Jean-Claude Maës, Président de l’ACCD’OM : « Nous militons pour la mise en place d’une dotation de mobilité pour les élus ultramarins »

©ASA / Outremers360

Jean-Claude Maës, Président de l’ACCD’OM : « Nous militons pour la mise en place d’une dotation de mobilité pour les élus ultramarins »

Depuis le 1er janvier 2023, l’Association des Communes et Collectivités d'Outre-mer (ACCD'OM) a un nouveau président. Le maire de Capesterre-de-Marie-Galante, Jean-Claude Maës succède en effet au maire de Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel, après deux ans de mandature. Le nouveau président de l’association prône la continuité, tout en indiquant vouloir mettre en place de nouvelles stratégies de développement pour les territoires que l’association représente. Il fait le point pour Outremers360.

Outremers360 : Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est l’ACCD’OM ? 

Jean-Claude Maës : l’ACCD’OM veut dire Association des Communes et Collectivités d'Outre-mer. Nous traitons toutes les problématiques des Outre-mer, que ce soient des sujets liés à la sécurité, à l’octroi de mer… Nous pouvons travailler avec la gendarmerie comme avec le ministère de l'Intérieur.  Nous englobons tout ce qui concerne les Outre-mer. 

Outremers360 : Quels sont les projets qui ont été menés ces dernières années ? 

Jean-Claude Maës : Nous avons, par exemple, réalisé une étude sur la résilience du tourisme en Outre-mer il y a deux ans, qui s’est concrétisée par la création d’une marque ombrelle qui regroupera la stratégie touristique des territoires d’Outre-mer. Nous en ferons la présentation demain (NDLR : aujourd’hui, le 12 janvier) à la Direction générale des outre-mer (DGOM). Tous les ans, nous avons notre Congrès qui permet aux élus de se retrouver, de voir les projets qui sont mis en place sur certains territoires et qui peuvent être dupliqués sur d’autres, et ce, dans n’importe quel domaine : la finance, la logistique, la transition écologique, la santé…

Un des exemples les plus marquants de la nécessité de ces rencontres, c’est ce qui s’est passé il y a 5 ans, lorsque notre partenaire Suez a fait la présentation d'une station d'épuration où l’on traitait les boues pour les transformer en engrais. Le projet a été décliné sur deux autres territoires : en Guyane et en Polynésie. Ils ont vu la démonstration pendant le Congrès et ils l'ont reproduit chez eux parce qu'ils ont vu l'intérêt que ça avait pour leur territoire. 

Outremers360 : Quelles sont les premières actions que vous allez mettre en place dans le cadre de votre mandature ? 

Jean-Claude Maës : Le bureau s’est réuni ce matin (NDLR : le 11 janvier) pour prendre les grandes orientations de 2023. L’une d’entre elles sera de se battre pour être représenté dans toutes les instances représentatives de l’État. Notre combat, c’est de faire en sorte d’être partout où l’on pourra entendre la voix des Outre-mer. Cette année, nous avons beaucoup de projets en cours : nous avons mis en place une demande d'agrément pour la formation des élus locaux. Si tout se passe bien, cela commencera courant 2023. 

Nous lançons cette année aussi une étude sur la logistique des territoires ultramarins. Cela concerne le transport maritime, aérien, routier, la dépendance de nos territoires au flux maritimes, notamment aux importations, l’impact que cela a sur l’emploi, le côté logistique… Le but de cette étude, c'est de pouvoir trouver une nouvelle stratégie logistique pour les Outre-mer et ensuite d’en faire une proposition, pour une mise en place dans chaque territoire, incluant bien évidemment une coopération régionale : caribéenne pour les Antilles et la Guyane, mais également indopacifique, dans l'océan Indien. Et puis nous préparons également notre congrès annuel qui aura lieu cette année en Nouvelle-Calédonie. 

Outremers360 : Quelles sont vos priorités ? 

