ce grand commis de l'Etat convaincu que "notre avenir est toujours à inventer ensemble et que la République en est le chemin".
 

E.B.

Jean-François Carenco
Préfet de la République
Editions Les Cerfs
254 pages