Guyane : Un premier bilan de la mission sénatoriale présente sur le territoire relative au trafic de stupéfiants

© RSMA Guyane

Guyane : Un premier bilan de la mission sénatoriale présente sur le territoire relative au trafic de stupéfiants

La Guyane, stratégiquement placée au Nord de l’Amérique du Sud, est connue pour être une plaque tournante du trafic de cocaïne. Un phénomène qui a pris de l’ampleur au cours des dix dernières années, au point de dépasser largement les capacités de contrôle et d’action des forces de l’ordre. Une mission sénatoriale lancée il y a deux ans a déterminé des axes de travail. Olivier Cigolotti, sénateur de la Haute Loire et président de la mission d’information est actuellement en Guyane afin de faire un point sur les résultats des recommandations mises en œuvre.
 

Manque d’effectif et de moyen contre la lutte de stupéfiant, saturation des flux par les trafiquants, la problématique du trafic de cocaïne en Guyane laisse les forces de police et la justice impuissantes face à l’ampleur du phénomène.
Les forces de l’ordre, surchargées, tiren t la sonnette d’alarme depuis de nombreux mois via leurs syndicats, évoquant notamment des cas de burnout des agents, et le sous-dimensionnement des moyens, avec de nombreuses conséquences sur la société, la jeunesse et le phénomène d’insécurité galopante.

Lire aussi : Trafic de drogue : Les trois parlementaires de Guyane réclament la fin de l'expérimentation de classement sans poursuite des saisies inférieures à 1,5 kg de cocaïne

Il y a deux ans, une mission sénatoriale menée par le sénateur et rapporteur guyanais Antoine Karam, a eu pour objectif d’étudier le terrain et d’établir plusieurs recommandations.
Le rapport de mission préconisait des changements profonds et un important travail d’augmentation des moyens de lutte, évoquant notamment la stratégie de saturation utilisée par les trafiquants, « consistant à envoyer des passeurs en nombre pour déborder les forces de sécurité et maximiser les chances de réussite. Afin d’éviter l’embolie, il faut alléger au maximum les procédures en utilisant les possibilités existantes, telles que les procédures douanières simplifiées qui permettent d’éviter le placement en retenue douanière ou la garde à vue ».

Il était alors question de réaliser « des efforts supplémentaires » à « l’aéroport Félix Eboué et ses abords. De nouveaux équipements, tels que des scanners à rayons X pour le contrôle des bagages, devraient être déployés (…) La mission plaide pour la réalisation ponctuelle de contrôles approfondis dits « à 100 % » à l’arrivée des vols en provenance de Guyane, à l’image de ceux pratiqués par les Pays-Bas sur les vols venant de pays à risques ».


Également pointé du doigt alors, le volet social de la politique de lutte qui « a été négligé, qu’il s’agisse de la prévention ou de la réinsertion, ce qui consiste une grande faille dans le dispositif ».

 En conclusion, la mission sénatoriale statuait : « L’État doit apporter une réponse beaucoup plus ambitieuse, ce n’est que par un ensemble d’actions coordonnées dans tous les domaines et à tous les niveaux, local, national et international, que le dramatique phénomène des « mules » et le trafic de cocaïne en Guyane pourront être enrayés (…) La Guyane a besoin d’un élan, d’une impulsion forte pour soutenir le développement de son territoire et donner des perspectives d’avenir à sa jeunesse ».

Aujourd’hui, c’est Olivier Cigolotti, sénateur de la Haute Loire et président de la mission d’information qui vient sur le territoire afin d’étudier les résultats, loin d’être à la hauteur des attentes. Invité sur le plateau de nos confrères de Guyane la 1ère, celui-ci déclarait :
« Force est de constater que depuis 2014 et la monté en puissance de cette problématique de drogue, toutes les solutions qui ont été préconisées n’ont pas portées leurs fruits ».
Conscient de l’importance de l’activité des trafiquants, il évoquait la nécessité « d’adapter, en matière de contrôle, mais aussi de répression, de prévention et d’insertion, les outils à l’ampleur du phénomène ».
Le manque de moyens est criant, ainsi, selon le sénateur de Haute Loire : « Ce que nous avons souhaité au sein de la mission, c’est la nécessité d’accroître les contrôles et les moyens d’accroître ces contrôles ».

Une mission qui tombe à point nommé puisque les assises de la sécurité sont prévues en Guyane à la fin du mois de septembre 2022.
À cette occasion, les syndicats de police ont demandé à ce que le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti accompagne le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

 

Damien CHAILLOT