Un convoi d’envergure a pris la route pour rejoindre la commune isolée de Saül, dans le centre de la Guyane, avec pour mission de livrer un véhicule destiné aux pompiers de l’aérodrome local. Cet événement, rare en raison des difficultés d’accès à cette région enclavée, ne se produit qu'environ tous les deux ans. Organisée par la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) avec le soutien de l’entreprise UMS (Union minière de Saül), cette expédition représente un véritable défi logistique et technique.
Le directeur de l’UMS, Gauthier Horth, souligne l’urgence de cette mission, soulignant que le calendrier est extrêmement serré en raison des conditions météorologiques. « On n'a pas eu les autorisations l'an dernier à temps. Et il faut comprendre qu'on a une fenêtre météo bien déterminée. On ne peut partir qu'en cette période de l'année », explique-t-il au micro de nos confrères de Radio Peyi. En effet, si le convoi prend du retard et dépasse le début d'octobre, la saison des pluies pourrait rendre la piste impraticable pour les véhicules lourds, compromettant ainsi l’opération. « Si on rate cette période, on ne peut plus y aller avant l'année prochaine. »
La route empruntée par le convoi, la piste Belizon, est particulièrement difficile. Sébastien Dupin, coordinateur du convoi, détaille les principaux obstacles qu’ils s’attendent à rencontrer. « Il y a déjà des ménagements à faire, notamment des vieux bois qui vont tomber sur la piste qui sont assez énormes et il faut un engin pour les sortir. Il y a des endroits qui sont très mous, donc on va s'enfoncer et il faut des engins pour tirer ». Il ajoute que le franchissement des zones marécageuses et des montagnes constitue un véritable défi : « Quand on est chargé, on avance très lentement, parfois on doit reculer et se tracter. Cela peut prendre de 20 à 40 jours selon les conditions ».
La CTG a envisagé plusieurs options avant de choisir le transport terrestre. Zadkiel Saint-Orice, conseiller territorial délégué aux infrastructures routières et aux aérodromes, explique que d’autres solutions ont été étudiées, mais se sont avérées impraticables. « Par hélicoptère, ce n’était pas possible, car le véhicule pèse plus de deux tonnes et les hélicoptères ici sont limités à 1,5 tonne. Le CASA ne peut plus se poser sur la piste de Saul ». Finalement, c’est en collaborant avec l’UMS qu’une solution a été trouvée : transporter le véhicule par camion.
Ce convoi met en lumière les difficultés d'accès à Saül et la nécessité d'une meilleure infrastructure. « C'est aussi l'occasion de voir comment on va pouvoir réparer et réhabiliter la route départementale qui dessert le bourg et l’aérodrome », ajoute Saint-Orice. Des discussions sont également en cours avec l’armée et la préfecture pour améliorer l’état de la piste afin que des avions comme le CASA puissent à nouveau se poser à Saul. Hier, le convoi se trouvait au PK48 de la piste Belizon. Il leur reste encore environ 150 kilomètres à parcourir avant d'atteindre leur destination finale.
Damien Chaillot