Hommage au Guyanais Raoul Diagne, le joueur de football qui a ouvert la voie aux sportifs noirs dans le sport français

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Hommage au Guyanais Raoul Diagne, le joueur de football qui a ouvert la voie aux sportifs noirs dans le sport français

Né en Guyane en novembre 1910 et disparu en novembre 2002, Raoul Diagne a été le premier footballeur noir à revêtir le maillot de l'équipe de France de football après avoir fait le bonheur de son club, le Racing Club de Paris avec lequel il gagnera plusieurs titres. En tout état de cause, il restera dans l'histoire comme l'une des figures marquantes du football et surtout comme celui qui a ouvert la voie aux joueurs noirs dans le football français et plus généralement aux sportifs noirs dans le sport français. Hommage.
 

Chez les Diagne, on collectionne les premières fois. Le père Blaise Diagne est le premier député africain de l'histoire à sièger à l'Assemblée nationale en 1914. Il sera nommé par la suite sous-secrétaire d'Etat aux colonies. Quant à Raoul, il sera le premier joueur noir en France et en Europe à intégrer une équipe nationale et le premier joueur d'origine africaine à évoluer dans une équipe européenne lors d'une coupe du monde. Nous sommes le 14 février 1931 et la France est opposée à la Tchécoslovaquie, à Colombes, à l'occasion d'un match amical.

Auparavant, Raoul Diagne, né le 10 novembre 1910 à Saint-Laurent-du Maroni, en Guyane, d'un père sénégalais et d'une mère blanche guyanaise, va se faire une réputation au Racing Club de Paris, après avoir découvert la passion du football à 13 ans au lycée Jeanson-de-Sailly. En dépit des réticences de son père qui a d'autres projets pour ce fils brillant dans les études, Raoul Diagne parviendra à assouvir sa passion pour le football. 18 sélections en équipe de France.

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A 16 ans, il intègre le Racing Club de Paris aujoujourd'hui Racing Club de France et sous ses couleurs, remporte trois coupes de France (1936, 1939 et 1940) et un titre de champion de France (1936). Sur le terrain, Raoul Diagne, joueur athlétique, élégant et spectaculaire devient célèbre par sa clairvoyance de jeu et sa polyvalence, pouvant évoluer à tous les postes, gardien de but compris. Mais son poste de prédilection se situe dans le couloir droit où il excelle. Latéral offensif, on peut presque avancer qu'il a inventé le poste de piston si précieux aujourd'hui. Un poste qu'il occupera en équipe de France, dont il endossera le maillot à 18 reprises de 1931 à 1940.

Sa passion pour le ballon rond et ses exploits dans le football ne l'empêchent pas pour autant de s'adonner aux joies des nuits parisiennes. Ami de Joséphine Baker, l'égérie des nuits parisiennes et star incontestée de l'époque, et du boxeur Panama Al Brown, il est l'une des figures marquantes du "Paris noir" de ces années là. Fêtard, mais sérieux, celui qui est désormais affublé du surnom "l'araignée noire" sera absent du mondial italien en 1934, mais sera bel et bien présent en 1938 en France où se déroule alors la coupe du monde. A domicile, la sélection française ira jusqu'en quarts de finale où elle sera défaite par les Italiens (1-3).

'équipe de France de football lors d'un match amical contre la Hongrie le 13 mars 1939. Debout : Julien Darui, François Bourbotte, Gusti Jordan, Etienne Mattler et Raoul Diagne. Accroupis : Roger Courtois, Larbi Ben Barek, Alfred Aston, Oscar Heisserere, Emond Weiskopf. © Presse sports

Une figure marquante du football français

Pendant la seconde guerre mondiale, il rejoindra le FC Toulouse avec lequel il sera sacré vice- champion de France (zone libre) en 1941 et 1942. Il poursuivra sa carrière à Annecy puis à Nice. Au total, il aura joué 210 matchs avec le RC Paris, le club avec lequel il aura effectué l'essentiel de sa carrière. Il poursuivra dans le milieu du football après avoir obtenu ses diplômes d'entraîneur. Il y exercera alors en AOF (Afrique Occidentale française), en Belgique, en Algérie et en Normandie. Dans les années 60, il est appelé au chevet de l'équipe nationale du Sénégal, le pays d'origine de son père, où il signe la première victoire sénégalaise contre l'équipe de France, il est vrai amateur. C'était en 1963, lors des Jeux de l'Amitié sur le score de 2 buts à 0.

Dans les années 70, il revient à Paris et est nommé à l'Institut national des Sports, au service de la préparation olympique. Il disparait à Créteil le 12 novembre 2002, juste après avoir fêté son anniversaire. Il avait 92 ans et restera dans l'histoire, en dépit des discriminations et du racisme à l'égard des noirs et des étrangers très prégnants à cette
époque, comme l'une des figures marquantes du football français et surtout comme "l'homme qui a ouvert la voie aux sportifs de couleur dans le football français " et au-delà.

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E.B.