Jean-Claude Maës : Nous avons une priorité, c'est de développer le tourisme. Nous travaillons sur une marque qui sera reconnue et déposée. Nous voulons que les Outre-mer parlent d’une même voix. De la même façon qu'aujourd'hui Atout France (NDLR : opérateur de l'État chargé de renforcer le positionnement de la destination France à l'international et d'accompagner le développement de l'offre touristique française) regroupe toutes les stratégies de chaque région française sous une seule ombrelle, nous voulons regrouper toutes les stratégies touristiques des Outre-mer sous une seule ombrelle et par la même occasion, multiplier les possibilités de marché pour chaque territoire. 

Outremers360 : Cette année, vous organisez également plusieurs colloques… 

Jean-Claude Maës :  Nous avons : un colloque sur la santé des Outre-mer, un colloque sur la transition écologique des Outre-mer et un colloque sur le sport et la culture dans les Outre-mer. L'objectif, c'est d'apporter des propositions de solutions aux élus d'Outre-mer sur des thématiques spécifiques et aussi de faire remonter des problématiques qui ne sont pas forcément visibles. Ces colloques se dérouleront à Paris et nous espérons avoir la participation de nos parlementaires. Aujourd’hui, nous avons des délégations Outre-mer à l'Assemblée nationale et au Sénat et nous sommes absolument ravis. Nous travaillons en collaboration avec les deux délégations. Mais il s’agit aussi de faire prendre conscience aux autres parlementaires qui ne sont pas originaires des Outre-mer que nous avons des problématiques dont il va falloir qu’ils s’en occupent et qu'ils nous soutiennent.

Outremers360 : Que répondez-vous aux personnes qui critiquent les nombreux déplacements des élus des Outre-mer en dehors de leurs territoires, surtout dans une période où il a été démontré que certaines choses peuvent se faire à distance ? 

Jean-Claude Maës : On ne pose jamais de questions aux élus de l'Hexagone parce qu'il leur suffit de prendre le train… Nous, nous sommes obligés de prendre l'avion. Ce n'est pas notre faute et cela reste une nécessité sur certains dossiers. D'ailleurs, en raison de notre éloignement, et de cette nécessité d'assister à certains événements qui se déroulent généralement à Paris, nous militons pour la mise en place d'une dotation de mobilité pour les élus ultramarins. Il y a des colloques, des formations, des évènements auxquels nous devons assister. Enfin, j'aimerai dire que lorsque nous rencontrons nos interlocuteurs en personne, nous pouvons faire sauter beaucoup plus de verrous. Il est vrai que pendant la crise COVID, nous avons fait beaucoup de visioconférences, mais nos dossiers n’avancent pas autant que lorsque l’on rencontre les personnes directement, que l’on peut échanger avec elles, face à face.

Outremers360 : Qu’est-ce qui vous différencie des autres associations, collectifs, fédérations qui rassemblent des élus ultramarins ? 

Jean-Claude Maës : Nous sommes là en complément. Aujourd'hui, sous le couvert de nos adhésions, nous regroupons plus de 82% de la population ultramarine sur les 11 territoires. Nous sommes donc une force d’engagement. De plus, via nos partenariats avec les ministères, les agences gouvernementales, les privés… Nous sommes en mesure de mettre en place des choses pour les territoires. Nous pouvons ramener les informations des territoires vers Paris pour faire évoluer les réglementations, par exemple. Nous ne sommes pas en opposition avec les autres instances. D'ailleurs depuis décembre 2021, l’ACCD’OM siège au bureau de l’AMF (association des Maires de France et des présidents d'Intercommunalités : nous sommes les représentants principaux des Outre-mer pour l’AMF… Notre force, c’est que nous pouvons aller sur tous les sujets : la sécurité, l’emploi, l’assainissement, le logement… 

Outremers360 : Vous êtes dans un esprit de continuité ou de changement ? 

Jean-Claude Maës : Dans un esprit de continuité et de développement. Aujourd’hui, de plus en plus de ministères regardent avec beaucoup d'intérêt l’association. Petit à petit, nous gagnons en visibilité. Aujourd’hui, nous avons 124 membres mais notre objectif est de rassembler toutes les collectivités et les communes des Outre-mer. 

Propos recueillis par Abby Said Adinani