Guyane : Perturbé par des manifestations, l'institut médico-éducatif de l'Apajh contraint de renvoyer les enfants chez eux

© Ime Yepi Kaz

Guyane : Perturbé par des manifestations, l'institut médico-éducatif de l'Apajh contraint de renvoyer les enfants chez eux

À Rémire-Montjoly, l’institut médico-éducatif de l’Apajh, qui accueille des enfants polyhandicapés, a vu l'installation d'un piquet de grève d'agents opposés à l'obligation vaccinale depuis le 30 août dernier. En raison du barrage filtrant les entrées de personnel à un strict minimum, et d'une aggravation des menaces et des tensions, le directeur général de l'Apajh, Gildas Le Guern, a décidé le renvoi des enfants polyhandicapés de l'établissement, qui seraient “plus en sécurité chez eux que dans l’établissement”.



L'activité de l’institut médico-éducatif Yepi Kaz (Apajh) est perturbée depuis la fin du mois d'août. Alors que la majorité des 25 enfants accueillis au sein de l'établissement étaient retournés dans leur famille durant les vacances du mois d'août, ils n'ont pu réintégrer l'établissement en raison du piquet de grève installé par la dizaine d'opposants à l'obligation vaccinale. Seuls sept enfants, en internat, restaient présents dans l'enceinte de l'institut.

Depuis ce week-end, suite à une aggravation des menaces sur le site, à l'image du centre mobile de la Croix-Rouge évacué lundi 20 septembre, Gildas le Guern constate : «La tension est montée d’un cran. Des professionnels ont été menacés de se faire brûler leur véhicule par des grévistes. Le directeur général a été insulté, prié de rentrer chez lui. La pédiatre a été traitée de charlatan. Cette liste n’est pas exhaustive mais révélatrice de la pression subie».

À cela s'ajoute l'impossibilité pour les équipes de fonctionner à plein régime en raison du barrage filtrant installé à l'entrée du site : «Les grévistes entravent l’entrée de l’établissement et laissent entrer uniquement une infirmière et un personnel de vie quotidienne. Le médecin peut entrer, pas la directrice, pas l’infirmière coordinatrice, pas davantage que les autres professionnels : ergothérapeutes, psychomotriciens, éducateurs spécialisés, personnel de cuisine ou de service… Nous avons fait établir un constat d’huissier le 30 août».

Si des réunions ont bien eu lieu entre la direction de l’Apajh, les grévistes et leurs représentants, aucune n'a permis de débloquer la situation.
La situation empire lorsque des manifestants, étrangers à l'association, rejoignent le mouvement et entrent dans l'enceinte de l'établissement. Gildas Le Guern témoigne : «J’ai vu arriver les manifestants jeudi, qui se sont installés pour faire des grillades, sans masque, qui rentraient dans l’établissement pour utiliser les toilettes, qui allaient se servir dans la cuisine… Je pense que les enfants sont plus en sécurité chez eux que dans l’établissement».

Toute la difficulté réside dans le complexe suivi du public reçu initialement dans l'Institut. Des enfants polyhandicapés, qui demandent une attention importante. Si la majorité d'entre eux n'a pu réintégrer l'établissement début septembre, les 7 enfants présents ont été renvoyés au sein de leurs familles, ce qui nécessite une réorganisation parfois complexe «avec les moyens dont on dispose, car l’accès aux véhicules est entravé. Et certains enfants viennent de Papaïchton, Mana, Sinnamary, Saint-Georges…».

Présidé par Georgina Judick-Pied, avec le Dr Max Gérard et Régine Bellony pour vice-présidents, le conseil d’administration de l’APAJH Guyane «dénonce avec véhémence la situation actuelle concernant l'Institut Médico-Educatif (IME) Yépi Kaz, qui pénalise fortement les familles et les enfants en situation de polyhandicap accueillis. Il est regrettable que des propos malveillants et des menaces soient proférées à l’encontre des salariés qui souhaitent poursuivre leur mission. L’opinion de chacun doit être respectée. De tels comportements sont irrecevables et le conseil d’administration s’insurge fortement face à de tels actes qui auront des répercussions sur la cohésion des équipes dans le futur. L’APAJH Guyane souhaite poursuivre ses missions dans la sérénité auprès des personnes déjà fragilisées au quotidien».

De son côté, l'Agence Régionale de Santé (ARS) a publié un communiqué, affirmant avoir  «été informée de la décision de fermeture temporaire de l’institut médico-éducatif (IME) Yépi Kaz, prise conjointement par la direction et la présidente de l’association ce jeudi 16 septembre en raison d’un climat de violences croissantes à l’encontre des personnels».
 

Damien CHAILLOT