Tandem, un Golden retriever de 3 ans, est arrivé de Grenoble pour soutenir une fratrie de cinq plaignants mineurs lors d'un procès contre leur parent ce jeudi 26 juin, au tribunal de Cayenne. Ce chien d’assistance judiciaire, venu spécialement de Grenoble, inaugure un dispositif innovant en faveur de l’apaisement des audiences, rapporte notre partenaire Radio Péyi.
L’initiative, encore peu connue en France, a été lancée en 2003 aux États-Unis, à Seattle, avant de s’implanter progressivement dans l’Hexagone à partir de 2019, avec aujourd’hui près de 25 chiens actifs dans des tribunaux.
À Cayenne, c’est Frédéric Almendros, procureur adjoint, qui a impulsé cette expérimentation, fort de son expérience à Cahors : « Le chien d’assistance judiciaire aide les personnes à traverser le procès pénal le moins mal possible. Il fait du bien aux bénéficiaires directs, mais aussi à tous les acteurs du procès : enquêteurs, avocats, magistrats… L’apaisement se diffuse ».
Un soutien précieux pour les victimes… et les audiences
« Le rôle de Tandem ne sera pas symbolique ». Selon Charles Tellier, président du Tribunal judiciaire de Cayenne, la présence du chien peut transformer l’expérience judiciaire pour les victimes comme pour les mis en cause : « La présence du chien fait baisser le rythme cardiaque, apaise, permet de se sentir mieux. Ce contact animalier a un effet concret : il libère la parole et notamment chez les enfants. »
Tandem accompagnera ici une fratrie de cinq enfants appelés à témoigner dans une affaire sensible. La nature exacte de l’affaire n’a pas été communiquée par les autorités judiciaires, compte tenu de la sensibilité du dossier et de la minorité des plaignants. L’animal restera à leurs côtés dans les moments les plus stressants, notamment lors de leur passage en salle d’audience.
Une formation rigoureuse pour des chiens pas comme les autres
Les chiens sont formés par l’association Handi’Chiens, en partenariat avec des familles d’accueil et des éducateurs spécialisés. Contrairement aux chiens d’intervention ou de sécurité, les chiens d’assistance judiciaire ne sont pas « dressés » au sens strict.
Leur préparation repose sur une éducation douce, axée sur la sociabilité et le calme, explique Grégory Boissieux, juriste à l’association France Victimes Grenoble : « Tandem a terminé sa formation à 18 mois, un peu plus vite que les autres. C’est un chien naturellement apaisant, idéal pour ce type de mission. S’il n’était pas intervenu en justice, il aurait été parfait dans un EHPAD ».
Le tribunal judiciaire de Cayenne souhaite aller au-delà de ce test unique. « À travers Tandem, c’est tout un nouveau pan de justice plus humaine, plus sensible, qui se dessine », assure le juriste. Si l’expérimentation de ce jeudi est jugée concluante, l’objectif est de déployer ce dispositif à l’échelle du territoire guyanais d’ici 2026, dans le cadre d’un projet de juridiction.
« C’est une première que nous espérons transformer en dispositif pérenne pour les Guyanes », conclut le président du Tribunal judiciaire de Cayenne.
Radio Péyi