INTERVIEW EXCLUSIVE. « Le développement du spatial en Guyane offre des perspectives attractives d’emploi durable et qualifié pour les guyanais », assure Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

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INTERVIEW EXCLUSIVE. « Le développement du spatial en Guyane offre des perspectives attractives d’emploi durable et qualifié pour les guyanais », assure Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, se rendra en Guyane du 3 au 4 mars 2025 à l’occasion du premier lancement commercial d’Ariane 6. Ce déplacement sera l’occasion pour le ministre de rappeler l’importance du domaine spatial pour la souveraineté de la France et de l’Europe ainsi que pour le développement de la Guyane.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, qui présidait le CNES avant sa nomination au gouvernement, consacrera également ce déplacement à la recherche. Outre sa venue au Centre spatial Guyanais, il se rendra à l’Institut Pasteur pour échanger autour des enjeux de la recherche sur les maladies vectorielles émergentes et de la santé publique, une semaine après avoir annoncé le 4e plan national maladies rares. Il conclura sa visite ministérielle à la base navale de Degrad-des-Cannes (Rémire-Montjoly) où il se verra présenter les enjeux de l’évolution des traits de côte et du rôle de la mangrove à bord du bateau scientifique Ayawandé (CNRS, IFREMER).

Son interview exclusive ci-dessous :

Outremers360 : Vous vous rendez en Guyane en début de semaine prochaine pour assister au premier lancement commercial d’Ariane 6. En quoi était-ce important que le Gouvernement soit présent à Kourou ?

Philippe Baptiste : La souveraineté française et européenne se joue aussi dans l’espace et le premier lancement commercial d’Ariane 6 constitue un jalon majeur de 2025, année charnière pour le secteur spatial français et européen. En effet, Ariane 6 et le Centre spatial Guyanais, situé à Kourou, représentent aujourd’hui la seule et unique porte européenne pour accéder à l’espace, alors que le contexte international continue de se durcir. Les incertitudes nées du retour de Donald Trump à la Maison Blanche impacteront de nombreux programmes scientifiques, d’exploration et d’observation et doivent nous amener à admettre l’évidence : l’Europe doit avoir un accès autonome à l’espace. C’est pour cela que ce premier lancement commercial d’Ariane 6 est un moment si important.

Vous nous dites que le spatial est important pour la souveraineté française et européenne. Mais pourquoi est-ce également important pour les guyanaises et les guyanais ?

Le secteur spatial est un moteur essentiel de l’économie guyanaise puisque plus de 9 000 emplois sont liés aux activités spatiales dans le département. Et au-delà des emplois directs, le spatial génère de l’activité : dans le BTP, la logistique, la restauration, les services… A chaque lancement, ce sont des centaines d’entreprises locales qui sont mobilisées. Le développement du spatial en Guyane, avec des projets de long terme comme Ariane 6, offre des perspectives attractives d’emploi durable et qualifié pour les guyanais. Il faut continuer de développer sur le territoire les formations et les partenariats avec les entreprises locales afin de favoriser la formation et l’accès aux métiers de points du spatial.

La vérité, c’est que la France et l’Europe sont fières aujourd’hui de pouvoir compter sur ce pôle d’excellence guyanais !

La dernière visite d’un ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche en Guyane remonte à 2022, où en sont l’Enseignement supérieur et la Recherche en Guyane ?

Je ne pouvais pas envisager un déplacement en Guyane sans aller à la rencontre de celles et ceux qui font vivre l’enseignement supérieur et la Recherche. Je vais rencontrer, outre le recteur et le Président de l’Université de Guyane, les directeurs des instituts de recherche et aller à la rencontre des chercheurs à l’Institut Pasteur de Guyane pour aborder les thématiques de recherche sur les maladies vectorielles ou encore de l’équipe mixte CNRS – IFREMER – Université de Guyane qui s’intéresse à l’évolution du littoral guyanais.

Dans les deux cas, il s’agit d’équipes d’excellence dont les objets de recherche trouvent immédiatement des débouchés, pour la population, pour le territoire : dans la prévention ou le traitement des maladies transmises par les moustiques dans le premier cas, dans la compréhension de l’écosystème naturel dans le second exemple. C’est aussi le cas de l’Université de Guyane dont les objectifs ambitieux de spécialisation sur l’écosystème amazonien, dans l’ensemble de ses composantes végétales, animales, sociales et médicales, lui permettent de devenir ce centre universitaire de référence. C’est important de montrer le soutien du Gouvernement à tous ces projets.

Il y a aussi les étudiants…

Oui évidemment ! Ce sera l’objet de mes tout premiers entretiens, dès la sortie de l’avion, dimanche soir, avec le recteur ou avec le Président de l’Université de Guyane, avec les responsables de la CTG aussi un peu plus tard : l’accompagnement des étudiants guyanais, ceux qui restent ici dans l’enseignement supérieur, comme ceux qui poursuivent leurs études en partant, qui dans les Antilles, qui en Hexagone.

Je serai, avec le recteur, avec les équipes du CLOUS, avec les équipes de LADOM, très attentif à ce que le meilleur accompagnement leur soit offert. Dans quelques années, ce seront eux les chercheurs, les enseignants, les scientifiques, les médecins, les chefs d’entreprises, les ingénieurs… qui à leur tour feront rayonner la Guyane et la France.

C’est votre premier voyage en Guyane en tant que ministre mais ce n’est pas la première fois que vous vous rendez dans ce département. Que vous connaissez bien, n’est-ce-pas ?

En effet, j’ai eu l’occasion de me rendre en Guyane a de nombreuses reprises depuis 15 ans, et encore récemment quand je dirigeais le CNES. J’ai un vrai attachement à ce territoire et je sais que j’ai encore beaucoup à en découvrir. C’est donc toujours un vrai plaisir pour moi de venir en Guyane.