Guyane : Une création de maison transfrontalière des femmes en projet, pour protéger les femmes victimes de violences à Oiapoque

© ARS Guyane

Guyane : Une création de maison transfrontalière des femmes en projet, pour protéger les femmes victimes de violences à Oiapoque

Dans le cadre de la coopération franco-brésilienne en matière de santé, un projet de création d’une maison des femmes transfrontalière à Oiapoque a été discuté les 13 et 14 août 2024 lors d’une visite du directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS), Dimitri Grygowski, dans la région de l’Oyapock. Ce projet vise à lutter contre les violences faites aux femmes à la frontière entre la Guyane française et le Brésil, où les rapports du projet Oyapock Coopération Santé (OCS) ont mis en lumière la "banalisation" de ces violences.



La maison des femmes, qui devrait voir le jour à Oiapoque, du côté brésilien, offrira un hébergement d’urgence pour dix femmes victimes de violences conjugales. Ce lieu servira de refuge temporaire, garantissant une protection de soixante-douze heures aux victimes. Par la suite, un parcours de prise en charge sera mis en place pour ces femmes, avec des services d'accompagnement adaptés de part et d'autre de la frontière, en Guyane et dans l'État brésilien de l'Amapá.

Ce projet s’inscrit dans une démarche transfrontalière plus large, visant à améliorer les conditions de vie et de santé dans cette zone isolée. À Saint-Georges, l’association ID Santé a déjà ouvert la Kaz ID, un centre qui propose un accueil de jour pour les femmes victimes de violences. Dimitri Grygowski a visité ce centre et s'est entretenu avec les médiateurs et les professionnels qui y travaillent. Toutefois, en dépit des efforts de cette structure, une solution d'hébergement pour les victimes reste nécessaire, justifiant ainsi l'initiative d'une maison des femmes à Oiapoque.

Jane Borlado, directrice de l'association DPac Fronteira à Oiapoque, a déclaré que son organisation avait déjà accueilli environ 300 femmes victimes de violences conjugales en 2023. De son côté, la Kaz ID à Saint-Georges comptabilise une cinquantaine de femmes victimes dans sa file active. L'objectif est d'ouvrir la future maison des femmes en 2025 ou 2026 dans un local loué par l'association DPac Fronteira, avec une construction d’un bâtiment dédié prévu pour 2028.

Cette maison des femmes représente une étape cruciale dans la lutte contre les violences faites aux femmes dans la région de l’Oyapock. En parallèle, d’autres projets de santé transfrontaliers, notamment la création d’un centre de coopération transfrontalière en santé, sont en cours pour améliorer la qualité des soins dans cette région particulièrement isolée.

La collaboration entre les autorités de santé, les forces de l’ordre, la justice et les associations locales, tant en Guyane qu’au Brésil, constitue un socle essentiel pour soutenir les femmes victimes de violences et renforcer la coopération transfrontalière en matière de santé publique.

Le projet de la maison des femmes s’inscrit dans un contexte plus large de coopération transfrontalière et de renforcement des infrastructures de santé dans l’Est guyanais. Dimitri Grygowski, lors de sa visite les 13 et 14 août à Saint-Georges et Oiapoque, a échangé avec les acteurs du secteur sur plusieurs projets structurants pour améliorer l’offre de soins dans les zones les plus isolées. Parmi les initiatives en cours, on compte la construction d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et la reconstruction de l’hôpital de proximité dans les prochaines années.

L’ARS a également annoncé l’ouverture d’un centre de coopération transfrontalière en santé d’ici à la fin de l’année. Ce centre vise à faciliter la continuité des soins pour les patients brésiliens hospitalisés en Guyane, tout en développant des protocoles communs entre les hôpitaux d’Oiapoque et ceux de Cayenne. La continuité de l’offre de soins dans des secteurs sous-dotés comme Camopi et Ilha Bela a aussi été abordée.

Durant son déplacement, Dimitri Grygowski a également visité le projet Curema, qui vise à lutter contre le paludisme dans les zones touchées par l’orpaillage clandestin. Ce projet implique des médiateurs de santé communautaire qui fournissent des kits d’autodiagnostic et d’autotraitement aux populations locales. D’autres initiatives, comme la Semaine de la santé transfrontalière prévue en novembre, renforcent encore cette coopération entre les deux rives de l’Oyapock.

Le déplacement du directeur général de l'ARS s'inscrit donc dans une dynamique de coopération accrue entre la Guyane et l'État de l'Amapá, visant à améliorer à la fois la prise en charge des femmes victimes de violences et l'offre globale de soins dans cette région isolée et confrontée à des défis majeurs en matière de santé publique.

Damien CHAILLOT