La Guyane se prépare à accueillir sa propre production d’huîtres grâce à la future ferme ostréicole expérimentale de Montsinéry, visitée ce 18 septembre par Éric Banel, directeur général des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture. Ce projet, initié en 2009 par la commune, vise à valoriser une ressource naturelle unique avant de la commercialiser à travers toute la Guyane. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.
Les huîtres de Montsinéry sont récoltées dans un environnement particulier : elles proviennent des palétuviers et de l’îlet Cupidon, situés au large de la rivière Montsinéry. L’origine de ces huîtres remonte à l’époque coloniale, lorsqu’elles ont été introduites depuis le Sénégal. Elles ont trouvé dans les eaux chaudes de Guyane un habitat propice à leur développement. L’enjeu est désormais de sécuriser cette production locale et de la mettre en valeur.
Cerwan Golitin, assistant en maîtrise d'ouvrage pour l'entreprise Amaz Concept, qui supervise l'exploitation des huîtres, a expliqué les étapes de production et les ambitions de la filière : « L'ouverture de la saison a commencé le 1er septembre, car c'est la période des mois en "ombre" (de septembre à décembre). Le pic de production est attendu entre fin novembre et fin décembre. L’idée est d’abord de valoriser les huîtres localement, car les premiers consommateurs sont ici, en Guyane. Mais nous envisageons aussi d'exporter nos huîtres en métropole. Elles ont une salinité différente de celles que l'on trouve en France, et notre système de production est unique, notamment avec la récolte sur les palétuviers et la purification dans des bassins spécifiques ».
Les huîtres sont purifiées à la ferme ostréicole avant d’être récupérées par les producteurs avec un certificat de conformité, garantissant leur qualité pour la consommation. L’ambition est de faire découvrir ce produit aux consommateurs français, au-delà des frontières de la Guyane.
Une huître unique au goût du terroir guyanais
Le maire de Montsinéry, Patrick Lecante, a souligné que les huîtres de Montsinéry ne doivent pas être comparées à celles produites dans l'Hexagone : « La géographie ici est totalement différente. Nous avons un climat chaud toute l’année, ce qui offre des conditions uniques pour l’élevage d’huîtres. Nous souhaitons développer cette culture dans le respect des réglementations, tout en obtenant certaines dérogations nécessaires ».
Lecante rappelle que des initiatives similaires existent déjà dans des régions voisines, comme dans l’État du Pará au Brésil, ou encore au Sénégal, où des conditions similaires permettent également la production d’huîtres. Le projet guyanais s’inscrit donc dans une dynamique internationale, tout en cherchant à affirmer son identité locale.
Vers une labellisation et une production 100% guyanaise
Patrick Lecante a également exprimé son souhait de voir un jour une huître 100% produite à Montsinéry, avec la possibilité d'obtenir un label distinctif : « Nous voulons développer cette filière avec nos habitants, car ce sont eux qui possèdent le savoir-faire. Nous voulons associer cette expertise locale avec des techniques modernes, issues des universités et des écoles, pour créer un produit totalement guyanais, disponible dans les supermarchés. Notre objectif est d’offrir aux consommateurs guyanais une huître de qualité pour les fêtes de fin d’année, et d’obtenir une labellisation de notre huître, l'huître de Montsinéry. Cela permettrait aussi de développer de nouvelles opportunités économiques pour nos jeunes ».
Ce projet pourrait devenir un levier économique pour la commune et une nouvelle vitrine de la richesse des ressources naturelles de la Guyane. La production d’huîtres à Montsinéry représente ainsi bien plus qu’une simple activité agricole, en voulant potentiellement incarner une ambition de faire reconnaître un produit unique, reflet du terroir guyanais.
Damien Chaillot