Dans « Jacqueline Manicom – La Révoltée » publié aux éditions de l’Atelier, la journaliste et historienne Hélène Frouard nous propose de découvrir ou redécouvrir le parcours, l’œuvre et les combats de l’écrivaine féministe et anticolonialiste guadeloupéenne Jacqueline Manicom longtemps oubliée qui a tenté d’articuler combat féministe et combat antiraciste. Un ouvrage historique remarquable et bien documenté accompagné d’un podcast en quatre épisodes pour que l’histoire de cette figure guadeloupéenne inspirante parvienne au grand public et soit inscrite dans la mémoire collective.
Dans cette période mouvementée et incertaine, on a besoin de gens flamboyants, de modèles inspirants, rebelles et transgressifs. Jacqueline Manicom fait partie de ces personnalités qui ont marqué l’histoire et méritent d’être inscrites dans notre mémoire collective. Une grande figure guadeloupéenne, dont le parcours passé sous silence doit être connu et reconnu. Née en Guadeloupe en 1935, Jacqueline Manicom se destinait à l’exercice de la médecine, mais il en sera autrement. Son statut de femme noire, guadeloupéenne, le racisme ordinaire bien installé dans l’hexagone, auront raison de ses velléités.
Créatrice du premier planning familial dans les outre-mer
Elle sera finalement sage-femme. Mais une sage-femme active, engagée, révoltée qui aborde la condition féminine avec une certaine vérité, n’hésitant pas dénoncer notamment les violences conjugales, constatant les écarts de traitement des populations antillaises, d’accès aux soins et à la contraception. Dès lors, elle tentera d’articuler combats féministes et combats antiracistes. Un combat féministe qu’elle mènera aux côtés entre autres de Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir. Elle sera notamment pionnière du planning familial dans les territoires d’outre-mer.
Egalement écrivaine, autrice de « Mon examen de blanc » en 1972 et « La Graine : Journal d’une sage-femme » en 1974, véritable manifeste idéologique et politique qui a connu un vif succès, son œuvre autobiographique est fondée sur la triple exploitation de classe, de race et de sexe. Femme libre et anticolonialiste, si ses idées portant sur le droit à l’avortement et à la contraception rencontrent un certain écho, celles en revanche sur les clichés raciaux et sur l’antiracisme peinent à faire consensus y compris auprès des militants proches. Elle sombrera finalement dans l’oubli au contraire de certaines figures féministes et finira par se suicider. Nous sommes en 1976, à Massy, dans l’Essonne.
Un ouvrage accompagné d’un podcast en quatre épisodes
Après deux années d’enquête, c’est cette histoire que la journaliste et historienne Hélène Frouard nous fait découvrir ou redécouvrir pour certains à travers son ouvrage intitulé « Jacqueline Manicom – La révoltée ». Un ouvrage historique remarquable et bien documenté qui se lit comme un roman et dans lequel la vie, l’œuvre et les combats de cette féministe, écrivaine et anticolonialiste guadeloupéenne qui incarne les valeurs de liberté, de justice et d’émancipation des femmes et des peuples, sont mis en lumière pour que son histoire parvienne au grand public et s’inscrive dans la mémoire collective.
L’ouvrage « Jacqueline Manicom – La révoltée » s’accompagne d’un podcast en quatre épisodes avec la participation de l’autrice, traductrice et afro-féministe guadeloupéenne Gerty Dambury porté par « Ami(e)entends-tu », podcast des éditions de l’Atelier qui explore les grands enjeux sociétaux, économiques et environnementaux de notre époque.
E.B.
« Jacqueline Manicom – La Révoltée »
D’Hélène Frouard
Editions de l’Atelier
176 pages
Sortie : 21 février 2025