INTERVIEW. Entre dépassement sportif et partage culturel, « la Vendée Va’a devient un événement important » assure Denys Remy, fondateur de la course

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INTERVIEW. Entre dépassement sportif et partage culturel, « la Vendée Va’a devient un événement important » assure Denys Remy, fondateur de la course

Voilà quinze ans que la Vendée Va’a rythme les Sables d’Olonne aux sons des to’ere, des ukulele et des coups de rames qui fendent l’atlantique. Cette année, le grand pont de l’Ascension ancre définitivement l’événement dans l’agenda des Sables d’Olonne, attirant autour de lui la communauté polynésienne de l’Hexagone, les aficionados de la Polynésie, les simples curieux ou même les visiteurs du hasard. À l’origine de cet évènement, une association, Sapovaye, et un homme : Denys Remy qui, après quinze années et quatorze éditions, s’apprête à l’issue de celle-ci à passer le relais.

Vous êtes le fondateur de cette course créée en 2010. Aujourd'hui, c'est un événement entré dans les habitudes des Sables d'Olonne, de l’Hexagone, de l’Europe même avec des équipes qui viennent cette année d’Allemagne et de Suisse. C'est une satisfaction d'en être arrivé là aujourd'hui ?

On connaît le Vendée Globe. Derrière, il y a la Vendée Va’a. La grande différence, c'est qu'on a lieu tous les ans. On a commencé avec deux équipes. Aujourd'hui, on a entre 25 et 27 équipes. Et surtout, on a 300 bénévoles qui participent au succès de la Vendée Va’a. 

À la toute première édition, on a commencé par les hommes. Après, on a eu les femmes sur une étape. Maintenant, elles font trois étapes, soit 56 kilomètres. Et on a les jeunes aussi. Je considère que les jeunes sont la force vive de demain. Donc, on doit penser à ces jeunes.

Autour de la course, on a créé l'initiation au va’a, si vous voulez essayer la pirogue. On a lancé aussi l'école, l'académie : une école de va’a en liaison avec la Fédération, pour que les jeunes rameurs se perfectionnent.

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La Vendée Va’a c’est aussi beaucoup d'animation aussi dans la ville avec le Village polynésien. Est-ce que ça a mis du temps à emporter la Collectivité de la Polynésie française derrière vous, autour de cette course ?

Ça a été très rapide parce que j'ai eu l'occasion d'aller en Polynésie plusieurs fois. J'ai rencontré le président qui était en place à l'époque, et qui nous a confié comme mission de développer le va’a en Europe pour que demain, le va’a soit discipline olympique. C’est notre petite pierre à l’édifice. 

Depuis 2012, il y a des équipages de Polynésie qui viennent s'essayer à l'Atlantique. Quels sont leurs retours par rapport à cette course ?

Pour eux, c'est la course la plus difficile au monde. D’abord, on a la chance d'avoir de beaux temps aujourd’hui, mais il fait plus froid. Deuxièmement, on leur fait remonter au vent, contrairement aux courses en Polynésie où chaque fois, vous avez le vent derrière. Pour eux, c'est la course la plus difficile. Ce n'est pas moi qui le dis.

À chaque fois, ils gagnent quand même…

Non, ils ont perdu une fois et c'est l'équipe du CKCL qui a gagné. Elle a pu aller s’essayer à la Hawaiki Nui (grande course de pirogue en trois étapes entre les îles de Huahine, Raiatea, Tahaa et Bora Bora). 

Justement, le gagnant au classement général, hors équipe polynésienne, partira sur place pour participer à la Vodafone Race ?

Exactement. On a un partenariat avec Air Tahiti Nui, et je suis très reconnaissant aux personnes qui nous ont fait confiance : Torea Colas et Jean-Marc Hasting. Ils nous ont rapidement soutenus et ils participent au succès.

Il y a le côté sport du va’a mais il y a aussi le côté culture, et ce village qui a l’ambition de plonger les visiteurs dans l’ambiance…

Pour moi, c'est important d'avoir un village parce qu'effectivement, il y a le sport, mais il y a aussi la culture. Il faut comprendre pourquoi on fait une prière à chaque début de course. C’est ainsi en Polynésie avant chaque course. Il faut également comprendre l'art polynésien également. Donc, on a créé cet univers et on fait tout aujourd'hui pour que ce sport soit apprécié et découvert aussi dans sa dimension culturelle. 

Chaque année, la Vendée Va’a tourne autour de 25 équipages participants. Est-ce que vous en voudriez davantage ?

On aurait pu en avoir 30, mais on est aussi financièrement limité car chaque équipe nécessite derrière des bateaux qui suivent parce qu'avec l'océan, on ne sait jamais. Une année, on a eu une mauvaise tempête : trois pirogues ont coulé, dont une qu'on n'a jamais retrouvée. Donc, il faut être prudent. On a tout un système de sécurité, c'est important.

Vous recherchez de nouveaux soutiens ?

Oui. En plus de la course et toute la logistique qu’elle nécessite, avec les prestataires qui vont avec, nous sommes sur un investissement représentant 700 000 euros. Donc il faut des partenaires, des référents qui nous fassent confiance sur des sommes relativement importantes. D’autant que la Vendée Va’a devient un événement important.

Vous avez des pistes ?

Oui, on a des pistes, je n’en dirais pas davantage. Je soulignerais aussi le rôle important de la municipalité des Sables d’Olonne. Chaque année, la Vendée Va’a ramène environ 45 000 personnes dans la commune. Et il y a aussi le département, et des partenaires privés qui n’ont aucun intérêt publicitaire, mais qui sont là parce qu'ils ont considéré que cet événement, il fallait le garder : il fait vivre la ville.

D’ailleurs par rapport à l’an dernier, a priori, vous constatez plus de monde ?

Je pense que ce n’est pas comparable par rapport à l’année dernière car le jour férié tombait un mercredi. Avec le grand pont cette année, il y a du monde. Les commerçants nous disent qu'ils font 30% de leur chiffre d'affaires pendant ce week-end.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter, et souhaiter à la Vendée Va’a pour la suite ?

Déjà, que la Vendée Va’a continue encore à progresser, à rassembler et à remplir l’objectif de participer à cette reconnaissance de la discipline au niveau olympique. Pour ma part, après 14 éditions, ce sera ma dernière année. Il est temps que je passe le relai. Je crois savoir que les rameuses et rameurs ont prévu quelque chose samedi, pour la dernière course…